ÉDITORIAL Et vous, vous étiez où le 13 novembre 2015 ?
Nous ne sommes plus tout à fait les mêmes depuis ce soir-là. On se rappelle tous d'ailleurs où nous étions précisément. Certains au restaurant, d'aucuns dans une autre salle de concert. Probablement au cinéma aussi. Ou à se préparer pour une soirée festive. Peut-être sur son canapé à suivre son émission préférée ou une série. Pourquoi pas au travail. Le 13 novembre 2015 quand les notifications ont commencé à arriver sur les téléphones, une chose est sûre : personne n'avait envie d'être au Bataclan ou à proximité du Stade de France. Ou sur l'une des terrasses parisiennes à profiter de la vie. Car quelques malades, quelques fous, ont décidé ce soir-là de transgresser leur religion pour faire du mal. Beaucoup de mal. Ce mercredi, quand le procès historique des attentats va s'ouvrir, on aura tous une pensée pour les victimes, les familles endeuillées. Les blessés qui portent encore les stigmates de la haine. Ce procès, qui va s'étaler dans la durée et marquera probablement l'histoire, comme cet évènement douloureux pour tous les Français, ne ramènera personne. Ces actes horribles, maudits, sont impardonnables. Et la trentaine de prévenus devant la cour d'assises de Paris, même s'ils obtiennent la condamnation la plus lourde possible, la perpétuité, ne ramèneront pas nos morts. Malgré tout, ce mercredi, c'est notre humanité qui en jeu. Aussi difficile que soit la situation, aussi forte soit notre douleur. La justice doit passer. Et accepter de juger, et s'incliner devant la sanction, c'est jeter les bases de la réconciliation avec nous-même. Car ce sont des humains qui ont perpétré ces attentats inhumains. Et cette cour, composée de magistrats professionnels, devra trouver les ressorts pour apporter des réponses. Bien sûr que l'exemplarité de la peine doit être à la hauteur de celle ressentie par tous. Mais on a besoin de comprendre le cheminement qui a mené à tant d'indignité. Pour ne plus que cela recommence. Pas ici, pas maintenant. Pas en France. Notre pays si ouvert, si libre, si juste, quoi que l'on en dise...
Abdel Samari