CORONAVIRUS Les patrons de boîtes de nuit entre abattement et fatalisme
Si vous comptiez passer le réveillon du Nouvel An en boîte de nuit, c’est râpé : le Premier ministre Jean Castex a annoncé ce lundi de nouvelles mesures pour faire face à la cinquième vague de la pandémie de covid-19, parmi lesquelles la fermeture de boîtes de nuit pour quatre semaines.
Une décision qui ne passe pas chez les patrons de boîtes de nuit, alors que l’activité repartait enfin. « On a démarré fort, très fort et on s’attendait à un excellent mois de décembre, une période importante pour le monde de la nuit, contextualise Nicolas Delprat, le patron du Victor-Hugo, à Nîmes, qui a repris cette année la discothèque le First Club, devenue depuis la Comédie. Aujourd’hui, je suis abattu. Même si on s’attend à chaque fois à être les premiers à subir les restrictions, on ne peut que mal le vivre. C’est injuste. »
Et pour cause, le patron de boîte estimant qu’« on a bien vu lors des précédents confinements que même si les discothèques étaient fermées cela n’a pas empêché les vagues d’arriver, des clusters de se former, les gens de se rassembler. Nous avons tout mis en place pour accueillir le public en toute sécurité : obligation du pass sanitaire, port du masque pour l’ensemble du personnel, etc. »
Capi, le directeur artistique de la Churascaïa, à Vauvert, est plus fataliste qu’autre chose. « On s’y attendait depuis qu’ils ont remis le masque obligatoire fin novembre. Nous avions déjà annulé la dernière soirée car pour nous c’est pas compatible », souffle-t-il.
À ce nouveau coup de massue s’ajoute l’incertitude, car nos patrons de discothèques doutent du fait que la fermeture ne durera que quatre semaines. « Ils annoncent quatre semaines de fermeture mais à mon avis ce sera plus long », avance Capi. Nicolas Delprat va plus loin : « Nous ne sommes pas dupes. Je ne crois pas qu’en janvier après ces quatre semaines de fermeture, nous serons autorisés à rouvrir. On ne sait pas comment ça va se passer, si les aides seront remises en place et de quelle manière. Et surtout, c’est ce qui est le plus difficile à supporter pour nous, on ne sait pas combien de temps ça va durer. Nous qui sommes habitués à tout planifier. C’est comme si notre vie était mise à l’arrêt. C’est angoissant. » En attendant, la seule certitude est que l’heure est aux défections. « Nous avions prévu la soirée des commerçants le 26 qui est donc annulée », regrette Capi.
Stéphanie Marin et Boris Boutet (avec Thierry Allard)