L’INTERVIEW Le vice-président d'Opinion Way, Bruno Jeanbart : « Du RN à la gauche, le jeu politique est très ouvert à Nîmes »

Bruno Jeanbart, vice-président de l'Institut de sondage Opinion Way
- IP3 PRESS/MAXPPPAprès 25 ans de règne de Jean-Paul Fournier, la droite et le centre partent en ordre dispersé. Ils laissent le champ libre à la gauche et au RN plus forts que jamais. Le vice-président d'Opinion Way, Bruno Jeanbart livre son analyse sur notre sondage décryptant la situation politique de la ville de Nîmes.
Objectif Gard : Revenons d’abord sur le classement des dix personnalités politiques préférées des Nîmois. Quels enseignements en tirez-vous ?
Bruno Jeanbart : En termes de notoriété, les écarts sont très importants entre les personnalités testées. Yvan Lachaud et Franck Proust sont très connus, tout comme Julien Plantier, Yoann Gillet et Françoise Dumas, qui sont également bien connus des Nîmois. En revanche, d'autres personnalités sont connues par moins d’un Nîmois sur deux. Leur taux de bonnes opinions doit être interprété en fonction de leur notoriété. Amal Couvreur est très appréciée, mais avec un taux de notoriété très faible. Franck Proust n’a pas un taux de bonnes opinions très élevé, mais il est très connu.
« Julien Plantier est le mieux noté »
Julien Plantier, en revanche, est à la fois connu et apprécié…
Oui. C’est finalement lui le mieux noté. Il est connu de 65% des Nîmois et apprécié par 57%.
Un mot sur les intentions de vote du premier tour. La dynamique semble clairement à gauche…
Oui et non. Si la liste de l’union de la gauche est menée par l’Insoumis Charles Ménard, cela réduit son périmètre électoral. Dans l’hypothèse d’une gauche divisée, le candidat Vincent Bouget enregistre un bon score. Dans une situation de triangulaire, une liste peut gagner avec 30% contrairement à un duel qui est beaucoup plus compliqué pour la gauche Cependant, pour Vincent Bouget, le risque serait de voir la liste de la France Insoumise passer la barre des 10% et se maintenir au second tour. La difficulté sera alors de réussir à se réunifier.
Dans le profil des électeurs, Vincent Bouget semble être le candidat le plus rassembleur, y compris parmi les électeurs des catégories socioprofessionnelles supérieures…
Vincent Bouget est moins marqué que le candidat de la gauche radicale, Charles Ménard, qui, lui, est plus populaire chez les jeunes. Vincent Bouget incarne une liste socialiste et communiste. Il existe une tradition de gauche ancienne à Nîmes, et il est plus consensuel en termes de génération, ce qui est classique dans la gauche urbaine. Les catégories populaires, quant à elles, votent davantage pour le RN.
En parlant du RN, le candidat Yoann Gillet est en pleine dynamique avec des scores jamais atteints…
Le RN est déjà traditionnellement présent à Nîmes. Son score est aussi la traduction assez logique du poids du RN dans la région et de sa progression depuis 2017. Ce n’est pas complètement surprenant. Ce score est aussi un message très clair envoyé à la droite et au centre. Si chacun part en ordre dispersé, le risque est que le RN devienne la liste dominante en dehors de la gauche. Pour l’instant, les rapports de force sont marqués par la situation nationale, même si l’on observe également des phénomènes locaux.
Peut-on dire que, à Nîmes, le RN est aux portes du pouvoir ?
Le problème du Rassemblement National est toujours le même : les réserves de voix. Après la présence des listes de droite, ces réserves sont très maigres. Les listes et leurs candidats n’arrivent pas à progresser suffisamment. Cela ne signifie pas pour autant que cela ne changera pas. Il y a bien sûr les dynamiques de campagne. Mais dans une triangulaire, il faut viser entre 30 et 40% des voix pour espérer gagner.
Et la droite et le centre ?
La difficulté de la droite, c’est qu’elle n’a pas de candidat unique. La succession de Jean-Paul Fournier, au pouvoir depuis 2001, provoque beaucoup d’incertitudes. Le défi pour la droite, plutôt que la personnalité, c’est de proposer une offre électorale qui lui permette de ne pas se retrouver prise en étau entre la gauche et le RN. À Nîmes, le jeu est très ouvert, allant de la gauche au RN. L’élection est très incertaine. Tout le monde a intérêt à bien réfléchir.
Aujourd’hui, la droite continue de se diviser entre Franck Proust et Julien Plantier. Sont-ils en train de courir vers la défaite ?
Si la droite se lance dans une forme de division, compte tenu du rapport de force, cela deviendrait très compliqué. Peut-être se rendra-t-elle compte, à travers ce type d’enquête, des risques que cela représente et y réfléchira à deux fois. Aujourd’hui, il n’y a pas de candidat naturel… Enfin, d’ici les municipales, le contexte national va changer, tout comme l’offre électorale locale.