INONDATIONS Paroles de sinistrés à Milhaud : "C'est triste à voir, mais vous savez, ce n'est que du matériel"
Aucun blessé n'est à déplorer mais les dégâts causés par l'épisode orageux de ce mardi matin sont, comme sur toutes les communes touchées, considérables à Milhaud. Certaines maisons situées le long de la route de Montpellier ont été inondées.
Très tôt ce mardi matin, le maire de Milhaud et ses équipes ont activé la cellule de crise dans le cadre du plan communal de sauvegarde. Dans cette commune, comme un peu partout dans le Gard et notamment sur le secteur de la Vaunage, l'intensité de l'épisode orageux a été telle que des arbres ont été arrachés, et très vite, les routes et certains commerces inondés. Une trentaine de centimètres d'eau s'est infiltrée à l'intérieur de l'Intermarché où les rivières la Cruvière et le Vallat de l'Arrière se sont rejointes. Quelques dégâts ont également été constatés sur la toiture de l'école maternelle qui avait été évacuée dès le placement du département en vigilance rouge aux inondations.
Le long de la route de Montpellier des maisons ont aussi été sinistrées. "On attend l'intervention des sapeurs-pompiers. Mais ils gèrent en fonction des priorités et c'est bien normal." Anne, 58 ans a tout perdu ce mardi matin, elle n'a pu sauver que son chat et quelques papiers importants appartenant à son défunt mari. Il y a eu la pluie, puis un débordement dans son bac à douche, de l'eau dans sa cour arrière...
"Au début j'ai pris une casserole pour évacuer l'eau, des serviettes pour éponger. Mais l'eau ne cessait de monter. Je me suis retrouvée prisonnière de ma maison, alors je suis sortie par la fenêtre de la chambre d'amis." Son chat dans les bras, la quinquagénaire a péniblement rejoint son portail, trempée jusqu'à la poitrine, avant de se réfugier chez sa fille.
Son lit, son réfrigérateur, son canapé, tous ses effets personnels flottent désormais dans une marrée verdâtre. "C'est triste à voir, mais vous savez, ce n'est que du matériel. J'ai mes enfants et mes petits-enfants et c'est bien cela l'essentiel. Comme pour les inondations de 2005, bientôt ce ne sera plus qu'un mauvais souvenir", confie Anne le regard fixé sur sa maison.
Sa voisine, Josette n'a pas été plus chanceuse. "J'ai de l'eau de partout, jusqu'à la deuxième marche de l'escalier qui monte à l'étage", se désole la dame âgée de 80 ans qui s'apprêtait à déménager. C'est à l'étage qu'elle s'est réfugiée après avoir contacté sa famille. "J'ai ouvert la fenêtre de ma chambre et j'ai fait signe à des jeunes qui se trouvaient dans la rue. Ils ont été mignons, ils sont venus me parler, me rassurer. Puis un pompier est venu me chercher", se souvient-elle.
Parmi ces jeunes, l'un des fils d'un couple voisin, Alexandra et Stéphane. Tous deux sont dépités. Il y a six mois, ils avaient entamé un chantier d'envergure dans leur habitation. "Nous avons refait le carrelage, le placo dans toutes les pièces, la cuisine, etc. On a fait un emprunt de 6 000 euros pour faire ces travaux", souffle Alexandra.
Propriétaires de leur maison depuis 2008, ils n'en sont pas à leur première inondation. "Nous n'avons pas connu celles de 2005, mais nous avions déjà eu de l'eau en 2009. Et tant que la mairie ne procèdera pas au décaissement de la route - il était prévu 40 cm - cela se reproduira. Il n'y a pas de caniveaux le long de cette route donc l'eau ne peut pas s'évacuer."
Maman de deux enfants, la Milhaudoise ne décolère pas. Cette nuit, la famille a décidé de rester dormir dans leur maison, à l'étage où se trouvent les chambres des enfants, et ce même sans électricité. La suite, Anne comme Josette, Alexandra et Stéphane s'y préparent, après avoir écopé et ils leur faudra ramer pour compléter leur procédure d'indemnisation. Chacun espère que l'état de catastrophe naturelle sera reconnu suite à cet épisode orageux.
Stéphanie Marin