ÉDITORIAL Mauvaise passe pour le pass
En passe de devenir un pass vaccinal après un fumeux tour de... passe-passe, le fameux pass sanitaire a passé une mauvaise passe. Derrière les allitérations se révèle la réalité d'une campagne électorale où, comme d'habitude, tous les coups seront permis qui se profile de plus en plus clairement. Minuit avait tout juste sonné dans la nuit de lundi à mardi qu'à l'Assemblée nationale le carrosse médical du ministre de la Santé Olivier Véran se transformait en citrouille avec la suspension de séance sur l'examen du projet de loi annoncée par la vice-présidence de la chambre haute, Annie Genevard (Les Républicains). Sous l'impulsion des élus LR, auxquels avaient emboîté le pas La France insoumise et le Rassemblement national, ravis de tirer sur l'ambulance ministérielle et rejetant majoritairement de poursuivre la séance et l'examen de quelque 500 amendements qui restaient à étudier, les députés ont remis à ce mardi après-midi ce qu'ils ne voulaient plus faire nuitamment. Si sur le fond, l'issue ne devrait pas en être radicalement changée, l'épiphénomène aura permis de faire monter une mayonnaise qui ne devrait pas tarder à tourner au vinaigre entre la majorité La République en marche et ses alliés du MoDem et Les Républicains, désormais incarnés par la candidate Valérie Pécresse. Laquelle blonde présidente de la Région Île-de-France s'était déclarée favorable au pass sanitaire et s'est empressée mardi soir d'assurer que le groupe LR ne s'opposerait pas au texte. Pas forcément au diapason de ses troupes chez qui on trouvait la majorité des auteurs des amendements, d'ailleurs. Cette passe d'armes urticante aura, quoi qu'il en soit, fait du bien à l'ego de la Droite qui entend bien montrer les muscles et étaler la testostérone face à la majorité présidentielle d'ici l'échéance ultime. D'ici là et en attendant, les députés aboient et le passe... passe.
Philippe GAVILLET de PENEY