FAIT DU JOUR Sud et CGT : "Au Département, nous vivons un plan social"
Les syndicats CGT et Sud ressortent les drapeaux ce matin au Département. Le 10 novembre, le Débat d'orientation budgétaire avait été reporté, après l'altercation entre un cégétiste et un élu de l'opposition.
Objectifgard : La dernière séance publique a été levée après qu'un cégétiste ait dit "ta gueule" à un élu. Condamnez-vous ces propos ?
Baptiste Hugon : Ils peuvent être regrettables, mais le fond du problème n'est pas là. Le président PS Denis Bouad répète qu'au sein de la collectivité il y a du dialogue social. C'est faux ! Aujourd'hui, le dialogue va uniquement dans le sens de l'administration. Quand les organisations syndicales émettent des désaccords, des réserves ou des propositions, elles ne sont jamais entendues.
Nathalie Gleizal : Il faut aussi rappeler le contexte. Pendant cette séance, nous avons dû interpeller nous-mêmes le président pour avoir la parole... Les élus faisaient comme si nous étions transparents. Cette attitude a exacerbé les tensions.
Christophe Jeanjean : Moi, je vais répondre à votre question par une autre : comment les agents doivent prendre ce qu'ils vivent au Département ? Aujourd'hui, nous vivons un véritable plan social : 77 postes supprimés en 2016 et entre 80 et 100 supprimés/redéployés en 2017.
Qu'attendez-vous de l'exécutif PS-PCF-EELV ?
Christophe Jeanjean : D'abord, le maintien de nos missions de service public en totalité. Par exemple, sur le secteur des routes, le Département fait appel à des prestataires privés pour l'élagage ou le curage des fossés. Nous avons des moyens matériels et humains… Autant les utiliser !
Baptiste Hugon : Nous demandons plus de moyens. Je travaille dans le service de protection à l'enfance. Une mission obligatoire du Département. Par manque de moyens, certaines décisions de placement d'enfant prises par des juges ne peuvent être appliquées. Ça pose un véritable problème de droit…
Christophe Jeanjean : Chaque année, le Gard accueille 7 000 habitants en plus et le Département, baisse ses budgets de fonctionnement et investissement. C'est contradictoire !
Le Département enregistre un taux de fonctionnaire à 93% contre 80% à l'échelle nationale. Que répondez-vous au Président qui estime que vous n'êtes pas les plus mal lotis ?
Baptiste Hugon : À entendre Denis Bouad, nous sommes des nantis. Je ne sais pas comme les 245 contractuels vont recevoir ces déclarations… C'est bien normal que les agents soient des fonctionnaires. Il faut se souvenir pour quelles raisons ce statut a été créer ?! Il doit préserver les agents des alternances politiques et des pressions qu'ils pourraient subir.
Christophe Jeanjean : Comparaison n'est pas raison. Si l'on se compare à un milliardaire où à un SDF, le résultat n'est pas le même...
Le budget de formation a été revalorisé, passant de 500 000 à 832 000 € pour 2017. C'est plutôt une mesure positive pour s'adapter à la réorganisation des services ?
Christophe Jeanjean : Ne vous y méprenez pas. On revient simplement à l'état initial. Le budget de 800 000 est identique à celui de 2015. Au vu de l'ampleur de la réorganisation, ce n'est pas suffisant.
Nathalie Gleizal : Attention également, parfois des agents qui veulent se former se voient émettre une fin de non-recevoir. Cela est le cas pour les agents du secteur construction que nous avons récemment reçus en comité technique.
Les autres syndicats, comme la CFDT, ne sont pas solidaires de votre mobilisation. Pour quelles raisons ?
Christophe Jeanjean : La CFDT mise sur un dialogue constructif. Nous, ça fait bien longtemps que nous avons compris que le dialogue social est inexistant…
Le Département doit faire des économies pour présenter un budget à l'équilibre. Votre position n'est-elle pas utopiste ?
Christophe Jeanjean : Le Département doit demander de l'argent au gouvernement ! Ils le faisaient bien lorsque c'était la droite au pouvoir... L'État nous doit des dizaines de millions pour les compétences routes et des agents des collèges, transférées en 2007 et non-compensées. Les services publics et par conséquent les citoyens n'ont pas à pâtir de cette situation.
L'État ne débloquera jamais cette argent. En 2015, un fond de soutien de 4,5 M d'€ a été attribué au département du Gard par l'État...
Christophe Jeanjean : C'est bien mais c'est largement insuffisant.
Enfin, le 10 novembre seulement 6% des agents du Département étaient en grève. Vous sentez-vous légitime ?
Christophe Jeanjean : Ce n'est pas une question de légitimité. Les agents ne peuvent pas tous se permettre de perdre une journée, mais ils comptent sur les organisations syndicales pour les défendre. C'est notre devoir.
Nathalie Gleizal : Les responsables politiques n'ont de cesse de nous montrer du doigt. Lorsque l'on voit ce qui se fait au département ou que l'on regarde les débats de la primaire de droite, on peut se considérer comme les derniers dinosaures...
Propos recueillis par Coralie Mollaret