NÎMES OLYMPIQUE Adil Hermach : un pur-sang nîmois au parcours hors du commun
Lors de son retour à Nîmes, il y a trois ans, Adil Hermach était revenu pour Objectif Gard sur sa formation nîmoise et sa carrière professionnelle avant un Lens-Nîmes, en Ligue 1, une époque qui paraît si lointaine. "Ce serait le summum", confiait-il au sujet de devenir un jour entraîneur du Nîmes Olympique. Hier, l'ancien milieu est devenu le nouveau coach des Crocos avec pour mission de sauver le club d'une terrible relégation en N2. Retrouvez ou découvrez son parcours :
C’est confortablement installé en regardant l’entraînement de deux de ses trois enfants en stage organisé par l’Olympique Mas de Mingue que nous avons rencontré Adil Hermach sur le stade de ce quartier populaire nîmois. S’il est lié à ce club, c’est à Pissevin que ce Nîmois né en 1986 a vécu dans sa jeunesse. Il signe pourtant sa première licence à Montfrin avant d’intégrer Nîmes Olympique à 9 ans. "Mon premier coach était Michel Imbert, un grand monsieur. Il venait me chercher alors qu’il habitait loin", se souvient le footballeur qui est resté en contact avec ce premier formateur.
Adil gravit les échelons et rêve de jouer au plus haut niveau, "je me souviens avec Nabil El Zhar, on a grandi ensemble, nous avons 14 ans et on marche autour des Costières. On s’est dit : "tu imagines un jour si on joue là dedans". Contrairement aux petits d’aujourd’hui, on rêvait de devenir professionnel mais pas pour les strass et les paillettes." Un amoureux du ballon rond fan notamment d’Edgar Davids qui joue quelques matchs avec l’équipe première en National mais qui atteint surtout la finale de la Coupe Gambardella avec les U19. Sous la houlette d’Olivier Dall’Oglio, la génération Jurado, Boesso, Hermach, El Zhar s’incline au stade de France face au Mans (2-0) en 2004.
"À Lens, le président est capable d’hypothéquer sa maison pour le club"
"Malheureusement mon aventure à Nîmes se finit à 17 ans car le club avait perdu le statut pro et ne pouvait pas me garder." Nabil et Adil signent tous les deux à Saint-Étienne mais le milieu de terrain s’engage finalement au RC Lens qui lui propose un contrat pro en option dans son contrat stagiaire. "J’arrive dans un autre monde. De starlette, je deviens méconnu." La concurrence est rude dans l’Artois et dès le deuxième jour, le jeune Gardois appelle sa mère en pleurant en disant qu’il veut rentrer dans le sud. "Bien avant le film des Ch’tis, mon coach m’a dit : "tu vas pleurer en arrivant et en repartant."" Mais Adil s’accroche et évolue en équipe réserve lors des deux premières saisons avant de faire trois apparitions avec l'équipe première lors de l’exercice 2006/2007.
"Je partais de beaucoup trop loin", concède-t-il face aux joueurs présents cette année-là au milieu : Seydou Keita, Jonathan Lacourt ou encore Nenad Kovacevic. Lors de la saison 2007/2008, Jean-Pierre Papin succède à Guy Roux, Lens est relégué en Ligue 2 en fin de saison. Mais Adil part à la trêve acquérir du temps de jeu à Roulers en Belgique. "C’est là où Lens est un club super intelligent, c’est qu’il me demande de rentrer et me prolonge trois ans." Avec 22 apparitions, dont une au stade des Costières où les Nordistes s’imposent 2-1 (doublé de Maoulida), il est un artisan de la remontée dans l’élite des Sang et Or avec le président Gervais Martel, qui l’a marqué pour toujours. « Nîmes c’est ma ville, c’est un club spécial et attachant. À Lens, le président est capable d’hypothéquer sa maison pour le club. Avant un match, il nous dit que si on ne monte pas, on est dans la merde. On avait tous les larmes aux yeux. »
Ce soir-là, le RCL s’impose 4-1 face à Strasbourg et finit champion de L2, le seul titre de la carrière d’Adil Hermach. De quoi communier avec le public lensois, réputé comme un des meilleurs de France. "C’est vraiment particulier avec le kop sur le côté. Là-bas le public ne te siffle pas, il est très patient. Le fait que le stade soit vide peut aider Nîmes." En Ligue 1, Adil Hermach s’impose et dispute 34 rencontres pour un 11e rang en fin de saison. Il est promu capitaine en 2010/2011, une saison qui se termine par une nouvelle descente (19e place). Pourtant sur le plan personnel, le Gardois joue 31 matchs et marque quatre buts.
