FAIT DU JOUR Yvan Lachaud candidat officiel à la mairie de Nîmes : "Mon parti c'est les Nîmois"
C'est dans son bureau de l'Institut d'Alzon que le président de l'Agglomération de Nîmes nous reçoit. Détendu même si son épaule le fait encore un peu souffrir, Yvan Lachaud a bien préparé, même s'il s'en défend, son coup médiatique. Campagne de communication ce dimanche pour dévoiler la liste de ses 800 soutiens et double interview chez nos confrères de Midi Libre et dans Objectif Gard.
Objectif Gard : Le mot clé de votre slogan c’est qu’avec vous, Nîmes sera « mieux ». Est-ce que vous n’auriez pas dû choisir plutôt le mot « trop ». 2020, n'est-ce pas le mandat de trop ?
Yvan Lachaud : Ce n'est pas moi qui a choisi de faire cet appel, ce sont mes soutiens. Cela correspond à ce qu'il s'était passé en 2013 (À fond de Nîmes, NRDL). Cette fois-ci, la liste est plus large et rassemble une somme de compétences qui m'ont demandé de me présenter. Nîmes en mieux. Pourquoi mieux ? Car je veux faire mieux avec moins cher. Je pense que cette ville a besoin d'un certain nombre de transformations. Il ne faut pas oublier que de 2001 à 2016, j'étais adjoint aux finances. À notre arrivée, j'ai trouvé une situation financière catastrophique. J'ai réussi à ramener ce déficit de 300 millions d'euros à 200 millions. Par ailleurs, sur les trois mandats, je revendique que nous avons fait de belles réalisations. Ce que je souhaite aujourd'hui, c'est de transposer à la ville de Nîmes ce que je fais déjà à l'Agglomération.
Vous avez une image qui a souffert de l’épisode de la Saur et de vos brouilles successives avec Fournier. Au final, ne risquez-vous pas de vivre une campagne « Tous contre Lachaud » ?
Je suis très satisfait de ce qu'il s'est passé sur le dossier de la Saur. J'ai été attaqué, critiqué mais la meilleure réponse est venue du juge administratif qui a débouté tout le monde. Il a loué une parfaite impartialité sur la gestion de ce marché de l'eau. S'il y a des recours, tant mieux. Les réponses positives ça me va ! Si tous les épisodes se terminent comme cela avec une économie de 80 millions sur 8 ans... Ce que je regrette concernant le dossier de la Saur, c'est l’instrumentalisation politique. Concernant Jean-Paul Fournier, je regrette cette situation. Nous avons travaillé dans l'union, ça m'allait bien. Il a décidé de trahir les Nîmois par rapport aux engagements qu'il avait pris, c'est son problème. Cela ne m'empêche pas de travailler avec transparence, objectivité dans l'intérêt général sans rentrer dans les querelles.
"Je travaille sans sectarisme..."
Et pour les Nîmois, quelle image pensez-vous renvoyer ?
Vous leur poserez la question. C'est toujours compliqué de parler de soi. La meilleure des réponses appartiendrait à ceux qui me demandent d'y aller.
Vous demandez aux Nîmois de vous faire confiance et vous ne savez pas quelle image ils ont de vous ?
Il me semble que les Nîmois ont l'image de quelqu'un qui ne vit pas de la politique. Je travaille à leur service à l'Agglomération sans sectarisme, dans le respect de toutes les tendances et en toute transparence.
Vous revendiquez une liste de soutien de 800 personnalités. La Gauche annonce 500 personnalités. N’est-ce pas un peu la course à l'échalote cette pré-campagne ?
Je suis très heureux que 800 personnes se soient organisées pour appeler à ma candidature. Il y a même des gens que je ne connais pas.
Les compétences aux responsabilités
Pouvez-vous nous préciser qui compose cette liste des 800 personnalités ?
Je ne vais pas pouvoir vous citer tous les noms. Les Nîmois peuvent se rendre sur le site Internet (*) qui est mis en place pour découvrir l'ensemble des personnalités. Je peux simplement vous donner quelques noms. Il y a par exemple Patrick Carron, ancien patron des renseignements territoriaux à Nîmes qui sera en charge du volet sécurité. Pierre Mares, professeur de médecine en exercice, tout comme Mounir Benslima, médecin légiste, vont travailler sur l'organisation sanitaire à Nîmes. Janine Barbé, ancien proviseur du lycée Daudet et Pascal Besson, ancien directeur à Diderot traiteront de la jeunesse et des questions d'éducation. Michel Vindry, patron à Nîmes, Annabelle Valentin, directrice d'un hôtel ou encore Éric Sala seront en charge du volet entreprise.
Pas beaucoup de jeunes dans vos exemples ?
Je n'ai pas de difficultés avec cela. Je peux vous en citer plusieurs. Je vous rappelle que je côtoie chaque jour les 6 000 élèves de mes établissements, il y a 3 000 Nîmois. Ça crée des liens. Ils ne sont pas tous pro-Lachaud mais nombreux sont ceux qui sont prêts à me suivre.
