FAIT DU JOUR Nîmes est encore la reine de l'arène
Nîmes n’est évidemment pas sujette aux mêmes enjeux que ceux d'Alès en matière de cartels mais elle doit jouer serré si elle ne veut pas perdre de sa superbe. C’est ainsi en tauromachie… Hier comme aujourd’hui ! La corrida n’accepte pas la médiocrité, elle la repousse bien plus loin que la place qu’on a l’habitude de lui attribuer dans notre société.
Nîmes a cependant une chance. En place depuis 1980 à la tête des arènes, Simon Casas est l’empresa qui a fait vibrer des générations d’aficionados. Quand on est délégataire des plus grandes arènes d’Espagne (et de tant d’autres), des plus prestigieuses et des plus cotées, quand on est par-dessus tout Français dans un univers ibérique hermétique, on se doit de sortir des lapins de son chapeau tous les jours pour rester au sommet. Sans lapin, pas de toro ?
L’Espagne a du mal à faire le plein de ses arènes. Même les grandes ferias pâtissent de la crise économique mais aussi de l’image... écornée de la tauromachie. L’aficionado est devenu une bête informe qui doit errer au fil de ses coups de cœur car les repères ancestraux qu’il avait se sont envolés. La France s’en sort pour l’instant avec les honneurs et ses gradins, même s’ils ne font pas forcément le plein, sont moins dégarnis que la calotte crânienne de Fabien Barthez. Mais Nîmes devra toujours se battre même si elle est prise en exemple outre-Pyrénées.
Déficit d'image et de fréquentation
Nîmes est devenue au fil des décennies la première arène de France. La reine de l’arène. Les années 1980 furent flamboyantes, la décade suivante fut celle de la jeunesse fougueuse et des novilladas surchauffées, celle d’après fut la décennie de la mise en scène, celle où nous sommes actuellement est celle d’une fin de cycle taurin mais nous voilà déjà prêt à quitter les années 2010 pour entrer en 2020. Qui aurait dit que la corrida allait perdurer autant dans un monde aseptisé ?
Les animalistes, les antispécistes, les vegans, bref, les anti-tout sont encore là, ils prennent de la place mais la corrida reste immuable et nous confronte à des problématiques contemporaines malgré son archaïsme primaire.
C’est là que les enjeux nîmois font leur apparition. Nîmes tient son rôle de première arène de France mais pour cela, il lui faut faire quelques sacrifices. Nîmes doit proposer des cartels clinquants pour attirer le public sans pour autant délaisser le toro et ses armes. Une dualité avec laquelle elle doit composer pour rester en vie.
Réussir le diptyque Toro-Torero
S’intéresser aux seuls toreros n’aurait pas de sens. Le toro doit avoir le rôle principal au sein de la corrida. C’est cet animal totem que l’on vient voir en premier. Le fourbe piéton qui esquive sa charge est secondaire même s’il est primordial, aujourd’hui plus qu’hier. Les grands noms sont devenus grandiloquents. L’aficionado connaisseur lui préfère cent fois des noms moins clinquants mais plus vaillants comme ceux que l’on va retrouver en clôture.
Mais l’aficionado ira sans nul doute à la corrida du dimanche après-midi. D’un côté des toros braves, de l’autre des piétons ingénieux. Une tauromachie de combat face à une autre plus artistique. Un duel guerrier contre une opposition feinte. Mais pourquoi opposer ces deux styles quand ils sont nécessaires afin de satisfaire la demande ? Simon Casas a le don d’allier la guerre à la paix. Là se situe l’enjeu crucial de Nîmes. Balancer entre les deux, jouer avec les deux. Il faut ces deux tauromachies, ces deux concepts pour retrouver un peu d’oxygène. La diversité des toros se perd au profit d’un maillage génétique moins intéressant mais plus enclin avec les temps modernes.
La corrida a finalement évolué mais n’a-t-elle pas perdu l’essence de son art ? Que nenni, elle fait toujours débat et c’est en cela qu’elle est nécessaire et que les enjeux nîmois sont de première importance !
Anthony Maurin
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