FAIT DU JOUR À Aubais, la lumière est citoyenne
La transition écologique n'est pas une lubie écologiste. Elle émane d'un long ressenti, d'une grande réflexion et d'un désir grandissant de retrouver une douceur de vivre et de consommer, perdue au fil des décennies d'abondance plastique et argentée.
À Aubais, le week-end dernier a été inauguré le premier parc photovoltaïque citoyen. S'il n'est pas tout à fait le premier, c'est la première fois en France qu’un parc photovoltaïque au sol est financé par des citoyens sans aucun apport bancaire. La nuance est maigre et le concept poussé à son paroxysme. Projet d’avenir conjugué au présent, utopie citoyenne devenue réalité, le parc affiche désormais 714 panneaux posés au sol sur près de 1 472 m². Le tout, il fallait y penser, situé sur le site de l’ancienne décharge d’Aubais !
Depuis samedi, le parc produit l’équivalent annuel de la consommation électrique de 150 foyers hors chauffage... Que dire ? À la baguette du projet, une association créée il y a quatre ans. « Les Survoltés » ont remporté l’appel à projet « Énergies coopératives citoyennes et solidaires » en novembre 2014 assorti d'une dotation de 100 000 euros. Une belle base pour la suite. La SAS « Le Watt citoyen » voit le jour en juillet 2015 (co-fondée par Les Survoltés et Luxel), la commune d'Aubais est entrée dans la danse août 2016, la souscription citoyenne a eu lieu de décembre 2016 à décembre 2017 et les travaux se sont achevés il y a quelques semaines.
L'association les Survoltés favorise le développement des énergies renouvelables sur son territoire. Elle promeut les principes du scénario "négawatt" (la sobriété, l’efficacité et les énergies renouvelables) avec pour objectifs de porter localement des projets d’intérêt collectif et sans but lucratif, de produire des énergies renouvelables, et de tout mettre en œuvre pour rendre possible des économies d’énergie. Basée à Pérols, Luxel intègre les compétences transversales lui permettant de concevoir, réaliser et exploiter des installations de production d’énergie basées sur des ressources renouvelables. C'est elle qui fut maître d'oeuvre du projet. L'énergie collectée sera prise en charge par Enercoop, seule entreprise française (depuis l’ouverture à la concurrence du marché de l’électricité en 2004) à s’approvisionner directement et à 100 % auprès de producteurs d’énergies renouvelables.
Pour une addition finale de 349 378 euros, ce parc est un modèle du genre et devrait même faire des émules partout en France. Les citoyens ont mis la main à la poche à hauteur de 175 350 euros. Le plan d’affaires intégrait le recyclage des produits, en particulier les capteurs. En effet, près de 92 % d'entre eux sont recyclés. Comme l'événement en est un vrai, l'occasion était belle pour faire les choses en grand tout en tentant de conserver l'esprit bon enfant, cher à ces citoyens militants.
" Répondre aux enjeux énergétiques de demain implique d’engager dès aujourd’hui une véritable transition, pour que chaque individu puisse se sentir concerné par son environnement énergétique, politique, social… La maîtrise de la consommation et le développement des énergies renouvelables sont bien sûr nécessaires, mais rien ne sera possible sans une implication de chacun, habitant, consommateur et élu ", évoquent les Survoltés.