Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 23.09.2020 - boris-boutet - 3 min  - vu 8733 fois

FAIT DU JOUR Épisode cévenol : récit d'une journée en enfer

Des intempéries ont frappé le Gard ce samedi, comme ici à Valleraugue. (Photo DR)

Des intempéries ont frappé le Gard ce samedi, comme ici à Val d'Aigoual. (Photo DR)

Des intempéries très importantes ont frappé le département du Gard ce samedi. Plus de 500 mm de précipitations tombés en une journée, ce qui a fait basculer le Gard en vigilance rouge pour les crues. Côté bilan, une personnes disparue et plus de 400 évacuées. 

"C'est une situation qui s'observe tous les 50 ans." C'est par ces mots prononcés au micro d'Objectif Gard que le préfet Didier Lauga résumait les intempéries qui ont touché le département ce samedi. Alors que les premières précipitions s'abattaient sur les Cévennes depuis le lever du jour, Météo France plaçait le Gard en vigilance orange dès 8 heures du matin. Le début d'une journée en enfer. Car très vite, la réalité a surpassé les prévisions.

Asséchés au terme de l’été, le Gardon, l'Hérault et de nombreux cours d’eau cévenols ont bondi d'un seul coup. Côté vigilance, l'orange a viré au rouge en début d'après-midi et de nombreuses routes départementales ont été barrées. La circulation a également dû être coupée sur plusieurs ponts submersibles.

Le pont de Cassagnoles a été barré ce samedi après-midi. (Photo Corentin Migoule)

Le Viganais et l'Aigoual figurent parmi les secteurs les plus touchés. "Plus de 500 mm de précipitations y sont tombés en une journée", souligne le préfet. Deux cents personnes ont été évacuées et mises en sécurité sur la commune de Valleraugue. Pire, une personne est portée disparue. Il s’agit d’une aide-soignante de 64 ans en poste à l’hôpital de proximité du Vigan qui se trouvait près du hameau de Pont d’Hérault, pour dispenser des soins à domicile. Son véhicule a été emporté par le courant. À 22h, les pompiers indiquaient qu'elle n'avait toujours pas été retrouvée.

À Valleraugue, les intempéries ont ravagé une partie du village. (Photo DR)

Un hélicoptère de la gendarmerie a également été mobilisé pour la retrouver, sans résultat pour le moment. "La force du courant est telle que l’on ne sait pas où chercher", regrettait en soirée le colonel Haas, commandant du groupement de gendarmerie du Gard. "Les conditions météorologiques extrêmement mauvaises nous obligent à interrompre le survol de la zone car nous n’avons plus aucune visibilité."

Anduze et Saint-Jean-du-Gard très touchés

Autres communes sinistrées, Anduze et Saint-Jean-du-Gard dénombrent elles aussi environ 200 personnes évacuées de leurs habitations. Peu avant 13 heures, la situation devenait déjà critique pour la commune anduzienne. Situé en lisière du Gardon, en sortie du village de La Madeleine, le camping le Bel Été d’Anduze, coutumier du fait, était déjà sous les eaux.

Le camping Le Bel été, à Anduze, est sous les eaux. (Photo Corentin Migoule).

Dans le cœur de la ville, la circulation s’est très vite tendue. Surpris par une montée des eaux si soudaine, les automobilistes avaient parfois du mal à comprendre pourquoi les équipes de gendarmerie déployées aux quatre coins de la ville leur barraient l’accès. D’autant qu’à ce capharnaüm venaient s’ajouter les pilotes du traditionnel rallye des Camisards, tout juste annulé après que le pont de Gras à la sortie de l'Estréchure, sur le parcours, ne soit submergé. Dans le même temps, des dizaines de curieux se pressaient sur le pont de Brignon. Après des mois de sécheresse, le Gardon se remettait à couler.

Si la première vague faiblissait en Cévennes au fil de l’après-midi, les prévisions de Météo France n’incitaient pas à l’optimisme. Une deuxième vague orageuse, qui allait cette fois concerner tout le département, était annoncée en soirée. Contactée par téléphone aux alentours de 19 heures, Geneviève Blanc, maire d’Anduze, se voulait plutôt rassurante. "Le niveau d’eau baisse à Saint Jean du Gard et à Mialet. Donc ça ne devrait pas impacter trop durement Anduze. Mais le niveau d’alerte est tout de même maximal. On est en train de voir si l’on peut dégager un passage sur le haut d’Anduze pour relancer la circulation en évitant la rue basse."

La sécurité civile mobilisée

Du côté des secours mobilisés, les chiffres sont impressionnants. 450 pompiers, 400 militaires de la gendarmerie et 4 embarcations des marins-pompiers de Marseille sont sur le pont. Au total, 34 sauvetages ont été effectués sur les vallées du Gardon et de l'Hérault.

Une surveillance du réseau routier a également été mise en place et s’est poursuivie toute la nuit. "Les motards ont patrouillé sur l’ensemble du département pour répertorier les axes coupés et l’unité territoriale a fourni un appui aux sapeurs-pompiers quand c’était nécessaire" , détaille le Colonel Laurent Haas, qui recevra la visite des ministres de l'Intérieur et de la Transition écologique, Gérald Darmanin et Barbara Pompili.

2 500 foyers privés d'électricité

Les intempéries ont également impacté le réseau électrique. Hier soir, 2 500 personnes étaient privées d’électricité sur les communes de Val d’Aigoual, Saint-André de Majencoules, Mandagout, Saint André de Valborgne et Les Plantiers. Des renforts d’Enedis de l’ex-région Languedoc-Roussillon ont été appelés pour poursuivre les réparations ce dimanche.

Dans la soirée, l'épisode cévenol s'est déplacé sur le littoral et les plaines. En prévention, le préfet décidait de raccourcir la soirée des fêtards de la Feria, tous les bars et restaurants devant fermer à minuit. Une peine qui parait bien légère face aux dégâts déjà causés par l'épisode cévenol.

Corentin Migoule, Corentin Corger et Boris Boutet

Boris Boutet

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