ALÈS/BAGNOLS Les manifestants ne battent pas en retraite
En cette matinée du jeudi 16 janvier, à Alès ou à Bagnols-sur-Cèze, les manifestants engagés contre la réforme des retraites ont achevé leur sixième semaine de protestation.
À Alès, la mobilisation continue, mais s'étiole au fil des semaines. Là où des milliers de manifestants étaient encore présents au plus fort du mouvement, le cortège atteint aujourd'hui le millier. Ce qui ne change pas, en revanche, c'est la détermination des personnes présentes. Elle a été relayée par Martine Sagit, la secrétaire générale de la CGT, qui a parlé au nom des différents syndicats : "Le cœur du projet n'a pas évolué, regrette-t-elle. Il contient toujours un âge d'équilibre à 65 ans en 2037 [...] Ce système organise et grave dans le marbre un fort décrochage du niveau des pensions par rapport aux salaires". Considérant qu'aucun débat "ne peut avoir lieu sereinement sans le retrait de ce projet", elle demande la "seule solution acceptable", selon elle : le système par répartition.
Quelques instants plus tard, arrivés à hauteur du tribunal, les avocats alésiens - très applaudis par les manifestants - ont pris la parole. Maître Géraldine Atthenont a expliqué à la foule que les avocats "cotisent à un régime autonome" et qu'ils "ne coûtent pas un euro". Elle poursuit :"Nous sommes solidaires car nous reversons une somme conséquente de 100 millions d'euros au régime général".
Maître Émilie Porcara prend le relais :"La réforme des retraites menace les avocats, mais elle vous menace vous aussi. Les conséquences pourraient être la fermeture de structures. Si aujourd'hui nos cabinets ferment, vous n'aurez plus d'accès aux droits", prévient-elle sous les applaudissements.
À Bagnols, le nombre de manifestants, s’il n’atteint plus les 800 du début du mouvement, reste tout de même conséquent à l’échelle de la ville. Ce matin, ils étaient environ 300 d’après la CGT et environ 200 d’après la police à battre une nouvelle fois le pavé, deux jours après la dernière journée de manifestation. « Cette mobilisation de 43 jours est historique », martèle Patrick Lescure, le secrétaire de l’union locale CGT.
Une mobilisation toujours face à un projet de réforme « qui pénaliserait encore plus les précaires, les ouvriers et les femmes », affirmera Adrien Couffin, de Sud Solidaires. « Si le projet de ce Gouvernement était si bon, qu’avaient-ils à perdre à débattre projet contre projet ? », demandera ensuite Patrick Lescure, avant d’estimer que les deux députés LREM du Gard rhodanien, Anthony Cellier et Annie Chapelier, auraient « des comptes à rendre. »
Le parcours est inchangé, tout comme le discours : tant la FSU, que FO, les Gilets jaunes, Sud Solidaires et la CGT ont toujours un mot d’ordre : le retrait du projet de réforme des retraites mené par le Gouvernement. Pour y parvenir, la grève massive et des journées d’actions sont toujours préconisées par les syndicats, convaincus que la partie n’est pas perdue.
« On est à deux doigts de pouvoir faire changer les choses », lancera Louise Moulas, de FO. « La convergence, c’est ce qui fait le plus peur à ce Gouvernement. Ils sont à un fil de craquer », affirmera ensuite Christophe Prévost, des Gilets jaunes. Et tous se retrouvent derrière un mot d’ordre : « On ne lâche rien ! »
Des actions sont prévues dans les prochains jours, « une action surprise » ce mercredi 22 janvier, une retraite au lampions le jeudi 23 à 18 heures et une nouvelle manifestation le vendredi 24 janvier à 10h30 au départ du monument aux morts de la place Urbain-Richard, avec cette fois « un parcours totalement différent car nos cibles sont différentes », précisera Patrick Lescure.
Thierry Allard (à Bagnols) & Tony Duret (à Alès)