Publié il y a 3 jours - Mise à jour le 29.12.2024 - Norman Jardin - 3 min  - vu 1448 fois

FAIT DU SOIR Gérard Moni, le faiseur de Crocodiles

Gérard Moni, devant le maillot offert par Gaël Givet, son ancien joueur.

- Photo : Norman Jardin.

En un demi-siècle, le co-fondateur de l’Olympique Club Redessanais a vu passer bon nombre de joueurs, dont cinq Crocodiles et un international. Rencontre avec un grand serviteur du football amateur qui connait de son vivant l’honneur d’avoir un stade qui porte son nom.

L’Olympique Club Redessanais a fêté ses 50 ans en 2023 et ce fringant quinquagénaire peut s’enorgueillir d’avoir façonné cinq joueurs qui ont porté le maillot des Crocodiles en professionnel. Mais ce n’est pas tout, puisque l’OCR a aussi été la base de départ d’un international français. Le fil conducteur entre ces six joueurs est un homme qui a dédié son temps libre à s’occuper des footballeurs en herbe. C’est de Gérard Moni qu’il s’agit et l’ancien entraîneur tient à préciser « Rien n’aurait été possible sans les dirigeants, les bénévoles ni les parents. Ils m’ont toujours soutenu ».

Gérard Moni et Mathieu Michel. • Photo : Gérard Moni.

Mais avant de lancer les jeunes joueurs, il a fallu créer un club, là où il n’y en avait plus. « À Redessan, nous jouions parfois devant l’église ou au patronage » explique le fan de taureaux, de cyclisme et de ballon rond. En 1973, il décide de créer, avec quelques pionniers, un club de football dans sa commune. « Ça manquait et cela créait du lien social. J'ai joué devant et sur le côté droit, puis j'ai été entraîneur pendant 44 ans, vice-président et président d’honneur. J’ai côtoyé trois générations de redessanais ». Très vite, l’OCR se dote d'équipes dans toutes les catégories.

Mikhaël Touitou, Sébastien Bresson, Mathieu Michel, les frères Valls et Gaël Givet

Les bons résultats mènent l'OCR jusqu’à la capitale : « En 1986, nous atteignons la finale nationale dans la catégorie moins de 13 ans. Le match devait se jouer au Parc des Princes, mais en raison des attentats à Paris, la finale a été délocalisée à Versailles ». Redessan s’incline contre Rouen, mais les Gardois voient tout de même le Parc des Princes à l’occasion d’un match de D1 entre le Matra Racing et Brest. « J’ai serré la main d’Enzo Francescoli » se souvient fièrement Gérard Moni. Cette école de football de qualité ne tarde pas à voir germer quelques sérieux talents et au fil des années, Mikhaël Touitou, Sébastien Bresson, Mathieu Michel, Théo et Luca Valls ont l’honneur de porter le maillot de Nîmes Olympique en match officiel.

Les débutants 1989-90 de l’OCR avec Gaël Givet (deuxième debout en partant de la gauche). • Photo : Collection privée Gérard Moni.

Le coach d’enfance des Crocodiles n’a rien oublié : « Mathieu Michel est arrivé en débutant et la première chose qu’il m’a dit « je veux faire goal ». Il était grand et il n’avait pas peur. Luca Valls avait du caractère, c'était un battant et son frère Théo était plus posé, il prenait le temps de regarder le jeu. Mikhaël Touitou, c'était un Laurent Blanc en puissance, mais il lui manquait un peu de gnaque. Il était trop poli. Enfin, Sébastien Bresson a commencé à six ans, il venait dans ma droguerie me demandant « Tu peux me faire jouer cet après-midi ? Quand je les vois aujourd’hui, je suis le bon dieu ».

Chocolats chauds et vieux France Football

Mais un ancien gamin de l’OCR a particulièrement brillé, sans passer par la case Nîmes Olympique. C’est Gaël Givet. « C’est celui qui m’a fait la plus grosse impression. Ses parents tenaient le Relais du canard. Je l’ai eu deux saisons et demie avant qu'Arles-Avignon ne le récupère ». C’est l’époque où le club joue au stade de la Fontaine. À l’issue des entrainements du mercredi après-midi, Gérard a pour habitude de faire un chocolat chaud pour les bambins et de leur offrir un vieux France Football pour qu’ils s’imprègnent de la culture de leur sport. C’est peut-être ce genre de détail qui a permis à Gaël Givet de connaitre ensuite l’AS Monaco, où il joue la finale de Ligue des champions en 2004 et l’Équipe de France avec laquelle il figure (sans jouer) dans le groupe des Bleus à la coupe du monde 2006.

Le stade de Redessan porte le nom de Gérard Moni. • Photo : Norman Jardin.

La fabrique à champions fonde encore des espoirs dans le futur qu’incarnera peut-être Luigi Aguera (17 ans), le petit-fils de Gérard Moni, qui, après un passage par la NO, est désormais dans l’équipe U19 de l’OM. Le technicien et ancien employé de l’hôtel Impérator, connait un sacré privilège puisque le stade de Redessan porte son nom. Ce n’est pas commun, « C’est joli » commente pudiquement Gérard Moni qui remercie les dirigeants actuels de l’OCR pour cette marque de reconnaissance. S’il n’est plus entraîneur, le faiseur de Crocodiles arpente la main courante du stade qui s’appelle comme lui et il observe les petits qui deviendront peut-être très grands.

Norman Jardin

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