"J'étais le plus petit salaire du club"
Son premier dans l’élite sera inscrit sur un coup franc direct face à Montpellier devant sa maman et Éric Gerets, alors sélectionneur du Maroc. À seulement 24 ans, il fait le choix surprenant de signer à Al Hilal, le club phare en Arabie Saoudite. "Si on ne descend pas je reste et je pense que je finis ma carrière à Lens car je devais prolonger." Il aurait pu rester en première division car notamment l’Olympique de Marseille s’était bien renseigné. "J’ai reçu une offre qui ne se refuse pas pour mettre à l’abri ma famille. Je ne regrette pas du tout mon choix, tu joues à un niveau compétitif avec des installations incroyables", assure-t-il.
S’il ne cache pas que la sécurité financière l’a motivé à partir, il a été surpris du niveau de son équipe. "J’arrive avec beaucoup de certitudes sauf qu’au bout de 15 jours je me rends compte que les mecs sont plus forts que moi. Avec Youssef El Arabi nous étions les gros contrats, on a dû gagner notre place. Par ailleurs, t’es obligé de jouer sinon tu dégages." Il dispute la Ligue des Champions asiatique et découvre aussi une ferveur à laquelle il ne s’attendait pas : "la première fois que j’y vais simplement pour visiter le club, l’aéroport est bloqué tellement il y a du monde, un plateau télé est sur place. Ils vivent pour le football." Une passion qu’il qualifie de "Sud-américaine ou de Napolitaine". Adil y passera deux ans et demi entrecoupé d’une pige au Toulouse FC avec une vie particulière.
Devenir entraîneur du NO : "Ce serait le summum"
"T’es vraiment une star, tu n’as plus de vie. Tu vis dans un camp protégé par l’armée. Quand tu sors au restaurant, le lendemain c’est dans le journal." Après l’expérience saoudienne, il signe dans le pays voisin des Émirats Arabes Unis dans le club d’Al Wadha à Abu Dhabi. "Là on ne te reconnait même pas, on s’en fout de toi", avoue-t-il autant intéressé par le cadre de vie que par le football. Si le footballeur s’est exilé c’est pour offrir une vie plus que correcte à ses proches, "si je n’étais pas famille, j’aurais été égoïste et pensé qu’à ma carrière". À l’été 2015, il fait le choix de revenir dans sa ville natale pour être auprès de son papa malade tout en continuant à exercer sa passion. "C’est moi qui sollicite le club pour revenir, je ne suis même pas passé par un agent. Peu de gens le savent mais j’étais le plus petit salaire du club."
Il joue neuf matches sur la première moitié de la saison 2015/2016 débutée avec huit points de retard avant de repartir trois ans et demi dans les Émirats pour aider Al Dhafra à se maintenir malgré les remarques de sa maman. "Elle me disait : "quand vas-tu arrêter de courir après l’argent ?" Elle ne veut pas que mon frère parte loin si jeune." Un petit frère qui évolue actuellement avec les 17 ans nationaux du Nîmes Olympique. "Il est pas mal", confie celui qui est donc rentré en France pour quelques temps en 2019 après avoir réalisé sa saison la plus prolifique (6 buts) avec Ajman. "Je compte retourner vivre à Abu Dhabi d’ici quelques années. C’est beaucoup plus riche et moins bling bling que Dubaï", assure celui qui, à 35 ans, dort encore parfois chez mes parents à Marguerittes. En attendant, il vit à Nîmes et a raccroché les crampons à Beaucaire après avoir disputé cinq rencontres lors de la saison 2019/2020.
L’arrivée de la pandémie a précipité la fin de sa carrière mais il n’avait plus la passion : "je prenais plus de plaisir à entraîner les U17 qu’à jouer en N3". Durant les prochaines années, Adil va donc se consacrer à passer ses diplômes d’entraîneur et espère forcément être un jour à la tête des Crocos : "ce serait le summum mais déjà si je peux entrer dans les structures du club." Il se voit bien repérer les jeunes talents dans les clubs de quartier pour les intégrer ensuite au NO.