NÎMES Travesti lynché en centre-ville : « J'ai eu peur de mourir »
Chemisier blanc, tailleur léopard et ongles manucurés, Samantha fera face aujourd'hui aux quatre agresseurs qui l’ont rouée de coups, dans la nuit de vendredi à samedi, rue de la Madeleine, alors qu’elle rentrait chez elle après une soirée avec des amies.
Poursuivis pour des violences à caractère homophobe en réunion, les quatre prévenus encourent jusqu’à dix ans d’emprisonnement. Avant l'audience, leur victime témoigne courageusement à visage découvert : « J’ai eu peur de mourir, mais je ne voulais pas me laisser faire car j’ai choisi d’être comme je suis depuis que je suis arrivée à Nîmes en 2013, se remémore le travesti de 40 ans, originaire du Brésil. Malheureusement, ce n’est pas la première fois que cela m’arrive ici. En 2018, l’une de mes copines s’était déjà faite agressée gratuitement, mais elle n’avait pas porté plainte. Cette fois-ci, alors que je rentrais tranquillement chez moi après être sortie avec des amies dans un bar sur le boulevard Amiral-Courbet, j’ai croisé un groupe au début de la rue de la Madeleine, devant la boulangerie Villaret. Le premier m’a interpellé en me lançant ‘Tu vas où ma belle ?’"
Samantha poursuit : "Au départ, je n’ai pas répondu, puis j’ai fini par lui dire que je rentrais chez moi. Mais en entendant ma voix grave, il s’est énervé en hurlant que je n’étais pas une femme et en me bloquant le passage. Intimidée, j’ai voulu sortir mon portable pour appeler la police. C’est là qu’il m’a frappé derrière la tête pour m’arracher mon téléphone et m’a balancé un coup de poing. Mon verre s’est brisé lorsque je suis tombée. J’ai riposté en le blessant au visage avec un morceau de verre cassé, juste avant qu’ils ne me sautent dessus tous les quatre et me rouent de coups de pied au sol. J’ai des bleus partout sur la cuisse gauche, la hanche droite et à la tête. J’ai seulement pu me protéger le visage avec mes mains. Si la police n’était pas arrivée tout de suite, ils auraient continué jusqu’au bout… C’est vraiment de la méchanceté gratuite. Je veux que la justice le reconnaisse. »
Propos recueillis par Pierre Havez