NÎMES-ALÈS Entre prime, déprime et médaille, le personnel hospitalier inquiet
Même heure, même sujet, mais pas tout à fait au même endroit… Ce matin, le syndicat CGT a tenu une conférence de presse dans les centres hospitaliers de Nîmes et d’Alès. L’objectif étant de revenir sur la gestion de la crise sanitaire liée au Covid-19. Une épidémie qui a secoué le pays, mettant à l’épreuve les soignants qui manquaient cruellement de moyens (masques, blouses ou respirateurs).
Dans le Gard, cégétistes nîmois et alésiens sont unanimes : « Si nous avions été aussi touchés que le Grand Est, ça aurait été la catastrophe ! » Des propos alarmistes que les syndicalistes motivent, chiffres à l’appui. Au CHU (Centre hospitalier universitaire) de Nîmes, « 200 soignants ont attrapé le Covid-19 sur 6 000 agents », indique la secrétaire générale de la CGT, Nathalie Argensons (18 agents touchés à Alès sur 1 600 agents, Ndlr). « À Montpellier, sur les 11 000 agents, seuls 80 ont été testés positifs. Il y a bien un problème », poursuit-elle.
Pour ces syndicalistes, pas de doute : « La gestion de crise n’a pas été bonne. Ce que nous subissons aujourd’hui aurait pu être évité. » Nathalie Argensons accuse « la direction de s'être cachée derrière la mise en place de protocoles. » Des protocoles « qui n’ont pas été adaptés à la réalité du terrain. » Elle en veut pour preuve la mise en place des services "haute densité virale", accueillant des patients atteints du Covid-19. « Ces derniers ont été installés au premier étage, un lieu de passage. Or, on sait très bien qu’ils doivent être installés au dernier. »
Serre-Cavalier dans le viseur
Confortée par l'infirmière de Serre-Cavalier, Christine Jumeaucourt, la CGT nîmoise revient sur la situation du centre de gérontologie, touché de plein fouet par l’épidémie : « Le retour d’une résidente toujours contagieuse, le 8 mai, a contaminé les autres résidents du bâtiment Le Figuier, soit au total 12 personnes », pointe Mme Jumeaucourt. Idem en avril, au centre gériatrique de l’hôpital « où le retour d’un patient contaminé a entraîné la fermeture de la tour D.»
Le virus aurait ainsi fait son œuvre auprès des patients mais aussi des soignants : « À Serre-Cavalier, neuf des 19 aide-soignantes ont été contaminées ainsi que trois des quatre ASH (Agents des services hospitaliers) et infirmiers. » Pour pallier le manque de personnel, « la direction a annoncé le renfort de 130 soignants. Toutefois, ils n’étaient pas là en même temps, ni à plein temps. Ils s’agissaient de renforts ponctuels... Du coup, le personnel a encore plus été sollicité que d'habitude. »
Rendez-vous revendicatif le 16 juin
À Nîmes comme à Alès, la CGT entend poursuivre sa mobilisation. À Nîmes, un rendez-vous revendicatif - pour ne pas dire une manifestation - se tiendra le 16 juin, à 14h30, devant la Maison carrée. L’occasion de demander à nouveau « une étude de l’IGAS (Inspection générale interministérielle du secteur social) sur la gestion de crise » mais aussi d’évoquer d’autres revendications, comme la fameuse prime de 1 500 euros promise aux soignants par le Gouvernement.
« Une enveloppe vient d'être débloquée par l’ARS (Agence régionale de santé). À Nîmes, seul 40% des agents la toucheront. Nous avons milité pour que ceux qui lavaient le linge salle - et donc potentiellement contaminés - bénéficient de cette prime », poursuit la secrétaire générale de la CGT au CHU de Nîmes.
À Alès, Nicolas André, secrétaire CGT, et Isabelle Jaussent, membre du bureau, distribuent depuis plusieurs jours des médailles aux agents hospitaliers. "On souhaite qu'ils y inscrivent leur(s) revendication(s)", explique Nicolas André. Et le mardi 16 juin, à partir de 13h, tous les agents seront invités à les accrocher à une médaille géante qui sera envoyée au président de la République.
Mais ce qui inquiète le plus les deux syndicalistes alésiens, c'est l'après. "Le retour à l'anormale", comme le prononce délibérément Nicolas André. "On demande une reconnaissance de nos salaires et une augmentation d'au moins 300€ pour tous les agents. Par ailleurs, la prime de 1 500€ doit être versée à tout le monde car on a tous subi un stress ou une réorganisation personnelle. Enfin, on voudrait plus de moyens en effectif et en matériel", développe-t-il. Des revendications qu'ils jugent primordiales pour la suite. Et encore plus si une deuxième vague virale devait déferler. Si d'aventure elle advenait, Isabelle Jaussent ne se fait pas d'illusions : "Si c'est le cas, beaucoup d'agents ne feront plus l'effort car ils se sont déjà fait avoir une première fois..."
Tony Duret et Coralie Mollaret