Une co-construction aux contours un peu flous
Est-ce que ce soutien massif a pesé dans la balance pour se déclarer aussi tôt ?
C'est un vecteur, indéniablement. Je ne pense pas que sans tous ces Nîmois qui me poussent pour m'investir, j'y serais allé. Il y a des personnalités tellement différentes de tous les secteurs, de tous les quartiers de la ville. Elles apprécient mon travail, ma pugnacité. Il y a des blocs de compétences dans cette liste qui vont co-construire avec moi le projet. Je n'ai pas la science infuse. Encore cette semaine, j'ai assisté à des réunions à Valdegour, secteur Garrigues et en centre-ville, des personnes sont là et me disent : "allez-y, on vous connaît, on a besoin de vous". Mais ce n'est pas le nombre qui compte. Tout cela va se multiplier dans les prochains mois.
Qu'est-ce que vous entendez par co-construction ?
Aujourd'hui, il n'y a pas de programme défini. Il faut six mois pour partager les idées et le construire. Ce n'est pas que la vision d'Yvan Lachaud. Je veux m'appuyer sur les compétences de tous. Pour gérer le volet handicap par exemple, je pense qu'il faut mettre en responsabilité des porteurs de handicap. Ce sont les personnes les mieux placées pour nous dire ce que nous devons faire. Je veux m'appuyer sur des gens de Droite, du Centre, de Gauche. Quelque chose d'ouvert.
Pourquoi ces personnalités vous ont-elles choisi ?
C'est compliqué de le dire comme cela. À L'Agglo, j'ai toujours fait en sorte d'associer les personnes. En matière de sécurité, d'urbanisme, des quartiers, il y a tellement à faire. Les gens veulent m'aider, sortir des idées neuves. Il n'est jamais trop tard pour bien faire.
N’est-ce pas un risque de dévoiler toutes ses cartes un an avant l'échéance électorale ? On pense à Alain Juppé que tout le monde voyait président de la République un an avant...
Je crois savoir qu'Alain Juppé est encore à la tête de la ville de Bordeaux. Un parcours comme ça, ça me va ! Ma candidature était un secret de Polichinelle. J'ai de l'ambition pour cette ville. Je crois avoir la légitimité. Je suis poussé par un nombre important de personnes qui me disent : "vas-y, ça suffit !". Seul, je ne l'aurais pas fait, je n'aurais pas trouvé toutes ces idées. J'irai jusqu'au bout.
"Je serai candidat..."
Aujourd’hui vous partez seul sans étiquette et sans alliance. N’est-ce pas un handicap majeur ?
Qui vous dit que je pars sans étiquette et sans alliance ? En tout cas, je ne me sens pas isolé. Il y a des femmes et des hommes de tous bords qui m'accompagnent dans cette aventure. Les Municipales ne sont pas qu'une affaire de partis politiques. Je n'ai pas du tout envie de rentrer en guerre avec quiconque. Je suis du Centre-Droit, profondément libéral, social et pro-européen, je n'en changerai pas. J'ai des convictions politiques et je n'y dérogerai pas. Mon parti c'est les Nîmois.
Face à l’union de la Gauche, un probable candidat LREM, un Rassemblement national fort et le maire sortant, Jean-Paul Fournier face à vous, n'est-ce pas irresponsable de rajouter une candidature de Centre-Droit supplémentaire ? Ne faudrait-il pas plutôt un front républicain dès le premier tour ?
Je propose de piloter ce front républicain. Je suis tout à fait en phase pour accueillir les Républicains avec plaisir comme la République en marche.
Est-ce que l’union est encore possible avec Fournier ?
Rien n'est acté à ce jour avec les Républicains comme avec la République en Marche. Moi je combat les extrêmes. Après, viendra qui veut. Il n'y aura aucun problème mais une chose est sûre, je serai candidat.
Passer l'Agglo en communauté urbaine
Parlons programme. Que proposerez-vous aux Nîmois à partir de 2020 ?
Je voudrais d'abord partager ma vision de cette ville. Elle doit faire mieux. Il nous faut tendre vers une ville idéale qui peut offrir à tous ses enfants un cadre de vie et les moyens de bien travailler. Cela demande une capacité à transformer ses pépites. Les traditions, les talents, les ressources doivent être les piliers d'une qualité de vie à Nîmes. Il nous faut transformer tout cela en autant d'opportunités. C'est ce que j'ai commencé à l'Agglo, notamment en trouvant les leviers pour améliorer l'attractivité du territoire. Il faut maintenant passer à la vitesse supérieure au cœur du réacteur. Pour être donc le plus efficace, il faut que la même personne soit maire et président de Nîmes métropole. Ça fonctionne à Alès, à Montpellier. Il faut que ce soit idem à Nîmes.
