BEAUVOISIN Le psychodrame municipal continue
Lundi soir, ambiance surréaliste au conseil municipal. Cinq élus seulement pour voter les points à l'ordre du jour.
Le conseil s'est déroulé dans le calme mais aucune sortie de crise ne se profile à l'horizon. Hier les protagonistes de ce psychodrame municipal campaient sans faillir sur leurs positions (lire aussi).
Hier soir. La grande table du conseil est quasiment vide, alors que les chaises réservées au public sont occupées par des Beauvoisinois curieux d'en apprendre plus sur la crise qui secoue la municipalité. En préambule, le maire rappelle la loi qui précise que si le quorum (minimum requis de membres d'une assemblée pour que le vote soit valable, NDLR) n'est pas atteint, le maire peut à nouveau convoquer un conseil trois jours ouvrés après et cette fois, le quorum n'est alors plus nécessaire. Il déplore que les élus responsables des dossiers qui doivent être mis au vote ne soient pas là.
Un conseil municipal à six voix
Ouvre le bal Marcel Bourrat, élu de la majorité qui, lui est bien là, et déclare être présent pour présenter une délibération sur laquelle il a travaillé et de préciser qu'il s'abstiendra sur toutes les délibérations à suivre par solidarité avec les 13 frondeurs de la majorité, signataires de la lettre de défiance au maire. Une délibération concernant une demande de la taxe foncière d'agriculteurs engagés en bio d'exonération pour laquelle il appelle à voter... contre (sic).
S'ensuivent, deux demandes de subventions : une pour la rénovation du parvis du temple (montant total des travaux 631 124,56 €TTC) et l'autre, auprès de la préfecture du Gard pour "le projet de refonte et d'extension du système de vidéo protection urbaine" (montant total 209 740 € HT). Les deux sont votées à l'unanimité moins l'abstention de... Marcel Bourrat. Même chose au sujet d'une décision modificative du budget. Seul le versement d'indemnités de conseil et de budget au comptable public, provoque deux votes contre et une abstention (toujours Marcel Bourrat), alors que la dernière délibération est retirée par le maire.
Fin de la séance. En clôture, le ce dernier déclare : "Je tiens à dire que je suis le maire de Beauvoisin et qu'en tant que tel, je prendrai des décisions dans l'intérêt de la commune". Qu'une telle évidence ait besoin d'être énoncée avec tant de vigueur est troublant. "La clarté et la lisibilité de la situation", réclamée par l'opposition est loin d'être à l'ordre du jour.
La séance levée, le maire s'éclipse rapidement en promettant d'être disponible le lendemain pour répondre à nos questions. Un conseiller, Laurent Jegat, présent au conseil " par fidélité et respect pour le maire ", déclare : "Guy Schramm (le maire) a toujours fait une confiance totale à son équipe. Aujourd'hui, il est plus près des dossiers et semble peut-être moins confiant, et du coup, sa majorité rue dans les brancards"… Le début d'une piste pour la compréhension du hiatus.
Le challenge est donc de comprendre ce qui a changé au point de provoquer une telle fracture dans la majorité et comment peut s'envisager une sortie de crise.
"Je veux que cela finisse au plus vite"
La question est d'abord posée au maire. Guy Schramm raconte : "Il faut vous dire qu'au début de mon mandat, j'avais tout à apprendre sur la gestion municipale. Je m'en suis remis à mon équipe et à la DGS (direction générale des services) de l'époque avec laquelle j'ai eu des désaccords qui m'ont conduit à en changer il y a deux ans et demi. Aujourd'hui, je travaille en parfaite collaboration avec ma DGS actuelle. On me demande de changer ses méthodes, s'insurge le maire. Je n'en ferai rien. Elle m'a beaucoup apporté".
Et de conclure sur le sujet sur un "il faut respecter les règles", asséné avec fermeté. Sur la difficulté à communiquer, Guy Schramm prend le temps de développer. "Je n'ai pas de répartie à chaud. J'ai besoin de réfléchir et d'analyser. De plus, j'ai horreur des conflits et je ne ne sais pas faire".
"Mais, précise le maire, "la communication n'est pas fermée. Je suis prêt à recevoir qui désire me voir." Et de conclure :" Je suis amoureux de Beauvoisin et je veux que tout cela finisse au plus vite".
"Ni élections anticipées, ni mise sous tutelle"
Même questions, mais cette fois-ci à Mathieu Allegre. Il était sur la liste de Guy Schramm et aujourd'hui, avec douze autres élus, il est signataire de la lettre de défiance qui reproche au maire "ses méthodes" et "son repli sur lui-même avec sa DGS". Tout cela reste flou et lorsque l'on demande des éclaircissements, la réponse est brutale. "On voudrait que le maire se mette au travail. Au début, Nous étions convenus, vu son manque d'expérience, que l'on se chargerait de la gestion communale, lui laissant, les mariages, les inaugurations... Charge à lui de se retrousser les manches et d'apprendre sur le tas. Il a accepté le marché. Personne ne voulait être maire, faute de temps. Ça nous arrangeait aussi. Et puis un jour, il a changé de DGS… Et là, tout a changé. Il a voulu occuper pleinement ses fonctions de maire, mais ne s'est pas mis au travail pour autant. Quant à sa DGS, elle fait tout traîner. C'est éprouvant, rien n'avance. On ne lui demande pas grand-chose, juste de revenir à la situation de départ… C'est quelqu'un que nous respectons et que nous aimons bien mais on ne peut plus travailler comme ça !"
Dans ce cas, se pose la solution de la démission du conseil qui provoquerait des élections anticipées. "Nous n'en voulons pas, dans la situation actuelle, on perdrait le risque de ne pas être réélus et donc de ne pas finir le travail engagé." Et de conclure que la commune est dans le rouge avec un déficit de 7M€, et frise la mise sous tutelle. "Ce serait encore pire !" Que faire alors pour que la situation se débloque ? "On attend juste un SMS envoyé à l'un d'entre nous pour nous recevoir avec sa DGS et discuter. Je sais, la situation semble bloquée et la méthode est violente mais nous nous sentons dans une impasse…"
L'opposition et Beauvoisin 2020 (rassemblement citoyen) penchent d'une même voix pour des fautes de gestion partagées et une attitude irresponsable des frondeurs. La préfecture rencontrera ces derniers jeudi et a certainement déjà vu le maire. "On va nous demander de calmer le jeu et de mettre de l'huile dans les rouages", anticipe Mathieu Allegre. L'avenir nous dira comment la situation se dénouera … ou pas.