CORONAVIRUS La situation épidémique se dégrade en région et encore plus dans le Gard
Dans une conférence de presse en visioconférence ce mardi midi, le directeur général de l’Agence régionale de la santé Occitanie (ARS), Pierre Ricordeau, a fait le point sur la situation épidémique du coronavirus en région. Et cette situation n’incite pas vraiment à l’optimisme.
Car même si « cette situation reste plus favorable que dans d’autres régions, elle connaît une nette dégradation, rapide et même brutale », affirme-t-il. Il faut dire que si tout au long du mois de février la situation était « extrêmement stable » avec un taux d’incidence de 150 cas positifs pendant sept jours pour 100 000 habitants, « depuis quelques jours la situation se dégrade », note le directeur général de l’ARS Occitanie. Désormais, ce taux d’incidence est autour de 180 en moyenne en région, ce qui correspond à 1 200 malades dépistés par semaine.
Une dégradation qui désormais concerne l’ensemble des 13 départements d’Occitanie, « alors qu’il y a trois semaines seuls trois départements sur 13 connaissaient une hausse », note le directeur général. On s’en serait bien passé, mais le Gard tient la plus haute marche du podium. « Le Gard présente la situation la plus dégradée avec un taux d’incidence autour de 250 », précise Pierre Ricordeau. Dans la région, trois autres départements ont dépassé un taux d’incidence de 200 cas positifs pendant sept jours pour 100 000 habitants : l’Hérault, le Tarn-et-Garonne et la Lozère.
Comment expliquer cette hausse ? « La dégradation est en partie liée à la remontée du taux de dépistage, qui est à nouveau autour des 200 000 tests par semaine en Occitanie. Mais elle est surtout liée à une hausse des taux de positivité, qui a augmenté d’un point depuis début février », affirme le directeur général de l’ARS Occitanie. Une hausse « qui touche toutes les tranches de la population, même les plus de 65 ans, même si grâce à la vaccination cette population reste très légèrement en-dessous de l’incidence de la population générale », précise-t-il.
L’Occitanie n’échappe donc pas à la dégradation de la situation constatée au niveau national et européen, même si elle reste encore loin des taux d’incidence constatés dans certaines régions reconfinées, « où il dépasse les 400, voire atteint les 500/600 », note Pierre Ricordeau. La faute notamment aux variants : le variant britannique a largement pris ses quartiers dans notre région, « avec un taux de présence dans les tests de 77 %, ce qui est très légèrement supérieur à la moyenne nationale », précise le directeur général de l’ARS Occitanie. En revanche, notre région s’en sort mieux sur les variants brésilien et sud-africain, dont la présence est « de 1,6 % en région, contre environ 5 % au niveau national ».
Voilà pour le tableau en région et dans le Gard, où « la situation est inquiétante car elle intervient à un moment où la pression sur le système hospitalier reste à un niveau extrêmement élevé, alarme Pierre Ricordeau. Nous ne sommes jamais complètement sortis de la deuxième vague de l’automne, à la différence de la première vague. »
Compte tenu de la hausse des cas, l’ARS s’attend à voir la pression sur le système hospitalier augmenter « fortement » dans les quinze prochains jours. Du reste, « certains flux hebdomadaires ont commencé à augmenter, en particulier dans le Gard », note le directeur général.
Face à ça, l’ARS Occitanie envisage de « moduler » les transferts entrants de patients venus de régions plus fortement touchées, et Pierre Ricordeau a pris la décision de placer l’ensemble de la région en niveau 4, le niveau le plus élevé de la stratégie de mobilisation de la santé. Concrètement, l’ARS donne des objectifs de créations de places supplémentaires en réanimation aux hôpitaux, qui doivent ensuite gérer les déprogrammations d’opérations non-urgentes pour les atteindre.
« Nous avons autour de 500 lits autorisés en réanimation, nous en mettons davantage en place en fonction des différentes vagues, aujourd’hui nous en sommes à autour de 620 lits, et l’objectif du niveau 4 est d’augmenter d’une centaine de lits », précise Pierre Ricordeau. Pour l’heure, le taux d’occupation de ces lits est « autour de 85 %, et plus de 40 % de ces lits sont mobilisés pour des malades du covid », ajoute le directeur général de l’ARS Occitanie.
Pas de confinement pour le Gard, pour l’instant
Pour autant, faut-il envisager un nouveau confinement comme en Île-de-France pour l’Occitanie et plus précisément pour le Gard ? Pas pour l’instant, expose Pierre Ricordeau en comparant la situation locale à celle des zones confinées. « Même dans le Gard nous ne sommes pas encore aux chiffres qui ont justifié le confinement dans l’Île-de-France et les Hauts-de-France, mais nous devons être extrêmement vigilants. C’est le moment de faire extrêmement attention pour ne pas se retrouver dans une situation où des mesures très fortes seraient nécessaires », avance-t-il.
L’éclaircie reste la vaccination, qui avance : près de 10 % de la population régionale a d’ores et déjà reçu au moins une injection. 92 % des résidents des Ehpads sont vaccinés et 48 % des plus de 75 ans, « et un grand nombre de rendez-vous sont pris pour les plus de 75 ans, nous arrivons à des taux de vaccination qui permettent d’envisager une extension à l’ensemble des personnes de plus de 70 ans ». Les livraisons de vaccins doivent augmenter rapidement : de 100 000 doses par semaine, elles passeront à 200 000 début avril et 275 000 début mai. Des chiffres qui concernent uniquement le Pfizer-BioNTech.
L’efficacité des vaccins est, d’après l’ARS, démontrée dans les Ehpads, où le covid recule nettement comme le nombre de décès. L’Occitanie est passée de 160 décès par semaine en Ehpad au pic de l’épidémie à 17 décès par semaine aujourd’hui. Pour accélérer la campagne de vaccination dans la population générale, des vaccinodromes vont être mis en place dans les prochaines semaines, notamment dans les métropoles.
Nous en sommes donc là. Pas sortis du tunnel, « mais nous commençons à en voir le bout, tient à dire Pierre Ricordeau. Il ne faut pas relâcher la vigilance. C’est extrêmement contraignant mais pour autant aujourd’hui nous avons les vaccins. Nous savons qu’ils sont efficaces, il nous faut tenir encore quelques semaines. »
Thierry ALLARD