FAIT DU JOUR À Nîmes, le ministre de l'Écologie face aux risques naturels
Le Gard est souvent en proie à de meurtrières inondations. Hier, le ministre de l’Écologie, François de Rugy, a visité le service de prévision des crues.
C’est ce que l’on appelle une visite éclair… En déplacement à Montpellier pour l’ouverture des Assises nationales des risques naturels, ce lundi, le ministre de la Transition écologique a fait étape à Nîmes. Une escale d’une demi-heure au service de prévision des crues Grand Delta. Ici, une vingtaine de fonctionnaires surveillent la montée des cours d’eau sur onze départements, dont le Gard.
35% des Gardois vivent en zone inondable
Notre département est l’un des plus touchés par les inondations. Les plus connues (et les plus meurtrières) sont celles de 1988 et 2002. « En 1988 à Nîmes, il est tombé 420 mm en 8 heures », rappelle le chef de pôle, Pierre-Yves Valentin, au ministre de l’Écologie. Le bilan est dramatique : 11 personnes sont décédées, 45 000 sont sinistrées et près de 700 M€ de dégâts.
En cause, les fameux épisodes cévenols où les nuages, bloqués par les reliefs, déversent des pluies torrentielles. Ajouté à cela, une autre particularité bien gardoise : le nombre important de cours d'eau. « La Cèze, le Gardon et le Vidourle présentent des pentes importantes qui donnent de la vitesse au déferlement des eaux », poursuit le scientifique.
Aujourd’hui, 35% des Gardois vivent en zone inondable (contre 25% pour la moyenne nationale). D’où « l’intérêt d’avoir des services de l’État avec des outils efficaces et de plus en plus précis », affirme François de Rugy.
Des phénomènes difficiles à prévoir
Des propos rassurants pour le service de prévision des crues. Les dernières annonces du gouvernement (suppression de 120 000 postes dans la fonction publique dont 2 000 pour Météo France, NDLR) inquiètent… Pierre-Yves Valentin souligne alors l’importance de l’expertise des scientifiques : « Il faut 4 à 5 ans pour commencer à être un spécialiste. »
Si les machines sont performantes, rien ne remplace l’homme. Le chef de pôle en veut pour preuve l'épisode pluvieux-orageux d’Anduze, en 2015 : « À 8 heures du matin, le modèle calcule une montée des eaux qui n’est pas alarmiste. Or, par la suite, en 4 heures, 200 mm sont tombés sur la commune ! » En cas d’épisode intense, « nous délivrons deux fois par jour une carte de vigilance à la préfecture, aux maires ainsi qu’aux pompiers lorsqu’il y a des sites à évacuer. »
Une méthode de travail qui a cimenté la culture du risque dans le Gard, même si, « nous devons, chaque année, sensibiliser les touristes et nouveaux habitants », pointe Geneviève Blanc, vice-présidente du Gard, déléguée à l'environnement et à la prévention des risques.
Lutter contre l’urbanisation massive
Du côté des pouvoirs publics, de gros travaux ont été engagés - notamment à Nîmes - pour permettre de recueillir les eaux. « Dans le Gard, 65% des communes sont couvertes par un plan de prévention des risques inondations qui permet également d’empêcher la construction en zone de risque fort », note le directeur de la DDTM (Direction départementale des territoires et de la mer ), André Horth. Ce n’est pas vrai partout. Témoin Alès où un espace commercial - baptisé Porte Sud - est en pleine construction sur une zone inondable.
La préfecture est également vigilante à l’urbanisation des espaces naturels et agricoles. Elle vient de durcir sa réglementation en matière de construction. Depuis 1950, le Gard a perdu quelques 34 000 hectares de terres arables. Des espaces permettant d’absorber naturellement l’eau des pluies diluviennes.
« Dire non à telle ou telle construction, c’est difficile. Les services de l’État sont là pour protéger les personnes dans la durée », commente le ministre. À Uzès, son camarade et ex-député écologique, Christophe Cavard, appréciera, lui qui est vent debout contre la récente autorisation accordée par le préfet de créer la zone commerciale des Sablas à Montaren…
Coralie Mollaret