C’EST L’ÉTÉ Un accueil presque parfait à... Saint-Gilles
Tous les vendredis de l’été, à 11h30, Objectif Gard vous propose la rubrique « Un accueil presque parfait ». Pendant une journée, nos journalistes se mettent dans la peau de touristes et évaluent, incognito, l’accueil d’une commune touristique gardoise. Restaurateurs, commerçants, activités de loisirs... Aujourd’hui, direction Saint-Gilles !
« Quand on arrive en ville, tout le monde change de trottoir », disait l’autre… Ici, à Saint-Gilles, c’est encore une vérité. Rassurez-vous, elle ne le sera plus longtemps, mais la Ville entreprend des travaux de fond qui déboucheront prochainement sur une modification radicale de l’approche de la vie urbaine.
C’est le ReNouveau de la cité comme le dit le maire dans sa communication. Et pour cause, cette parole politique n’est pas des plus erronées… Mais avant le ReNouveau, il y a le présent. Et donc le chantier total pour une ville siglée UNESCO grâce à son abbatiale du XIIème siècle et à son implantation sur les chemins de Saint-Jacques de Compostelle.
Le Far-West existe encore
Venant de Nîmes, la Maison du Tourisme vous accueille en entrée de ville. Une fois cette zone d’attache passée, passons au gros de la troupe. Le centre-ville a des faux airs de Far-West mais que voulez-vous, nous sommes aux portes de la Camargue et en France, c’est à quelques encablures d’ici que l’on a tourné les premiers westerns !
À côté de l’ancien Grand hôtel du Globe qui a conservé ses inscriptions de façade rouges sur fond jaune, la petite boulangerie de l’Épi d’OR. Une fougasse bien cuite et bien grasse plus tard, avec le sourire aux lèvres, je choisis de m’installer en terrasse du Café de La Poste. Il pleut quatre gouttes, les travaux sur la chaussée sont à deux pas et le ballet des voitures et des piétons est un réel régal pour les yeux. Un café allongé à 1,5 euro, un Pac à l’eau et une série de rires en cascade à cause du proche chantier.
Avec près de 14 000 habitants pour un seul ermite qui a malgré tout donné son prénom à la ville, Saint-Gilles est touristique mais, elle l’est moins aujourd’hui qu’hier elle ne l’était. Oui, au XIIème siècle, la cité gardoise était l’un des plus gros pèlerinages chrétiens. Saint-Gilles est sur la route menant de Bordeaux à Jérusalem, sur celle de Saint-Jacques de Compostelle, sur celle de Saint-Pierre de Rome et elle n’est pas loin de la voie romaine la plus célèbre (Via Domitia). Enfin, elle signifie la fin de la Régordane.
Son port, ancien, est aujourd’hui un port de plaisance actif avec en tête de gondole la belle société The Boat qui compte investir dans le Gard pour accentuer cette activité touristique dans la région. Des petites péniches peuvent aisément être louées pour admirer autrement ce territoire au fil de l’eau.
Pour tous les goûts
Côté architecture, l’abbatiale, évidemment, mais aussi des maisons romanes avec l’art qui va avec, des ruelles médiévales, des hôtels particuliers, le Château d’Espeyran pour celles et ceux qui veulent se retrouver au vert et s’éloigner du centre-ville… Bref, il y a de quoi faire si l’on est curieux. Mais la véritable attirance du tourisme pour cette ville n’est autre que la construction religieuse. D’ailleurs, le pape Clément IV (XIIIème siècle) est natif de Saint-Gilles.
Traditions taurines assumées et mixtes entre Camargue et Espagne, belles et grandes fêtes populaires tout aussi mélangées et art de vivre à la gardoise. Sur le plateau de la Costière se met en place un vin divin et des olives dignes d’intégrer un péché capital. Sur la plaine, les arboriculteurs et les maraîchers, voire les riziculteurs, font les saisons et nourrissent les Hommes. Les artisans tirent eux aussi leur épingle du jeu en balayant les grands thèmes régionaux.
Passons à la table… Après un rapide coup d’œil sur les réseaux sociaux et quelques discussions avec les locaux, c’est à l’Atelier des Halles que je veux me restaurer. Sur le site Internet, on peut réserver. En fourbe, je le fais pour 12h15 et j’attends la réponse. Il est 10h03, elle arrive à 10h26, remarquable adaptation du commerce à la vie moderne !
Avant d’aller manger, une petite visite de l’Abbatiale s’impose. Le Parvis est flambant neuf, des galets coupés, mélangés de blocs de pierres cubiques, font le tapis et le monument reprend ses airs majestueux. L’entrée est libre mais pour accéder à la crypte, le visiteur devra débourser trois petits euros pour voir la tombe du saint (gratuit pour les pèlerins et les mineurs). Dès l’entrée au sein de la vaste église, la pierre est sublimée, les vitraux sont clairs tout comme l’éclairage qui lui aussi a bénéficié du grand programme de restauration de l’édifice. L’orgue a également été remis en ordre de marche il y a un mois à peine.
Dans la crypte où repose Saint-Gilles, il fait plus frais que dans l’Abbatiale et là aussi les travaux orchestrés embellissent et rendent plus accessible le lieu. D’autres tombes ancrent l’édifice dans l’histoire chrétienne et plongent le curieux dans des recherches virtuelles pour se rattacher au réel. Bonne expérience et un brin de solennité n’a jamais fait de mal ! Comme dans toutes les villes UNESCO, Saint-Gilles a des boutiques de souvenirs, mais la plus ingénieuse est certainement celle de l’Abbatiale elle-même.
Nous voilà sur place, à côté du tout nouveau Pavillon de la culture et du patrimoine de la ville (anciennes Halles Baltard), à 20 mètres derrière l’Abbatiale. L’Atelier des Halles est courtois et coquet, moderne et aux accents saint-gillois. Dès mon arrivée, on m’embarque à ma table où règnent huiles d’olive de la maison Jeanjean et fleur de sel de Camargue. Des détails locaux qui font la différence et qui prouvent le bon goût de la maison.
Continuons avec l’apéritif, une bière de Meynes, La Bro, ambrée et au tarif de cinq euros. Un délice rafraîchissant. Le menu est à 32 euros, logoté « fait maison ». À la carte il manque peut-être quelques mets régionaux (aigrillade saint-gilloise par exemple) mais les plats proposés sont variés. On attaque par de généreux cœurs de canards (7 euros) très bien cuits et assaisonnés à merveille.
Le service est optimal, le décorum est plaisant et le mobilier de qualité. La cuisine ouverte ajoute un côté immersif. À peine le temps de se retourner et hop, la salade César (15 euros), plus belle que Cléopâtre, est là. J’ai honte, fougasse et cœurs de canards ont bien rempli ma panse. Je ne finirai pas, avec regrets, la salade tant les ingrédients sont abondants. On m’avait prévenu ! Avec le café, la note est à moins de 30 euros, très correcte au vu des choix et de la réalisation des assiettes.
Pour la digestion, direction le port en flânant par les ruelles, puis retour à la voiture garée sur un vaste parking gratuit à deux pas du centre-ville. Saint-Gilles recèle de trésors secrets, de paysages grandeur nature, de produits du terroir tout au long de l’année et d’une histoire qui peut encore la faire vivre aujourd’hui.
Classée au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1998, la cité possède un Office de Tourisme (06.25.10.83.87). L’Abbatiale est ouverte tous les jours de 9h30 à 12h30 et de 14h à 18h sauf le dimanche (hors messe) où l’église est accessible de 14h à 18h. L’Atelier des Halles, 19 bis rue Victor Hugo 04.66.08.19.40.