Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 27.11.2017 - florence-genestier - 4 min  - vu 2430 fois

BEAUVOISIN Des agneaux et des brebis décimés dans les Costières

Rodolphe Garrido a une parcelle au milieu des vignes sur les hauteurs de Beauvoisin où paissent ses brebis et agneaux. Pour la 4e fois en un mois ce week-end, son troupeau a subi une attaque de loup. Il a perdu 21 agneaux et 3 brebis.

Le choc a été rude pour Rodolphe Garrido, tôt dimanche matin, vers 6 h 30 quand il s'est rendu, alors que le soleil n'était pas encore levé, à sa pâture sur les hauts de Beauvoisin. Le berger trentenaire, qui a toujours été passionné par les bêtes, fait une macabre découverte. Un petit agneau intact, mais mort. Un autre gambade bizarrement hors des clôtures. Il a cru dans un premier temps que le petit était mort étouffé par le troupeau, comme parfois, cela arrive tristement. À la lumière de la lampe-torche, puis des phares de sa voiture, il découvre plusieurs agneaux à terre sans vie. Et trois brebis. Depuis la mi-octobre, le berger a déjà subi trois attaques de loup, il en est sûr. La première avait décimé deux de ses brebis, blessé d'autres animaux. Cette dernière visite du prédateur selon lui, la quatrième en moins d'un mois, est la plus meurtrière. Sans chien, l'homme laisse un troupeau de 120 brebis et quatre-vingt agneaux paître dans un enclos au calme. "Il a trouvé une bonne adresse pour manger, le loup, il revient quand il a faim. Il a dévoré presque entièrement un agneau mais les autres, il les a tués, par la seule force de la mâchoire". Triste et démoralisant spectacle que ces petites carcasses amassées dans un coin de la parcelle. La plupart sont intactes, immaculées, laineuses. Mais ça et là, des traces de sang et des cadavres éventrés témoignent de la violence passée.

Triste constat et alerte au loup

Le berger a ensuite appelé l'office national de la chasse et de la faune sauvage et la DDTM, pour dresser le constat, puis des proches. Trés ému, il s'est dit dans un premier temps, désemparé. "J'ai choisi d'alerter et de raconter ces attaques à la presse, car il faut que ça bouge, il faut que les gens soient au courant de ce qui m'arrive. J'ai plein de copains manadiers, qui mettent leurs vaches, l'hiver dans les bois. Les naissances auront lieu dans les bois." À demi-mot, il craint qu'au moment des mises bas, d'autres attaques se produisent. Jusqu'ici, seuls des caprins et des ovins ont été retrouvés morts.

Une triste farandole de cadavres d'agneaux et de brebis, regroupée dans un coin de la pâture.

Ce lundi matin, les petits agneaux survivants et les brebis semblent paisibles malgré l'attaque récente. Les animaux se reposent dans l'herbe, à l'autre bout du coin où sont encore entassées les victimes. "On communique notre stress ou notre calme aux animaux. Les calmer, c'est tout ce que je peux faire", explique-t-il. De grands oiseaux blancs se baladent à leurs côtés dans le pré. Sans les cadavres d'ovins tous regroupés dans un coin, l'endroit paraîtrait idéal, une parcelle suffisamment large pour que les bébés moutons gambadent tranquillement. En plein soleil et en plein jour, difficile d'imaginer le lieu comme facile d'accès pour des prédateurs à quatre pattes, alors que la route qui serpente entre les vignes des Costières n'est qu'à une centaine de mètres.

Rodolphe Garrido a su apaiser ses bêtes survivantes après le choc.

De la fin de l'été à la mi-octobre, une cinquantaine de bêtes a subi un loup solitaire dans les Costières. Filmé à Bellegarde, l'animal a commis des attaques sur les communes de Vauvert, Saint-Gilles, le Cailar et donc Beauvoisin. La préfecture du Gard, comme dans tous les départements qui comptent une population de loups, a mis en place depuis 2012 un dispositif et appartient au réseau loup national.  Un numéro d'alerte via la Direction Départementale des Territoires et de la Mer (DDTM) est à la disposition des éleveurs, qui signalent les attaques. Ce sont ensuite les agents de l'Office national de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS) qui comme ce week-end à Beauvoisin dressent les constats selon une procédure stricte et les communiquent à des services spécialisés. A la mi-octobre, à Vestric-et-Candiac, c'est une cinquantaine d'ovins qui ont été tués lors de deux attaques. Pour les dix dernières attaques recensées par les services préfectoraux, l'enquête est toujours en cours et n'a pas encore conclu formellement à l'attaque de loup. Pour les précédentes, dans les Costières, le "loup n'est pas écarté".

Les bêtes ont vite retrouvé leurs habitudes de vie dans la parcelle.

Rodolphe Garrido est installé comme berger depuis une dizaine d'années. Il travaille aussi à mi-temps au service des espaces verts d'une commune proche. Passionné par la bouvine et bon cavalier, il a eu le malheur d'avoir un grave accident de cheval en mai 2014 lors d'un bandido à Franquevaux, et est resté plusieurs semaines dans le coma avant d'entamer une sérieuse rééducation. En 2015, le comité d'animation de la fête votive lui a dédié son affiche. Bref, Rodolphe le berger en a vu d'autres et a su surmonter d'autres épreuves ardues. "Mes brebis, elles m'ont beaucoup apporté pendant cette période. C'est une passion, c'est tout". L'homme n'a pas de "patou", de chien pour surveiller le troupeau. Sa zone de pâturage étant situé dans une zone propice à la balade et ouverte à la chasse, il craignait jusqu'à présent les conflits éventuels avec les promeneurs, qui pouvaient être effrayés par la présence d'un chien. C'est une solution qu'il envisagerait désormais, face à la récurrence des attaques.

florence.genestier@objectifgard.com

Florence Genestier

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