Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 31.07.2021 - abdel-samari - 4 min  - vu 11797 fois

CORONAVIRUS Le directeur du CHU de Nîmes explique les nouvelles obligations pour les agents et les patients

Nicolas Best, directeur général du CHU de Nîmes Photo : Abdel SAMARI / Objectif Gard

Alors que l'hôpital nîmois doit faire face à une progression des entrées en lien avec l'épidémie de coronavirus qui sévit à nouveau dans le Gard, le directeur général Nicolas Best fait aussi le point sur les nouvelles mesures du Pass Sanitaire.

Objectif Gard : Comment vous préparez-vous à cette nouvelle vague épidémique qui touche le Gard ?

Nicolas Best : Dans le Gard, et particulièrement au CHU, nous avons relancé cette semaine la cellule de crise interne. Nous préparons la sectorisation des services pour permettre à l'établissement de pouvoir bénéficier de pavillons spécialisés en haute densité virale. Par ailleurs, la cellule territoriale qu'anime le CHU pour l'ensemble des établissements publics et privés du Gard est réactivée aussi. Mais pour le moment, même si effectivement, il y a une légère progression des entrées, nous ne pouvons pas dire que nous nous préparons à une vague aussi difficile que celle que nous avons connu à l'automne l'année dernière. Tout en restant prudent, les véritables effets commenceront à se faire sentir dans les prochains jours...

Pourquoi n'êtes-vous pas particulièrement inquiet ?

Tout simplement parce que nous avons un atout considérable : la vaccination. Elle évite les formes graves et les entrées en réanimation. Sur l'ensemble des patients actuellement hospitalisés, et particulièrement en réanimation, aucun n'est vacciné. Ceci étant dit, le taux d'incidence dans le Gard approche les 300 pour 100 000 habitants, un chiffre d'ailleurs plus élevé dans l'agglomération nîmoise, il y a donc fort à parier que nous soyons confrontés à des arrivées en nombre aux urgences pour des personnes qui n'ont pas démarré leur parcours vaccinal ou sont pour le moment, au début du processus. Et là, je peux être inquiet car ces derniers jours, nos urgences sont saturées. On le sait, chaque été, entre les différentes pathologies et les estivants, nous avons toujours un peu plus d'activité mais depuis deux week-ends, tout cela s'est accentué significativement. Sachez que nous avons eu 362 passages aux urgences le week-end dernier...

Avez-vous la capacité hospitalière pour faire face ?

Oui bien sûr car nous nous sommes donné les moyens. Et je peux dire que nous sommes l'un des seuls hôpitaux de la région Occitanie aussi bien doté en la matière. Actuellement, nous avons une importante capacité en réanimation avec plus de 80 lits. Et surtout, nous avons les effectifs adéquats car pendant cette crise, le CHU a recruté en nombre du nouveau personnel. Par ailleurs, on peut aussi s'appuyer sur les sites appartenant à l'hôpital en cas de besoin.

Revenons à la vaccination. Comment rassurer les indécis ? Les inquiets ?

En expliquant chaque fois que c'est possible que la technologie ARN Messager est une technologie ancienne, déjà utilisée pour le traitement des cancers par exemple. Que nous avons le recul nécessaire aujourd'hui d'autant que plus de 3 milliards d'êtres humains sont déjà vaccinés. Enfin, car se vacciner, c'est se protéger mais c'est aussi protéger ses proches et c'est un acte de solidarité pour tous.

Les affiches qui vont être diffusées au sein du CHU de Nîmes Photo : Abdel SAMARI / Objectif Gard

Concernant le pass sanitaire, comment il va se mettre en oeuvre au sein du CHU de Nîmes ?

D'abord pour les professionnels de l'établissement, comme le gouvernement l'a décidé, il y aura une obligation vaccinale. Sans attendre, nous avons fait preuve de pédagogie et aujourd'hui, plus de 70% du personnel est vacciné. Sur les 7 300 agents, de tous les services. Il nous faut convaincre les 30% restants d'ici le 30 septembre prochain. Depuis les annonces du Président, 600 agents supplémentaires se sont vaccinés ou ont pris rendez-vous pour cela. Dans l'objectif d'atteindre les 95% le plus rapidement possible, il est nécessaire d'avoir 300 à 400 agents vaccinés de plus chaque semaine du mois d'août. Toute l'organisation passera aussi par la médecine du travail qui informera chaque agent non vacciné sur les possibilités qui s'offrent à lui pour être en conformité avec les prochaines obligations. Si d'ici le mois de septembre, certains agents n'ont pas encore franchi le pas, les services de ressources humaines interviendront au cas par cas. En attendant, nous allons diffuser l'information par e-mail et par des affiches dans tout l'établissement.

Qu'est-ce qu'il va se passer pour ceux qui refuseront jusqu'au bout ?

Comme le prévoit la loi, ils seront considérés inaptes et leur contrat sera suspendu jusqu'à nouvel ordre. Mais je veux insister sur la responsabilité qui est la nôtre : il faut faire preuve de tact et de mesure. Nous serons souples, y compris pour ceux qui démarreront leur schéma vaccinal seulement à la rentrée de septembre.

Pour les patients et accompagnants, là-aussi, des mesures vont entrer en vigueur ?

Oui bien sûr. Le Pass Sanitaire sera rendu obligatoire probablement à partir du 6 août. Il faudra systématiquement un test PCR ou antigénique. Ou encore mieux un parcours vaccinal complet. Ce sera aussi le cas pour toutes les personnes qui interviennent au sein du CHU pour le compte d'entreprises fournisseurs, à partir du 30 août.

Comment les contrôles vont s'opérer ?

Directement aux bureaux des entrées. Consultations ou hospitalisation de jour compris. En ce qui concerne les séjours récurrents, ce sont les 250 secrétaires médicales de l'établissement qui se chargeront de ce contrôle lors de l'accueil des patients. Enfin, il y aura des contrôles inopinés par le service de sécurité de l'hôpital. Les agents de sécurité qui font un travail remarquable, je souhaite le préciser, feront preuve de pédagogie. Il n'est bien entendu pas question pour le moment de bloquer les entrées du CHU mais nous souhaitons que chacun fasse preuve de responsabilité. De notre côté, c'est le calme et la sérénité qui seront au rendez-vous pour accompagner le grand public à s'adapter à ces nouvelles mesures.

Propos recueillis par Abdel Samari

Abdel Samari

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