Votre alliance en 2014 avec Jean-Paul Fournier était donc un échec annoncé ?
Ce n'était pas une erreur, c'était "co-habitable" mais tout cela est le passé. Maintenant il faut regarder vers l'avenir. Il faut que l'Agglo passe en communauté urbaine le plus rapidement possible. C'est 7 millions d'euros supplémentaires de dotations de l'État. Il faut agrandir, avec Vauvert notamment.
Concernant votre programme. Pouvez-vous esquisser quelques projets plus concrets ?
Nous avons des pistes sur la sécurité de la ville mais c'est prématuré d'en parler. Sur le développement économique, il nous faut mettre le paquet sur la formation. On doit tendre vers une ville où 25 000 à 30 000 étudiants sont présents. Plus nous aurons d'étudiants et plus les entreprises s'installeront. Pour le centre-ville, j'ai beaucoup discuté avec des commerçants, des leviers existent. Je propose de rouvrir à la circulation le boulevard de la Libération. Il faut autoriser le soir les véhicules à stationner sur les couloirs de droite. Nous transformerons aussi les arches de Talabot. Le principe a déjà été évoqué avec la SNCF. Mais au-delà, il nous faut faire venir de nouvelles enseignes comme Ikea ou des jardineries. C'est mon boulot et j'ai déjà commencé à rencontrer du monde.
"La gare TGV va transformer notre territoire"
Un peu comme Magna Porta qui n'avance pas très vite...
Magna Porta, c'est une chance historique pour Nîmes. On aurait pu se retrouver sans aucun TGV qui passe à Nîmes dans les prochaines décennies. C'est cela que l'on voulait. Parlons de l'avenue de la gare. C'est 10 millions d'investissement qui permettent d'ouvrir la gare plus tôt. Et cela va transformer tout notre territoire. Un mot aussi sur la T2 dont il nous restera la deuxième partie à réaliser.
Pas un mot sur les quartiers. Quel est votre projet ?
Nous avons beaucoup de choses de prévues. Le programme de l'ANRU pour commencer. Il faut accélérer et je m'y impliquerai personnellement. Il faut retrouver des lieux de vie dignes de ce nom. Regardez l'espace Saint-Dominique au Chemin-Bas, un exemple de réussite. J'y suis allé manger récemment, ça fonctionne bien. En associant les associations, nous ferons émerger des idées. Pourquoi ne pas reverdir les quartiers ? Il faut remettre l'humain au centre des projets d'urbanisme. Il sera ainsi plus respecté et retrouvera de la dignité. La galerie Richard Wagner, il faut la détruire et la reconstruire. Mais cela n’empêche pas de mettre les moyens qu'il faut pour la sécurité et faire preuve de la plus grande sévérité quand elle s'impose.
La Feria pourrait être un axe de travail pour les quartiers ?
Exactement. Le retour des animations, des abrivados font parties de mes projets. Je veux que le côté festif ne soit pas réservé uniquement au cœur de ville. Par contre, hors de question de toucher aux traditions. Les corridas restent et resteront au centre des Feria.
Un mot sur le conservatoire qui a fait polémique avec l'augmentation des prix à la rentrée dernière. Avez-vous des idées ?
Bien sûr. Il faut tout simplement que la compétence échoie désormais à Nîmes métropole. Ainsi le coût sera réparti sur l'ensemble des communes et tous les habitants de la métropole bénéficieront du même tarif.
Reprendre la main sur le stationnement
Le stationnement est au cœur des problématiques du centre-ville. Que souhaitez-vous faire ?
Je ne veux pas tout dire aujourd'hui mais une chose est sûre : c'est à la collectivité de gérer le stationnement et pas à une entreprise privée. Mais je crois que la ligne T2 va faciliter les choses. Après, Nîmes est une ville extraordinaire dotée de bâtiment classés. On ne peut pas faire tout ce que l'on veut et encore moins des parkings souterrains partout. Par contre, on peut jouer sur le coût. Il faut qu'il soit plus abordable. C'est aussi le cas pour les taxes locales. Comme à l'Agglo, je mettrai en place un programme de baisse rapidement.
La mairie de Nîmes est la dernière marche à gravir pour boucler la boucle de votre vie politique. 65 ans, député, président de groupe à l’Assemblée nationale, président de l’Agglo. Et si vous perdez ?
Je suis déjà un homme heureux. J'ai réussi professionnellement. J'ai des écoles un peu partout dans le monde. J'ai 6 000 jeunes dans mes établissements. Ce sont autant de familles qui me font confiance. Je n'aurais aucun manque de la politique. Quand j'ai perdu la députation, le lendemain, j'étais à mon bureau à d'Alzon. Je suis Nîmois, né dans le quartier Richelieu. Si un jour je suis maire de cette ville, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour rendre ce que cette ville m'a offert.
Propos recueillis par Abdel Samari (avec Corentin Corger)