FAIT DU JOUR L'ancienne abbaye cistercienne de Franquevaux dévoile son histoire
Propriété de la commune de Beauvoisin, le hameau de Franquevaux s'est construit après la Révolution française sur les ruines d'une abbaye cistercienne dont certaines traces restent apparentes. Un sentier d'interprétation a été inauguré ce vendredi pour valoriser ce patrimoine exceptionnel de la Camargue gardoise.
À moins d'être un cycliste ou un randonneur souhaitant rejoindre ViaRhôna, on ne passe pas à Franquevaux. On choisit de s'y rendre. Petit hameau isolé à une dizaine de kilomètres de Beauvoisin, la commune dont il dépend, Franquevaux dispose pourtant d'atouts touristiques méconnus. Les vestiges de son abbaye, construite par des moines en 1143, sont encore visibles chez certains particuliers qui s'y sont depuis installés. Pour valoriser ce patrimoine historique, une signalétique a été installée et cinq panneaux pédagogiques retraçant l'histoire de l'abbaye ont été créés, formant un véritable sentier d'interprétation au cœur du hameau.
"On a l'habitude de dire que Franquevaux est la vitrine de Beauvoisin, a déclaré Guy Schramm, maire de la commune, ce vendredi au moment de l'inauguration du sentier. C'est encore plus vrai aujourd'hui." Les travaux ont été pris en charge par le syndicat mixte de la Camargue gardoise et l'office de tourisme Cœur de Camargue pour un total de 14 500€. Un investissement nécessaire selon son président Alain Reboul : "Après la rénovation de la chapelle en 2009, ce sentier a pour but de faire renaître l'abbaye en valorisant ses vestiges, de rendre compte d'une histoire méconnue du public et de dynamiser l'activité touristique autour du site."
Particulièrement fière des réalisations, Monique Christol, adjointe au maire de Beauvoisin en charge de Franquevaux, a quant elle souligné l'importance de ces panneaux pour la défense de l'identité du hameau. "Aujourd'hui, l'abbaye est très peu visible. Il ne reste plus que quelques traces chez des particuliers, explique-t-elle. Le hameau est né sur les vestiges de l'abbaye. Il faut que les habitants se réapproprient le lieu. Cette reconnaissance de l'abbaye de Franquevaux s'inscrit dans une démarche portée par le Grand site Occitanie avec la création d'un circuit des abbayes. Elle va aussi permettre de développer le tourisme équestre et l'œnotourisme."
Véritable mémoire vivante des lieux, Pierre Boyer, né sur place, distille ses anecdotes aux premiers visiteurs. "L'abbaye a été construire par une douzaine de moines au milieu du XIIe siècle, raconte-t-il. Elle s'est très vite développée jusqu'à compter 24 moines en 1209 et accueillir de nombreux pèlerins et voyageurs."
Un âge d'or qui se poursuit pendant plusieurs dizaine d'années avant un net déclin au cours du XIVe siècle. Devenue la seule abbaye de Petite Camargue subsistante au XVIe siècle, elle est saccagée et abandonnée par les moines après l'attaque Huguenote de 1562. Il faut attendre près d'un siècle pour que l'abbé de Morimond exige sa reconstruction et le retour des moines à Franquevaux. Incendiée en 1702, l'abbaye est à nouveau reconstruite et connaît une croissance importante jusqu'à la Révolution française, période à laquelle les bâtiments sont saisis en tant que biens nationaux.
"Au premier étage vivait l'abbé, montre Pierre Boyer en désignant une partie de l'abbaye entièrement rénovée et transformée en gîte. Il y avait ici un certain luxe pour l'époque, avec un jardin clôturé et des écuries par exemple. C'était une façon pour l'Église de montrer sa puissance. Les moines ont même obtenu la construction d'un pont sur le canal du Rhône à Sète afin de pouvoir exploiter la roselière."
C'est sur ce pont justement, que se situe le dernier panneau du sentier d'interprétation. Le clou de la visite. Surplombant les marais à perte de vue, le modeste édifice offre un panorama typiquement camarguais, à couper le souffle. "À 12 kilomètres, droit devant, il y a les Saintes-Maries-de-la-Mer ", indique Pierre Boyer. Et lorsque que le visiteur parvient à détourner le regard sur la beauté offerte par le présent, un panneau pédagogique lui rappelle ce qu'il aurait pu voir des siècles auparavant. Un temps où Franquevaux était traversé par bien plus que quelques randonneurs.
Boris Boutet