ÉDITORIAL Tenir le cap dans l'adversité
Il n'avait pas pris la parole depuis cet été. L'instant Président, c'est ce soir. Dans une allocution solennelle, Emmanuel Macron, qui use et abuse de ce privilège, va une nouvelle fois s'exprimer devant les Français. Alors ce moment a certainement été longuement préparé pour qu'il soit le plus puissant possible. Le chef de l'État veut reprendre la main sur l'actualité politique, lui qui reçoit des coups du matin au soir de tous les candidats qui veulent sa place. En premier lieu Éric Zemmour, la véritable surprise de cette campagne pré-présidentielle. Il semble lui hérisser les poils. Peut-être tout simplement car le polémiste adopte la même stratégie que lui en 2017 : faire irruption dans le débat alors qu'il n'a jamais été élu. À une différence près : le candidat Macron il y a cinq ans avait une autre envergure et un programme beaucoup plus progressiste. N'empêche, la percée dans les sondages du turbulent d'extrême-Droite cache une réalité : une partie des Français est irréconciliable avec le pouvoir en place. Pour être efficace dans sa prise de parole, le locataire de l'Élysée fera donc appel à tous les bons ingrédients. Un peu de peur, pour faire comprendre que l'épidémie de coronavirus est loin d'être finie. La troisième dose sera donc capitale comme le prolongement du pass sanitaire. Sauf si l'on veut se retrouver dans la même situation que nos voisins européens. Après les frissons, le président se fera rassurant. Sur le volet économique notamment. Tous les indicateurs sont dans le vert, il ne va donc pas se priver de s'en faire l'écho. Notamment concernant le chômage qui n'avait jamais atteint un tel niveau depuis bien longtemps. Macron va surfer sur le sujet et insister probablement sur l'absolue nécessité de se mettre au travail. Pour rembourser l'argent magique, y a pas vraiment le choix. Ce sera du reste au centre de sa campagne en 2022 à coup sûr. Il a du boulot tant le chômage partiel a bousculé le monde économique. Les pratiques professionnelles se sont modifiées avec le télétravail. Difficile de convaincre à présent de nombreux salariés de revenir aussi facilement au sein des entreprises. Il aura enfin une autre épine dans le pied : sa fameuse réforme des retraites. Elle devrait être reportée aux calendes grecques. Ce sera l'une des promesses non tenues du quinquennat. Car pour le reste, il y a de grandes chances pour que le catalogue des mesures soit rappelé. Emmanuel Macron voudra absolument faire la démonstration de son efficacité en toute circonstance. À la différence de ses prédécesseurs, contre vents et marrées, il a tenu bon. C'est peut-être là où il a réussi le mieux. Tenir le cap dans l'adversité. N'en déplaise à ses détracteurs.
Abdel Samari