ALÈS AGGLO De l’eau dans le gaz…
Les élus des 73 communes de l’Agglomération d’Alès étaient rassemblés autour de Max Roustan, ce jeudi soir, lors d’un conseil de communauté agité. 27 délibérations étaient à l’ordre du jour.
La saison estivale étant passée par là, les conseillers communautaires n’avaient plus tenu séance depuis de longues semaines. Pour sonner l’heure de la rentrée hier soir, le président Max Roustan est revenu sur les grandes actualités qui ont marqué le territoire dernièrement comme la signature de la convention Action cœur de ville avec l’État, les avancées du projet de contournement ouest de Nîmes (une délégation gardoise d’élus a été reçue en septembre au ministère des Transports), la labellisation du Parc national des Cévennes en Réserve internationale de ciel étoilé…
Et enfin, la bonne nouvelle de la semaine pour les élus alésiens : l’annonce de la construction d’une nouvelle prison à Alès. « On la demande depuis dix ans, commente Max Roustan. Et je peux vous dire que ce n’était pas gagné d’avance mais grâce à la participation de tous les partenaires, quelles que soient leurs opinions, nous avons réussi. » La décision devrait être officialisée la semaine prochaine par la ministre de la Justice.
Bouquet veut sortir de l’Agglo, Roustan s’agace
La séance avait pourtant commencé dans le calme. Mais entre deux délibérations, Catherine Ferrière, maire de Bouquet, est revenue sur un dossier que Max Roustan n’avait visiblement pas envie d’aborder : la sortie de la commune de Bouquet d’Alès Agglo pour rejoindre le Pays d’Uzès. Une demande que Catherine Ferrière formule depuis 2015 pour des raisons géographiques, historiques et de cohérence territoriale. « Le 5 avril dernier, nous avons pris une délibération d’accord de principe pour un retrait au 1er janvier 2019, indique Catherine Ferrière. Le temps qui a couru depuis a été un trou d’air et vous m’avez finalement proposé de différer cette sortie en 2020 […] Je suis extrêmement déçue de ce report et je compte sur l’efficacité de vos services pour que les conditions de sortie de la commune de Bouquet soient clarifiées. »
Il n’en fallait pas plus pour que le président s’emporte. « Vous pouvez vous casser les gars ! Se faire insulter comme ça ! […] Je ne veux pas recommencer à m’emmerder à ne pas faire de politique pour faire de l’administratif, alors vous sortirez en 2020 ! On a autre chose à faire. » Une colère que Catherine Ferrière jugera « complètement déplacée. »
L’eau n’apaise pas les tensions
La délibération suivante n’allait pas apaiser l’atmosphère déjà tendue. Il s’agissait de valider les nouveaux choix de gestion des services publics d’assainissement et d’eau potable suite au transfert de ces deux compétences aux communautés de communes au 1er janvier 2020. Concernant la distribution d’eau potable, le mode de gestion proposé est une régie à autonomie financière. Mais là où ça coince, c’est sur le volet production pour lequel l’Agglo opte pour une gestion déléguée. Sylvain André, maire de Cendras, monte tout de suite au créneau : « je suis convaincu que l’eau est un bien commun qui ne doit pas aller dans les mains du privé et du profit. Je ne peux pas croire que nous n’ayons pas les compétences de créer un service public qui assurerait la production d’eau potable. »
Avis partagé par plusieurs autres élus tels que l’opposant Benjamin Mathéaud qui relève « le manque d’audace » de Max Roustan « à aller chercher des talents pour la mise en place d’une maîtrise publique globale qui comprendrait la distribution et la production. » D’autres estiment que les discussions à ce sujet n’ont pas été satisfaisantes comme Marielle Vigne, maire de Tornac : « Il n’y a pas eu de réels débats sur les enjeux et répercussions de cette délibération lourde de conséquences qui satisfait plus les intérêts publics que privés. » En guise de réponse, le directeur général des services, Christophe Rivenq, brandit les comptes rendus des réunions qui se sont tenues à ce sujet. « Oui, je vois qu’ils sont épais, rétorque le maire de Saint-Julien-les-Rosiers, Serge Bord, mais trop de dossiers tuent le dossier. »
Enfin, d’autres maires comme Bonifacio Iglesias (Anduze) ou Philippe Ribot (Saint-Privat-des-Vieux) expriment au contraire leur accord avec ce choix de production. L’édile anduzien s’autorise même un petit coup de gueule : « les débats, nous les avons eus ! Si vous étiez aux vendanges ou à la corrida à ce moment-là, ça vous regarde ! » Au final, la délibération sera adoptée avec 16 voix contre et une abstention.
Élodie Boschet