Publié il y a 8 ans - Mise à jour le 15.11.2016 - tony-duret - 3 min  - vu 938 fois

NÎMES Prison ferme pour ceux qui voulaient « tuer tout le monde »

Le palais de justice de Nîmes. (Objectif Gard).

Ce mardi matin, trois des quatre prévenus qui avaient menacé des jurés, des magistrats et des policiers avant de frapper l’un d’entre eux à l’issue de leur procès devant la cour d’assises du Gard en octobre dernier, ont comparu devant le tribunal correctionnel de Nîmes.

Un petit tour et puis s’en va. Jérémie, la trentaine, crâne rasé et longue barbe, n’est pas resté longtemps dans le box des accusés :

- Je n’ai rien à faire ici, estime-t-il. Je veux retourner dans ma cellule. Mes avocats ne veulent pas me défendre.

Son souhait est exaucé par la présidente de l’audience, Christine Ruellan. Le quatrième prévenu étant hospitalisé, il ne reste plus que deux frères dans le box : Kamel et Nassim. La justice leur reproche d’avoir été particulièrement menaçants et virulents au terme de leur procès qui s’est tenu le 5 octobre dernier devant la cour d’assises du Gard. Ils étaient jugés pour plusieurs car-jackings et les peines prononcées – de 16 à 18 ans – n’ont manifestement pas été à leur goût.

- On va tuer tout le monde à notre sortie ! On mettra un contrat sur la tête de tout le monde. On va niquer vos mères, on va tuer et violer vos femmes.

C’est une partie de ce que les magistrats, jurés et policiers ont entendu ce soir-là. La suite n’est pas beaucoup plus douce puisqu’un policier reçoit un coup de pied au visage. Pendant le transfert des quatre hommes, les insultes continuent. A la maison d’arrêt, Kamel tente de prendre l’arme d’un fonctionnaire. Par chance, le cran de sécurité l'en empêchera.

Aujourd’hui plus calmes, du moins en apparence, les deux frères consentent à s’expliquer et surtout à nier la grande majorité des faits :

- A aucun moment je n’ai menacé qui que ce soit, assure Nassim, 17 condamnations au casier. J’ai seulement manifesté mon mécontentement en criant que j’étais innocent et en applaudissant. Mais de toute façon, les policiers peuvent dire ce qu’ils veulent, c’est eux que vous croirez.

Son frère Kamel est lui aussi innocent :

- Ils ont rêvé les menaces ! Peu importe mes déclarations, vous n’en prenez pas compte. Condamnez-moi.

La présidente est patiente avec le trentenaire, père de deux enfants, et condamné à neuf reprises. Elle tente d’en savoir plus sur la tentative de vol de l’arme du policier. Une fois de plus, il y a méprise :

- J’allais tomber dans les pommes et je me suis accroché à l’arme pour ne pas tomber.

Pourtant, quand le policier en question vient témoigner à la barre et s’inquiète de ce qui aurait pu se passer s’il avait réussi à la prendre, son discours est nettement plus effrayant :

- Je t’aurai criblé de balles !, lance Kamel.

Une attitude qui choque l’avocat des policiers Maître Jean-François Corral et qui comprend d’autant plus qu’un des policiers a préféré ne pas assister à l’audience :

- Il y a quand même un policier qui, aujourd’hui, a peur de venir. C’est hallucinant !

- C’est intolérable !, reprend le procureur Patrick Bottero. Leur comportement est inadmissible et ça continue aujourd’hui : vous n’avez rien compris.

Après plus d’une heure de délibéré, le tribunal a condamné Jérémie à trois ans de prison. Fethi, le quatrième prévenu hospitalisé, sera jugé le 22 novembre prochain. Nassim a écopé de deux ans, son frère Kamel a pris quatre ans. Ils devront par ailleurs indemniser les policiers à hauteur de 550€ et 1 050€ pour le plus choqué. Un jugement qui n’a pas calmé les deux frères :

- Un jour ou l’autre, je sortirai de prison…, lance Nassim en regardant la présidente.

Tony Duret

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