FAIT DU SOIR EN IMAGES Bessèges : le parcours du MIAOU s'enrichit de cinq fresques supplémentaires
La quatrième saison de street art sur les murs de Bessèges a donné lieu à cinq nouvelles réalisations, ce qui porte à 34 le nombre de fresques peintes sur les murs de la ville. Un parcours dans la ville qui commence même à intéresser le Parc national des Cévennes.
Après 45 ans à imprimer des estampes, Bruno Jacomet a pris ses cliques et ses claques, quitté Avignon, direction les Cévennes et les tarifs immobiliers abordables de Bessèges. Mais pas question de s'enterrer. "On s'est dit, avec ma femme, pourquoi pas tester un dernier coup ? À Bessèges, j'ai vu tous ces murs, tous ces logements ouvriers." Et là où le commun des mortels voit un mur, lui et sa femme, Mathéa, imaginent un champ d'expression libre pour une fresque de rue. Ainsi naît le MIAOU, musée intercommunal d'art ouvert et urbain.
"On a réfléchi au projet, rencontré la municipalité. Ils ont tout de suite dit oui tout en nous expliquant qu'ils n'avaient pas un rond, rembobine Bruno Jacomet. Pas grave, on voulait juste qu'ils nous prêtent la nacelle." Une belle histoire est aussi faite de hasards : "La première année où on habitait ici, un collectif d'artistes était, ici, en résidence. Et, le dernier jour, ils voulaient peindre des murs. Le maire a dit oui et il se sont attaqués aux murs municipaux."
Après quatre saisons, les œuvres sont donc au nombre de 34 et figurent, en taille réduite, sur les plots face à la mairie, tel un catalogue, permettant une vue d'ensemble avant de se lancer dans le parcours qui offre aussi une visite de la ville et de ses cités ouvrières. Trois nouvelles fresques seront réalisées à l'automne à Bessèges et deux devraient gagner les murs de Molières-sur-Cèze, le MIAOU justifiant enfin son intitulé de musée intercommunal.
L'association, après avoir conventionné avec la commune, l'a également fait avec les bailleurs sociaux présents dans la ville (Logis cévenols, Un toit pour tous), "et bientôt avec Enedis, pour l'utilisation des transformateurs électriques", même si celle-ci a déjà commencé. Et même si les murs sont nombreux à Bessèges, il est parfois difficile de retrouver un propriétaire pour lui demander une autorisation. C'est pourquoi, "tous les 5-6 ans, on fera tourner 4 ou 5 œuvres, de manière à ne pas toujours avoir les mêmes". Et puis certains murs envisagés se ferment. La résidence le Mahistre avait de quoi recevoir des fresques mais, prochainement, une isolation extérieure doit être posée.
Plus surprenant, devant la masse d'œuvres déjà disponibles et l'engouement ressenti, le Parc national des Cévennes envisage d'intégrer le parcours en tant que chemin de découverte du Parc. "On a même réussi à faire venir la commission culture du Parc ici, à Bessèges", s'émerveille Bruno Jacomet en riant. Le succès commence même à dépasser le MIAOU. "On nous sollicite pour des choses qui ne sont pas encore à notre taille, comme le décor de la voie verte." Des travaux qui seraient, cette fois-ci, financés alors que les artistes viennent, pour l'instant, bénévolement.
Sous l'effort de personnes très diverses - artistes, entrepreneurs, artisans - Bessèges est en train de changer de vie et d'image depuis quelques années. Les fresques, évidemment, donnent aux rues grises de crépis anciens une tonalité qu'elles n'avaient pas connue depuis fort longtemps. À terme, la commune pourrait bien être connue pour ses couleurs chatoyantes, en plus de ses briques rouges.
François Desmeures
francois.desmeures@bjectifgard.com