FAIT DU JOUR Les jeunes gardois, entre mal-être et espoir d'avoir
L'UDAF du Gard est une structure qui agit dans l'intérêt des familles, qui observe leurs besoins et développe en gérant de nombreux services destinés à ces publics divers et variés.
Comme cela fut le cas les années précédentes, l'UDAF poursuit sa logique. Après s'être intéressée de près aux 6-14 ans puis aux 14-18 ans, elle vient de boucler une énorme enquête évoquant avec force la vie quotidienne des Gardois âgés de 18 à 24 ans.
Sous leurs airs de joyeux, les jeunes vont mal, ou plutôt pas très bien. Vivons-nous dans le même monde ? " Ils semblent manquer de considération, d'aide, d'information, et ne comprennent pas toujours les méandres administratifs. Avec les résultats de cette enquête, nous voulons aider les politiques publiques à mieux comprendre le monde dans lequel évoluent les jeunes. C'est un public méconnu et auquel il est difficile d'accéder, ils sont tous de potentiels gilets jaunes car ils ont les mêmes revendications ", note en préambule Véronique Palmer, directrice de l'UDAF 30.
Et pour cause, au vu des chiffres de l'enquête, il y a du souci à se faire car la jeunesse gardoise connaît les pires difficultés à intégrer dignement le monde des grands. Par manque d'envie ? Par des choix inadaptés ? Ou simplement parce que la société évolue sans tenir compte de leur précaire situation ?
Plus de 80 questions et des réponses sincères
" Cette enquête amène de l'humilité en tout cas... ", avoue Christophe Boulanger, responsable du service action sanitaire et sociale, formateur, superviseur de structures sociales à la MSA 30. Déballons les chiffres car qui dit enquête dit données statistiques. Pour le coup, elles sont percutantes car près de 1200 jeunes Gardois ont répondu aux 80 questions posées en ligne. Des jeunes qui sont restés anonymes mais qui sont parfaitement représentatifs de la jeunesse du département.
Aux côtés de la Caisse d'allocations familiales, du Conseil départemental du Gard et de la Mutualité sociale agricole, l'Observatoire de la famille de l'UDAF a fourni un sacré travail modélisé sur des axes forts comme l'emploi, le budget, le logement, la santé, les transports, les loisirs ou encore l'engagement citoyen et l'entourage. Le Gard compte plus de 52 000 jeunes de 18 à 25 ans soit plus de 7 % de sa population. Jeunes adultes, lycéens, étudiants, chômeurs ou actifs, on sait maintenant presque tout sur cette partie de la population.
Parmi les 1 254 sondés, 65 % sont des femmes, 78% sont allocataires de la CAF et 2 % de la MSA ce qui veut dire que 20 % n'ont aucune aide venant de l'État. Quand on parle emploi, on se rend compte que 47 % des 18-24 ans sont en CDI et 26 % sont à temps partiel. En moyenne, un jeune gardois met près de huit mois pour trouver son premier job. 85 % touchent moins de 1 300 euros mensuels (dont 46 %moins de 1 100 euros).
53 % des jeunes sont inquiets pour leur avenir professionnel
On pourrait alors croire qu'ils ne sont pas contents. Que nenni ! Surprise, ils sont satisfaits de leur emploi à 81 % même s'ils ne sont que 21 % à avoir trouvé un job dans leur domaine de formation. Par contre, près de 2/3 des jeunes gardois sont prêts à quitter le département pour tenter l'aventure professionnelle ailleurs. 53 % sont inquiets quant à leur avenir professionnel.
81 % ont des difficultés financières et d'accès au logement. Quand ils en trouvent un, il est souvent trop bruyant, difficile à chauffer, humide et trop petit. 43 % habitent dans moins de 24 m² et 1/3 des jeunes n'est pas parvenu à faire face à certaines dépenses.
Pire, 40 % ressentent des difficultés à se nourrir même si les parents contribuent souvent aux charges. Alimentation déséquilibrée et choix de consommation facile et rapide sont légion. 3/4 d'entre eux ne respectent pas la règles des cinq fruits et légumes par jour et 1/3 va au moins une fois par semaine au fast food. Pourquoi ? C'est plus pratique pour 75 %, c'est moins cher que de faire les courses pour 78 %. Et comme 25 % ne savent pas cuisiner, 18 % n'aiment pas les fruits et les légumes, CQFD... 5 % font même appel à l'aide alimentaire.
Tabac, ivresse, calmants, antidépresseurs...
La santé est un autre véritable problème pour les jeunes. Si 89 % s'estiment en bonne santé, 7 % n'ont pas vu de professionnel de la santé au cours de l'année et 39 % ont d'ores et déjà renoncé aux soins pour des raisons financières... 30 % des jeunes sont fumeurs du quotidien, 17 % connaissent au moins un épisode d'ivresse dans le mois et 22 % ont déjà consommé des calmants, antidépresseurs et somnifères. Un chiffre qui fait froid dans le dos.
Les transports, onéreux, sont eux aussi l'enjeu de demain pour la jeunesse gardoise. Près de 3/4 des jeunes ont le permis de conduire et 59 % ont un véhicule même si le coût moyen du permis de conduire est de 1 288 euros. Pour les jeunes, les transports en commun ne sont pas adaptés à leur mode de vie et posent problème à 36 % d'entre eux.
Si les femmes regardent plus la télé et sont plus actives sur les réseaux sociaux que les hommes, les Gardois se rassemblent plus entre potes et jouent plus aux jeux vidéos que leurs comparses féminines. 72 % des jeunes sondés sont allés voter aux dernières élections. 2/3 ne se sentent pas concernés par la radicalisation mais 32 % se sentent discriminés quand 38 % ont déjà connu le sentiment récurrent d'un isolement fragmentant.
Des préoccupations humaines ?
En somme, pour 85 % des jeunes gardois, trouver un emploi est la préoccupation majeure. Elle est suivie par gagner de l'argent à 59 %, voyager et fonder une famille à 22 % chacune et à 17 % par une installation en couple même si les hommes en ont moins envie que les femmes.
Plus on est jeune, plus on est pauvre, voilà le sentiment final de cette enquête. Cela augmente plus rapidement encore au sein de cette frange de la population que pour le reste des Gardois. Il y a du boulot !
La prochaine enquête devrait porter sur les loisirs et les vacances des familles gardoises.