ENQUÊTE Pirates de la route, évasion armée au tribunal : des Nîmois dans les griffes de la Justice
Cinq hommes originaires du quartier du Mas de Mingue à Nîmes ont rendez-vous avec la justice. La juge d'instruction a terminé fin mars son volumineux dossier de vols avec violence survenus durant l'été 2017 sur les autoroutes A7 et A9.
Ils sont poursuivis pour " vols avec armes et en bande organisée et association de malfaiteurs", mais aussi des vols et destructions de véhicule ayant servi à commettre les agressions. Certains ont déjà été condamnés pour des faits similaires et sont en récidive.
Ils détroussaient et frappaient des touristes sur les autoroutes
Des actions violentes, une dizaine au total, qui se sont déroulées de nuit entre le 21 juillet et le 13 septembre 2017, dans le Gard, mais aussi le Vaucluse et l'Hérault, toujours sur les autoroutes. Des hommes munis de cagoules percutaient en roulant des grosses berlines immatriculées dans des pays étrangers notamment en Suisse et en Allemagne.Ils utilisaient toujours le même mode opératoire : les malfaiteurs dérobaient une automobile dans le Gard juste avant leur périple sur l'axe routier. Après l'agression, le véhicule était incendié. Les tôles brûlées étaient souvent retrouvées près de Nîmes laissant supposer que le gang était basé dans ou près de la capitale gardoise.
Les victimes réagissaient toujours de le même façon en s'arrêtant sur la bande d'arrêt d'urgence ou sur les aires de repos les plus proches. C'est à cet instant que les agresseurs, armés et violents, parvenaient à dérober la voiture ciblée et repartaient avec elle. L'argent liquide et les bijoux que des touristes étrangers emportaient avec eux étaient systématiquement dérobés.
Des scènes de violences sur les autoroutes mais aussi au domicile d'un homme de 86 ans qui a été violemment agressé près de Nîmes et qui avait eu une ITT fixée à 45 jours. Dans ce dossier c'est le seul braquage à domicile imputé aux nîmois.
80 gendarmes au quartier du Mas de Mingue
Un commando armé libère un détenu au Tribunal de Tarascon
Deux suspects vont particulièrement faire parler d'eux un peu plus tard. Un jeune du quartier du Mas de Mingue ne sera pas retrouvé lors de l'opération d'interpellations de la gendarmerie de septembre 2017. Mais il se fera remarquer le 28 janvier 2019 à Tarascon. Il participe à un commando armé qui a permis de libérer un jeune homme également mis en examen dans le dossier des "pirates de la route". Cet homme libéré avec violence alors qu'un véhicule de la pénitentiaire arrivait devant le Palais de Justice de Tarascon, c'est Lofti Boussouak.
Pendant la cavale, de nouvelles agressions sur l'autoroute
Malgré le gros dispositif de recherche pour retrouver le commando et le fugitif de Tarascon, il faudra attendre 6 mois d'enquête et juillet 2019 pour retrouver l'évadé et ses complices. Ils étaient cachés dans une discrète maison à Concoules, un village situé à 30 kilomètres au nord d'Alès. Et s'ils ont été ciblés, c'est que pendant sa cavale Lofti Boussouak et ses "copains", ont à nouveau détroussé les touristes l'A7 et l'A9 sur un tronçon allant d'Orange dans le Vaucluse à Remoulins dans le Gard. En quelques jours, ces hommes armés ont subtilisé avec violence des voitures Audi et Mercedes. C'est d'ailleurs une Mercedes volée qui va permettre aux enquêteurs de remonter vers les suspects et de comprendre que "la bande à Boussouak" se cache dans les Cévennes au-dessus d'Alès et près du Mont Lozère. En juillet 2019, une imposante action de la police judiciaire et des gendarmes de la Section de Recherches de Nîmes va permettre de "coffrer" les suspects, des copains d'enfance du Mas de Mingue pour la plupart.
5 d'entre-eux donc répondront des agressions et vols sur les touristes étrangers. L'audience est prévue en mai prochain devant le tribunal correctionnel de Nîmes. Mais Lofti Boussouak est également mis en examen dans un dossier distinct pour son évasion de Tarascon, et il est suspecté d'autres agressions sur les autoroutes des Bouches-du-Rhône et du Var dans un troisième dossier à l'instruction à Aix-en-Provence.
Boris De la Cruz