FAIT DU JOUR Le renouveau de l’aéroport de Nîmes passe par Dublin
Désormais, Nîmes n’est plus qu’à 2h10 de Dublin avec la nouvelle ligne ouverte par Ryanair à l’aéroport de Nîmes, Alès, Cévennes, Camargue. Plus qu’une ouverture de ligne, il s’agit du marqueur d’un nouveau départ pour la plateforme de Nîmes-Garons, ainsi que d’un élément du rapprochement entre la France et l’Irlande.
Une page se tourne, celle de la déliquescence de l’aéroport de Nîmes, dont l’avenir était incertain il y a peu. Désormais, « on chasse en meute, il n’y a plus de divergence politique entre le Département, la Ville, l’Agglo », pose le président de Nîmes Métropole Franck Proust à Dublin, ce mardi, illustration d’une « vision partagée entre l’Agglo et la VIlle », souligne l’adjoint nîmois au Tourisme, Xavier Douais.
Pour l’ouverture de cette ligne, on a donc mis les petits plats dans les grands : une large délégation comprenant, outre les collectivités, la presse locale, une réception avec son excellence l’ambassadeur de France en Irlande, des journalistes et influenceurs irlandais, des responsables de Ryanair et d’Edeis, le délégataire de l’aéroport l'agence de développement touristique nationale Atout France… Histoire de faire passer un message : celui de la renaissance de l’aéroport de Nîmes.
Et c’est peu dire que le prédécesseur de Franck Proust, Yvan Lachaud, a dû avoir les oreilles qui sifflent ce mardi, lui qui avait « tellement crié que l’aéroport devait fonctionner sans liaison commerciale », dixit le président de l’Agglo qui, sans jamais nommer son prédécesseur, s’est donné pour mission de « redémarrer une aventure. » Il faut dire que l’aéroport n’est pas que touristique, avec l’entreprise Sabena ou encore le futur pôle international autour de la sécurité civile dont rêve le président de l’Agglo.
« Une corde de plus à notre arc »
En attendant, Nîmes métropole et Edeis ont fait le pari de la relance des liaisons commerciales, avec l’ouverture cette semaine de la ligne vers Dublin, le mardi et le samedi. Une volonté politique claironnée par les élus et par Edeis, avec en toile de fond un gain économique attendu, « un euro investi dans l’aéroport égale 40 euros de retombées économiques », d’après Franck Proust. Sacrée culbute ! Alors dans le cadre du renouvellement de la concession à Edeis, un objectif ambitieux a été donné : passer de 236 000 passagers avant covid à 400 000 d’ici la fin du mandat.
Pour y parvenir, pas de secret : il faut ouvrir plus de lignes, car « si on est un territoire béni des Dieux, aujourd’hui ça ne suffit pas », estime Xavier Douais. Alors l’Agglo, son délégataire et leur « partenaire de longue date », selon les termes du route development manager de Ryanair Emmet Ward, ont travaillé ensemble pour ouvrir Dublin, en Irlande, ce mois-ci, puis Edimbourg, en Écosse le mois prochain.
Des lignes lancées en sortie de crise sanitaire, car « le paysage aérien est fragile, c’est maintenant qu’on va prendre des parts de marché », veut croire Franck Proust, qui mise aussi sur l’implantation possible d’une école de formation de pilotes sur le site et a des vues sur le terrain des Marguerittes, propriété du 503e régiment du train, pour s’étendre et poursuivre « le renouveau de l’aéroport. » Un renouveau qui passe aussi par les villes voisines d’Avignon et d’Arles, avec qui l’élu nîmois veut travailler, et un travail sur l’ouverture de lignes vers le sud de l’Europe, Italie et Espagne en tête.
Bref, l’aéroport de Nîmes retrouve des ailes, pour redevenir « un véritable atout pour le territoire », dit Martine Laroye, directrice d’Edeis Concessions. Il faut dire que le délégataire a aussi récupéré les arènes de Nîmes, et a désormais toute latitude (et tout intérêt) à faire des offres groupées. Et ça démarre dès maintenant, avec des tarifs préférentiels pour son spectacle « Hadrien la guerre des pictes » sur présentation d’un billet arrivant à Nîmes.
De quoi réjouir la présidente de Gard tourisme, le bras armé du Département en la matière, Pascale Fortunat-Deschamps, ravie d’avoir « une corde de plus à notre arc pour amener des touristes dans le Gard. » Et ce alors que le tourisme, qui représente « 20 % de l’économie du Gard », dixit le président de la CCI Gard Éric Giraudier, redémarre fort : « Les chiffres de réservation sont plus importants aujourd’hui dans le Gard qu’en 2019, les signaux sont au vert », affirme la présidente de Gard tourisme.
« La France est le voisin le plus proche de l’Irlande en Union européenne »
Outre le tourisme, il s’agit aussi de développer du business. « Nous allons faire des missions de prospection », avance Éric Giraudier, qui va aussi accentuer les envois d’étudiants des établissements de la Chambre vers l’Irlande via Erasmus. Car nos deux pays veulent accentuer leur collaboration : le Brexit a changé la donne, et depuis, « la France est le voisin le plus proche de l’Irlande en Union européenne », souligne l’ambassadeur de France en Irlande, Vincent Guérend.
Une ambition matérialisée par un plan d’actions entre les deux pays, « une feuille de route pour resserrer davantage les relations entre la France et l’Irlande sur la croissance durable, les énergies renouvelables, la ville durable et l’agriculture durable, le numérique et l’enseignement supérieur et la recherche », poursuit l’ambassadeur. Et ce alors que la France est déjà la première destination des étudiants irlandais en Erasmus et que les Français représentent le premier contingent d’étudiants étrangers en Irlande. Quant aux volontaires internationaux en entreprise, ils sont actuellement 90 français en Irlande, « et l’objectif est de 150 en 2023 », avance l’ambassadeur.
Voici le contexte dans lequel s’ouvre cette nouvelle ligne. Ce mercredi matin, la délégation d’élus avait rendez-vous avec l’ambassadeur pour discuter plus avant des échanges qu’elle pourra encourager. Car Franck Proust l’affirme : « l’histoire ne va pas s’arrêter là. »
De Dublin (Irlande), Thierry Allard