FAIT DU JOUR Au Département, dernier budget avant les élections
Validé hier, le budget 2021 est le dernier de la mandature 2015-2020 du Conseil départemental. Un exercice marqué par les premières conséquences de la crise sanitaire.
Au Département, la mandature qui s'achève aura été, en de nombreux points, extraordinaire. D’abord par sa majorité relative, sortie des urnes il y a cinq ans. Dirigé par le socialiste Denis Bouad, puis remplacée après son élection au Sénat par Françoise Laurent-Perrigot, la majorité PS-EELV-PCF a dû revoir sa manière de gouverner. Le tracas de la concertation s'est substitué au confort de l’hégémonie, nécessaire pour obtenir l'abstention des élus de la Droite et du Centre. « Même à quelques mois des élections, nous avons le sens des responsabilités », a relevé, ce matin, le président du groupe d'opposition le Bon Sens Républicain, Laurent Burgoa.
Élu également au Sénat, ce dernier examinera bientôt le texte sur le report des élections Départementales et Régionales en juin : « Pour l’instant rien n’est sûr. Le Gouvernement veut prolonger l’état d’urgence sanitaire et la situation de la France est incertaine. » Outre la démocratie, l'épidémie de la covid-19 a secoué le fonctionnement des collectivités. Toutefois, la nouvelle présidente du Département, Françoise Laurent-Perrigot, se veut rassurante : « Si notre institution a pu traverser 2020, c’est grâce à notre gestion rigoureuse de toute cette mandature. Nous ne devons pas relâcher notre vigilance avant les élections. »
1 000 allocataires du RSA supplémentaires
Ce lundi matin, les 46 élus ont dressé les perspectives pour 2021 à travers le vote du budget primitif. D’un montant d’environ un milliard d’euros (890 M€ en dépenses de fonctionnement et 130 M€ en investissement), l'exercice enregistre 1 000 allocataires du RSA supplémentaires. Une conséquence directe de la crise sanitaire. « Nous avons prévu en plus 10 M€ pour 2021 soit une enveloppe globale de 195 M€ », commente le vice-président aux Finances, Martin Delord. Lui comme Françoise Laurent Perrigot pensent que le plus dur est à venir : « Nous redoutons une vague importante de dépôts de bilan et de licenciements. »
Pour « protéger » les Gardois, Françoise Laurent-Perrigot a identifié « six défis à relever : la jeunesse, l’urgence écologique, l’inclusion numérique, la relance économique, les solidarités et la qualité de vie. » Une manière, pour celle qui se verrait bien continuer à présider la collectivité après les élections, de rendre son action plus lisible. Ces défis seront financés par les recettes fiscales (droits de mutation, cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises…) qui n'ont pas été impactées par la crise. Ainsi, les politiques culturelles pour 2,5 M€ et sportives pour 1,1 M€ se poursuivront. « Créateurs d’emploi et de richesse, ces secteurs contribuent à notre santé physique et mentale », insiste le président du groupe communiste, Christian Bastid.
Avec 3,2 M€, le Département terminera l’aménagement des abords de la Maison des services publics dans l’ancien collège Diderot à Nîmes, l’ouverture étant prévue cette année. Fin également des travaux pour la reconstruction du collège de Remoulins pour 11 M€. Concernant le plan "Très haut débit", 82 M€ seront dépensés pour raccorder 89 nouvelles communes à la fibre et sept nouveaux pylônes seront construits pour couvrir les zones blanches. À noter également que 47 M€ seront débloqués pour la mobilité et les routes et 2 M€ pour participer aux travaux de lutte contre les inondations.
Haro sur la dette
Si la Droite et le Centre se sont abstenus, les présidents de groupe n’ont pas été avare de critiques. Président du groupe Centristes et indépendants, Thierry Procida déplore les nouveaux emprunts que la majorité prévoit de contracter : « On va se retrouver avec 552,1 M€ pour 2021 alors qu’elle était de 494 M€ en 2019 ! » Sur les investissements, le centriste fait remarquer que les prévisions sont surévaluées par rapport à la réalité « avec 110 M€ effectués en 2020 contre 137 M€ budgétisés. » Laurent Burgoa, lui, s’étonne « de la stabilité du budget de l’insertion alors que nous avons 1 000 bénéficiaires du RSA en plus ! ». Toutefois, « nous refusons de céder à la démagogie politicienne en bloquant la maison Gard à six mois des élections. »
Seul groupe à voter contre ce budget : le Rassemblement national. S’adressant à Françoise Laurent-Perrigot, le président de groupe, Nicolas Meizonnet fulmine : « Cette présidence est plus un cadeau empoisonné. Il est l’héritier d’une gestion laxiste des socialo-communistes de notre Département. » Quant à la Droite et au Centre, « s’abstenir, c’est voter pour ! Que pensez-vous que les Gardois pensent ? Pensez-vous qu’ils se réjouissent des 10 M€ pour l’accueil des faux mineurs étrangers ? Pensez-vous qu’ils se réjouissent de la fraude sociale ? » Réponse probablement en juin prochain.
Coralie Mollaret
coralie.mollaret@objectifgard.com
Et aussi :
Pas de baisse de 500 000€ pour le Pont du Gard. En l’absence d’un accord sur la révision des statuts, lors du dernier conseil d’administration de l’EPCC (Établissement public de coopération culturelle) en juillet, le Département versera une subvention de 2 M€ au site en 2021. Une nouvelle loin de réjouir les conseillers départementaux d’opposition. « Cette modification des statuts s’est heurtée au refus de la commune de Vers-Pont-du-Gard », intervient l’élu du Bon Sens Républicain, Richard Tibérino. Et de glisser, « sans esprit de vengeance », précise-t-il : « Si cette commune dépose un dossier de contrat territorial, j’espère que vous vous en souviendrez ! »
Un vœu pour le maintien de l’entreprise Crouzet à Alès. Touché de plein fouet par l’effondrement du secteur aéronautique, l’industriel pourrait réorganiser son activité, en fermant son antenne à Alès et supprimer 64 des 72 emplois. À l'initiative des élus communistes, un vœu a été voté pour le maintien du site. Ces derniers estiment que ce projet est « purement spéculatif sur fond d’argent public. Crouzet a bénéficié du CICE et d’un prêt de 20 M€ de l’État. » Et d'en appeler au Gouvernement pour conserver cette activité « essentielle à l’indépendance de la France. »
Nîmes et le contournement nord. À la demande de plusieurs élus, Françoise Laurent-Perrigot a fait le point sur l'avancement de la déviation nord de Nîmes, dont le Conseil départemental a la maîtrise d'ouvrage. En 2018, le ministère des Armées a demandé au Département de revoir le tracé. Une nouvelle enquête publique devrait se dérouler en 2022 avec des premiers travaux prévus à l'horizon 2025. En attendant, « nous allons organiser une table ronde avec l’ensemble des partenaires pour que l’on mette en place l’ensemble des financements. C’est très important et urgentissime ! », a commenté la nouvelle présidente.