FAIT DU JOUR Sébastien Arnaux : « Le Pont du Gard doit se recentrer sur ses missions »
Tour de France, ticket unique avec le Musée de la romanité ou encore gratuité pour les moins de 18 ans… Le directeur du site nous explique sa stratégie et les actions qui en découlent.
Objectif Gard : Cela fait plus d'un an que vous êtes directeur du site. Quel bilan faites-vous ?
Sébastien Arnaux : Je souhaite donner du sens à cet établissement public. Notre première mission, c'est de protéger ce patrimoine avec les services de l’État. D’ailleurs, nous venons d'élaborer un plan de gestion avec l’Unesco. Il n’y en avait pas ! Ensuite, nous devons transmettre la connaissance du monument : qui a construit cet aqueduc ? Pourquoi ? Désormais, les jeunes de moins de 18 ans ne paieront plus l’entrée. Un acte politique fort. Enfin, nous devons faire de ce site un outil de développement économique et touristique pour le territoire. L’organisation du Tour de France, en juillet, y contribuera !
Qu’est-ce qui vous différencie de votre prédécesseur, M. Toeschi ?
Je ne me mets pas en opposition avec lui. Puisque vous me posez la question, je dirai que le Pont du Gard de ces 20 dernières années ne peut plus être le même qu'aujourd'hui. La société change et, on le voit, l’argent public se raréfie. Les collectivités qui nous financent diminuent leurs subventions. Il faut assumer que l’on fasse moins, parce que l’on a moins.
Vous pensez au Département ?
Oui, mais je ne suis pas choqué (Sébastien Arnaux a été le directeur de cabinet de l’actuel président socialiste du Département, NDLR). En 2016, nous avions 2,5 M€ de subventions départementales. Après une baisse de 500 000€ et la fin des aides de 250 000€ au titre de la taxe pour l’entretien des espaces naturels, on tombe à 2 M€ en 2019. Ça implique de faire des économies en nous recentrant sur nos missions.
Quelles économies ?
Il y a eu une refonte de la politique tarifaire en 2017 qui nous a rapporté 700 000€. On a passé le cap de deux ans. Maintenant, on fait un retour avec la gratuité pour les moins de 18 ans. En 2016, nous avons arrêté le Live au Pont : avec un déficit de 400 000€, nous n'avions plus les moyens de faire cet événement. Il y a également des économies sur le personnel avec une nouvelle organisation et plusieurs départs volontaires. Entre 2016 et 2019, la masse salariale est passée de 5,4 M€ à 4,8 M€.
L’arrêt des Féeries du Pont fait aussi partie de ces économies ?
Si on arrête les Féeries, c’est parce qu'il y a le Tour de France à organiser. On ne peut pas tout faire… Après, il y aura une autre question : aujourd’hui, les Féeries ne rapportent pas d’argent au site. Faut-il continuer, modifier l'événement ? Je n’ai pas la réponse. Je poserai ces questions… Mais il faut bien comprendre que lorsqu'on fait ça, on ne fait pas autre chose.
Parlons du Tour de France. Combien cela va-t-il coûter au site ? Au Département ?
Je n’aime pas parler au doigt mouillé (sic). Je dirai environ 100 000€, soit 50 000€ chacun, servant aux transports, aux animations, à la sécurité avec des agents et des barrières ou encore au tri sélectif. Notons que pendant ces deux jours, l’accès au site sera gratuit. Ce sont deux jours d’exploitation que nous ne gagnerons pas.
Mais au niveau communication, ça rapporte !
C’est certain. D’ailleurs avec l’Arc de triomphe, nous sommes les deux seuls monuments à être présents sur la plaquette de présentation du Tour.
Quelles sont les autres nouveautés pour 2019 ?
On va se doter d’audio-guides et je suis en train de mettre en place un observatoire du visiteur pour coller au plus près des attentes. Tout ce que l’on a fait en 2018, on le continue. Nous avons une réflexion importante sur les scolaires : chaque année, 55 000 enfants viennent sur le site, mais seulement 9 000 passent entre les mains d’un guide. On aimerait atteindre les 20 000. On n'a peut-être pas suffisamment de guides ou nos tarifs ne sont pas adaptés.
Concernant le « pass unique » avec le Musée de la romanité de Nîmes, où en est-on ?
Nous y travaillons. Je pense qu’on sera prêt pour la prochaine saison touristique, d’ici avril ou mai. Les chiffres de la fréquentation du musée sont bons ! Je pense qu’il y a des gens qui sont venus à Nîmes parce qu’il y a ce musée. Ça assoit une stratégie touristique entre le Pont du Gard et Nîmes. Pour un touriste qui vient de l’étranger, Nîmes ou le Pont du Gard, c’est la même chose.
Propos recueillis par Coralie Mollaret