SANILHAC-SAGRIÈS Un projet d’éco-quartier pour « habiter autrement »
C’est un terrain situé sur la commune de Sanilhac-Sagriès, à sept kilomètres d’Uzès, dans les gorges du Gardon. Un terrain communal « magnifiquement situé, avec vue sur les gorges du Gardon et le mont Ventoux », présente le maire de la commune Guy Crespy.
Un terrain sur lequel le Plan local d’urbanisme prévoyait la construction d’un lotissement. « Plutôt que de construire un lotissement banal, nous avons voulu lui donner un côté bien plus respectueux de l’environnement », explique le maire d’un village qui se veut exemplaire sur le développement durable, notamment du côté de l’école, où des projets sur l’environnement sont menés et ont été primés.
Alors, sur ce terrain, la commune a souhaité monter un projet d’éco-quartier. Pour ce faire, elle l’a divisé en plusieurs lots, avec dix maisons individuelles, dix logements sociaux avec le bailleur Semiga et une partie de onze logis portée par la coopérative Geckologis. La partie Geckologis, impulsée en 2013 par des personnes venues d’horizons et de secteurs géographiques différents mais regroupées par des valeurs d’écologie et de développement durable, se veut innovante.
« L’idée est d’habiter autrement, c’est un projet d’habitat participatif, chaque foyer participe à toutes les étapes du projet », explique la présidente de la coopérative Annie Lardet. Actuellement, sept foyers sont d’ores et déjà engagés et trois sont en cours de candidature pour habiter dans les logis de 700 mètres carrés de surface habitable, répartis en onze lots de 50 à 85 mètres carrés et de 170 mètres carrés d’espaces mutualisés, avec une salle commune de 75 mètres carrés, de deux chambres d’amis mutualisées, de deux buanderies collectives, d’un atelier bricolage mutualisé et d’un composteur commun associé à une zone d’accueil de la biodiversité.
Un projet déjà primé
Le tout conçu dans le plus grand respect de l’environnement, à commencer par celui de la végétation déjà présente sur le terrain : « l’implantation des bâtiments a été réalisée en fonction de la végétation, seul un arbre est condamné », précise le maire. Par exemple, « l’ensemble des toitures sera végétales, sauf une partie centrale qui accueillera des panneaux photovoltaïques », explique Catherine Lesèvre, coopératrice en charge du projet architectural.
Un projet confié à l’architecte Yves Perret, spécialisé dans ce type de projets. Un projet dont l’emprise au sol est limitée, les matériaux sont renouvelables, biosourcés et régionaux et qui vise une très basse consommation énergétique. Un soin particulier sera apporté à l’isolation, à base de matériaux naturels végétaux est minéraux. Les logis comporteront notamment un évier à deux trous conçu par Yves Perret, « avec un bac pour les eaux propres, par exemple celles avec lesquelles on lave la salade, qui partiront directement à l’extérieur pour arroser la tonnelle », présente Catherine Lesèvre.
Autant d’éléments qui ont permis au projet d’obtenir le label Bâtiments durables Occitanie Or en novembre dernier, « avec un total jamais vu de 106 points sur 100, le projet fait partie des six projets de référence de la région », souligne Guy Crespy. Et le projet s’inscrit également dans la démarche NoWatt de la Région, qui doit lui permettre d’obtenir une subvention.
Et si le projet est respectueux de l’environnement, il l’est aussi des humains. Ainsi, le principe de la coopérative, une personne une voix, s’applique. « La gestion est partagée, tout le monde participe aux décisions, les habitants ont une double casquette, car ils sont aussi associés », explique Najia Dridi, coopératrice en charge des questions juridiques et financières. Les locataires (la coopérative restant propriétaire des lieux) auront des parts sociales de la coopérative qui resteront indépendantes de la valeur des logis, histoire d’interdire la spéculation.
Par ailleurs, sept logements sur onze sont à loyer plafonné, quatre sont destinés à des retraités grâce au soutien de la Carsat, et neuf logis sur onze sont accessibles aux personnes à mobilité réduite. Le budget total est de trois millions d’euros.
Des logements sociaux
Côté logements sociaux, la Semiga, société d’économie mixte immobilière dont l’actionnaire majoritaire est le Département, prévoit dix villas mitoyennes dans l’éco-quartier, trois T3 de 60 mètres carrés et sept T4 de 80 mètres carrés. « Chaque logement aura son jardin, une place de parking, un cellier et un espace ouvert sur l’oliveraie centrale », présente la chargée d’opérations chez Semiga Mathilde Rouchon.
Il s’agit d’une opération « mixte socialement, avec trois types de prêts, du prêt locatif aidé d’intégration, du prêt locatif à usage social et du prêt locatif social », poursuit-elle. Et comme nous sommes dans un éco-quartier, « les matériaux seront biosourcés, avec du bois, de la pierre ou autres », affirme Mathilde Rouchon.
Niveau délais, « nous allons démarrer rapidement la viabilisation du terrain, et début juin les acquéreurs pourront commencer les travaux », affirme Guy Crespy. Les permis de construire pour le projet de Geckologis ont été déposés et sont en cours d’instruction. Côté Semiga, la signature du compromis est pour le deuxième trimestre 2020, et les logements devraient être sortis de terre d’ici au deuxième trimestre 2022.
Thierry ALLARD
thierry.allard@objectifgard.com
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Geckologis proposera ce samedi 15 février à partir de 17h30 une soirée à l’ITEP des Garrigues, à Sanilhac. Le projet y sera présenté, et le film de Sam Caro « Habiter autrement » sera projeté ensuite.