Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 26.11.2021 - marie-meunier - 4 min  - vu 471 fois

UZÈS Roby Lakatos en concert aux Nuits musicales : "La musique est un mélange"

Roby Lakatos est un violoniste hongrois, pilier de la musique tzigane. (photo commons.wikimedia/ Bieniecki Piotr)

Cet été, les Nuits musicales d'Uzès fêtaient leur 50e anniversaire. Une longévité qui rime aussi avec nouveauté puisque pour la première fois, le festival aura aussi une programmation hivernale. Quatre concerts sont prévus à l'Ombrière.

Le premier rendez-vous musical se tiendra ce jeudi 2 décembre, à 20h, avec la venue sur scène de Roby Lakatos qui présentera son spectacle "Bohême". Un voyage entre musiques tziganes traditionnelles et jazz. Les spectateurs auront la chance de découvrir ou redécouvrir l'univers virevoltant de ce violoniste hongrois d'exception, à la personnalité détonante, toujours vêtu de costumes chatoyants et la chevelure longue et ébouriffée. 7e violoniste de sa famille, descendant de János Bihari, il honore cette mémoire tout en ajoutant une touche plus moderne, plus hybride. Ce qui a donné lieu à l'émergence d'un nouveau genre. Interview.

Objectif Gard : Tout d'abord, qu'est-ce que cela vous fait d'inaugurer le nouveau festival d'hiver des Nuits musicales d'Uzès, dans une nouvelle salle ? 

Roby Lakatos : C'est quelque chose de magnifique. Surtout que j'ai déjà joué deux concerts à Uzès. C'est un endroit vraiment extraordinaire. Maintenant, je viens avec un nouveau programme car entre temps, plusieurs CD sont sortis. J'espère que le concert sera à la hauteur de ce grand public.

Parlez-nous du concert "Bohème" que vous allez proposer le 2 décembre à l'Ombrière. Pourquoi ce nom ?

"La Bohème", ce n'est pas nouveau. Le tout premier CD que j'ai enregistré en 1996 se traduisait "La Bohème" en français. Parce que je jouais le morceau éponyme de Charles Aznavour dedans. Et puis quelque part, moi aussi je suis un bohème (rires). Alors bien sûr, à Uzès, je jouerai la pièce "La Bohème".

Qu'est-ce qu'il y aura d'autres dans ce concert ?

Beaucoup de titres. Je viens de sortir un nouveau CD "Double Standards" qui propose un mix entre musiques tziganes, klezmer et classique et jazz. C'est un peu ce que j'ai toujours fait car la musique est un mélange. C'est de la musique "unorthodox tzigane fusion". Je voudrais présenter ce nouveau travail mais aussi d'autres pièces avec de la musique russe, hongroise... Ça va être un concert très amusant, je pense.

Vous serez accompagné de combien de musiciens sur scène ?

Nous sommes sept musiciens dans notre orchestre, formé il y a dix ans : piano, contrebasse, guitare et trois violons. C'est un ensemble très international car notre bassiste vient de Bruxelles, un de mes violonistes, qui est aussi un de mes anciens élèves, vient de Paris et les autres viennent de Budapest.

Vous êtes considéré un peu comme l'un des fondateurs de la musique tzigane et de ce nouveau style "unorthodox tzigane fusion". Qu'est-ce qui vous émeut dans cette musique et comment êtes-vous arrivé à dépasser ses codes pour la transcender ?

J'ai quitté la Hongrie en 1985. J'étais très jeune, j'ai habité à Bruxelles. À l'époque, on a commencé à jouer dans un restaurant russe, qui est devenu un endroit très connu dans le monde entier "Les Ateliers de la grande île". J'ai joué là-bas tous les jours pendant presque 20 ans. Tous les musiciens venaient là-bas. Mais c'est à cet endroit que j'ai commencé à jouer différentes musiques. C'est à cet endroit que j'ai commencé à changer la conception de certains instruments. J'étais accompagné de piano et de cymbalum. Normalement, c'est dangereux car ils sont totalement opposés. C'est très dur de les accorder. On a fait des arrangements très spéciaux. Et on a lancé un nouveau style que les nouveaux musiciens se sont appropriés et continuent de faire exister. Ce qu'il est aussi important de dire aussi, c'est que la musique tzigane est associée à beaucoup de traditions. Moi je choisissais toujours le contrepied. Quand les vieux musiciens tziganes jouent vite, je joue lentement.

Vous cassez les codes de la musique classique. Et en même temps, vous êtes la 7e génération de violoniste dans votre famille. Alors comment votre approche a été perçue ?

János Bihari était un des plus grands violonistes tziganes hongrois. Moi je suis sept générations derrière et il y a déjà la 9e génération puisque mon petit-fils joue déjà depuis qu'il a 1 an et demi. Il a six ans aujourd'hui et depuis septembre a intégré l'école de musique où il progresse vite.

Dans les années 80 quand j'étais allée à Bruxelles, les musiques tziganes hongroises s'étaient un peu perdues, un peu oubliées. Moi, je voulais renouveler et la meilleure solution était de la mélanger avec le jazz, le classique. Et plus seulement de la jouer dans les restaurants mais aussi de l'amener sur scène.

C'était un sacré défi, on imagine...

Oui, dans ma musique, il y a tellement de rythmes, de changements. Je fais en sorte que le public ne s'endorme pas, je préfère qu'il danse. Pourquoi pas. (rires)

Certains médias vous surnomment "le démon du violon". On suppose que cet instrument s'est imposé à vous comme une évidence. Vous n'avez jamais eu envie de faire autre chose ? 

Si bien sûr. Quand j'ai commencé à jouer à six ans, mon père m'emmenait chez le professeur de violon qui était très strict. Il me faisait très peur au point que je voulais jouer de la batterie. Mais ce n'était pas possible. J'aime tellement la batterie, c'est mon deuxième instrument. Je me rattrape aujourd'hui, j'en ai deux à la maison et j'en joue. J'en ai même joué dans quelques morceaux de mon nouvel album.

Un dernier mot pour vos spectateurs d'Uzès ?

J'ai hâte de revenir en France. J'espère que le concert va plaire et qu'on aura aucun problème à cause du covid. Mais moi je garantis que tout le monde va bien s'amuser durant ce concert entre "Fire danse" et "La Bohème".

Propos recueillis par Marie Meunier

Le concert "Bohème" de Roby Lakatos et son ensemble se tiendra le jeudi 2 décembre, à 20h, à l'Ombrière d'Uzès. Vous pouvez réserver vos places sur le site des Nuits musicales en cliquant ici.

Marie Meunier

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