FAIT DU JOUR Une feria de Nîmes en guise d'ex-voto
Le cycle nîmois s'ouvre enfin après des mois de disette. Une feria en trois parties avec une course camarguaise et deux corridas. Une feria sans bodega mais avec des spectacles qui procureront des émotions aux spectateurs.
L'aficion est dans la cour d'école et observe avec un air espiègle les maîtres se disputer ses faveurs... Arles est passée devant Nîmes quand elle a voulu organiser sa journée taurine sous dérogation une semaine avant la cité des Antonin. Forcément, El Rafi, qui devait toréer à Arles mais qui aurait dû prendre l'alternative à Nîmes si la feria de Pentecôte avait été maintenue en place, est devenu matador de toros sur les rives du Rhône. Une fâcheuse situation mais un dilemme de riche que l'on oubliera rapidement.
La "Guerre des boutons" est finie. Sur trois jours et pas pour le week-end de la Pentecôte, Nîmes accueille les tauromachies. Commençons par la course camarguaise organisée ce vendredi soir à 17h30. Si les raseteurs Felix, Katif, Zekraoui, Cadenas, Montesinos, Aliaga ou Charade seront bien là, comptez aussi sur sept taureaux de haute volée. De Paulin viendront Grenadier et Cupidon, de Lautier les taureaux Saint Omer et Timoko, de chez Nicollin, Sylverado et Boumian et, pour finir, Rouquette viendra avec Charbon.
Samedi, jour de corrida. Toujours à 17h30 (y compris le dimanche 13). Les toros de Victoriano del Rio, de belle présentation, seront défiés par Antonio Ferrera, Juan Ortega et El Rafi qui défilera enfin dans ses arènes, sous les yeux et les applaudissements de son public.
Antonio Ferrera en chef de lidia est un luxe pour les deux suivants. Avec près de 25 ans de doctorat, le natif des Baléares a de la ressource. Vous le connaissiez Zebulon, le voilà apaisé, relâché. Ses lignes sont tracées sur le sable et Ferrera offre une exquise, quasi pudique, sensibilité. Ferrera crée et cela suffit.
Avec lui, la présentation de Juan Ortega, qui aurait pu se retrouver à l'affiche de la dernière feria des Vendanges mais l'empresa a voulu attendre le bon moment. Et c'est le meilleur moment pour lui ! Il triomphe partout où il passe, il laisse les gradins sans voix, il propose une tauromachie de sincérité et de vérité. Juan Ortega fait partie des jeunes à suivre car le Sévillan a 30 ans, a pris l'alternative en 2014, et a donc mis sept ans pour émerger.
Pour compléter le cartel, le Nîmois El Rafi, fraîchement sacré matador de toros, un rêve pour lui. Plus de 20 ans plus jeune que Ferrera, Ortega lui rend aussi près de dix ans d'écart. Avec ces deux larrons, le Rafi aura fort à faire pour se faire remarquer mais gageons qu'il usera de l'appui du public pour réveiller la course si elle ne se déroule pas comme prévu.
Parce que ce qui est prévu, c'est un grand triomphe ! Les toros de Victoriano del Rio sont choisis justement pour l'assurer. Ils reviennent après leur belle prestation de l'an passé. Le ganadero a envoyé neuf exemplaires, reste à savoir lesquels sortiront en piste. Les toros de chez Victoriano sont toujours très appréciés donc ne soyons pas très inquiets.
Corrida dominicale de Fuente Ymbro. Mine de rien, ça fait du bien de n'avoir qu'une course par jour. Le rythme sera plus agréable pour aller aux arènes et ne pas avoir à regarder l'heure quand on est à table sera appréciable. Revenons aux toros, les Fuente Ymbro. Voilà des cornus comme on les aime à Nîmes. De la noblesse à revendre mais un comportement vif et piquant. Quelques belles têtes pointues sont arrivées aux corrals mais, là encore, sur les dix toros débarqués, nul ne sait lesquels seront combattus.
Face à eux, un faux Cordouan. Finito de Cordoba, celui qui a fait parler de Nîmes dans les arènes autour des décennies 1980-1990, revient à la maison. Après 30 ans d'alternative Finito a de belles choses à montrer mais il faut savoir les voir. Devant les Fuente Ymbro, l'accord devrait être difficile à trouver mais le chef de lidia a déjà gracié quelques toros de ce fer. Il a les connaissances nécessaires pour marquer les esprits.
En voilà un autre qui marque les esprits par sa régularité, c'est Diego Urdiales, le classique. Bien sûr que le grand public ne le connaît pas, il est discret et ne fait pas la Une des journaux. Cependant, les aficionados en sont friands car il leur procure à chacun de ses paseos une bouffée d'émotions. La Rioja est une région dure, Urdiales l'est un peu mais son toreo est plus clair qu'un vin rouge. Son bouquet est aromatique, son nez charmeur et sa robe enveloppante. Laissez-vous happer par Urdiales, son autorité et son savoir-faire.
Juan Leal retrouve les Fuente Ymbro après son succès d'il y a deux saisons dans ces mêmes arènes. Le jeune Arlésien se trouve bien à Nîmes et y figure en bonne place quand on parle de triomphe gagné par le courage. Déjà huit ans qu'il a pris l'alternative et qu'il se cherche. Il s'est trouvé voilà deux temporadas. Sa tauromachie d'envie, qui transmet énormément aux gradins, demande une force mentale hors norme. Il sait où il veut aller, il y va mais il prend le chemin qu'il a envie de prendre. Il a tout compris et sa place n'attend que lui.
Billetterie des arènes, 4, rue de la Violette Nîmes ou sur le site Internet des arènes, ici ou au 08.91.70.14.01.