GARD Fêtes votives : la préfecture joue les cartes de la fermeté et de la prévention
Dans le Gard, les fêtes votives, c’est du sérieux : en 2018, notre département a compté près de 400 fêtes votives, représentant plus de 1 000 jours de fêtes en cumulé. Et 2019 part sur les mêmes bases.
« Plus de 1 000 jours, c’est énorme, commente le secrétaire général de la préfecture, Thierry Dousset, lors d’une réunion d’information et de sensibilisation destinée aux communes, mardi à Cavillargues, près de Bagnols. Le but n’est pas de réduire ce nombre, ce ne serait pas réaliste, alors la préfecture vous accompagne. » Prévenir au maximum pour éviter d’avoir à guérir, en somme.
« L’idée est d’organiser ces fêtes de manière plus professionnelle, c’est déjà le cas mais nous avons encore des progrès à faire », poursuit le représentant de la préfecture, venu avec les gendarmes, les pompiers et le Comité départemental d’éducation pour la santé (CODES) faire une piqûre de rappel aux élus.
Car dans le Gard rhodanien aussi, les fêtes votives sont une question sérieuse, avec 55 fêtes votives et 155 jours de fête cumulés sur le territoire de la compagnie de gendarmerie de Bagnols, comme l’a rappelé son commandant le chef d’escadron, Nicolas Destriez. Et si le gendarme est préoccupé par la question, c’est que qui dit fête votive dit débordements potentiels liés à la consommation (très) excessive d’alcool et à celle de produits stupéfiants.
« En 2018, les fêtes votives ont causé 111 interventions à l’échelle du Gard, contre 59 en 2017, présente le commandant Destriez. Et nous en sommes déjà à 26 interventions pour 2019, d’où mon inquiétude. Nous montons crescendo en termes de risques liés à la consommation excessive d’alcool et de stupéfiants. »
Une limitation des dérogations pour les débits de boissons
En 2018, le bilan des fêtes votives dans le Gard est lourd. D’après la préfecture, « 110 incidents et accidents ont été recensés dont la moitié était en lien avec une consommation excessive d’alcool, lit-on dans une circulaire préfectorale datée du 23 avril dernier. 26 rixes ou bagarres impliquant parfois plusieurs dizaines de protagonistes ont occasionné des blessés légers. Plusieurs accidents ont eu lieu lors de manifestations taurines conduisant à des blessures sérieuses et à un décès. » Principal responsable : l’alcool. « Il y a un vrai sujet autour de la consommation excessive », note le gendarme, en évoquant le cas d’une fête votive, il y a deux semaines, « qui a tourné au pugilat. »
Ces cas mobilisent les forces de l’ordre. « Il n’est pas normal de distraire les forces de l’ordre pour des histoires d’alcool, a fortiori tard dans la nuit. À un moment on n’interviendra plus, car nous n’avons plus les moyens », tonne Thierry Dousset, avant d’ajouter que cette année, les gendarmes gardois auront moins de réservistes à disposition, ce qui ne va rien arranger. Le tout dans un contexte où le risque terroriste reste élevé.
C’est notamment pour cette raison que le préfet a décidé qu’à compter du 1er mai 2019, les dérogations collectives aux horaires de fermeture des débits de boissons que les maires sont en droit d’accorder à l’occasion des fêtes légales ou locales sont limitées à quatre jours consécutifs pour une même commune.
Une Charte de prévention des risques
Il faut dire qu’en matière d’organisation de fêtes votives, les maires sont en première ligne. D’où la réunion de Cavillargues, qui sera suivie par d’autres. Le but est de rappeler les bonnes pratiques et de faire grandir le nombre de communes signataires de la Charte de prévention des risques, portée par le CODES. Pour l’heure, cette charte est signée par 80 communes sur les 350 que compte le département. Elle permet notamment aux communes signataires de bénéficier d’un accompagnement dans les différentes démarches ou encore d’un stand de prévention de tous les risques liés aux fêtes (routiers, sexuels ou encore auditifs).
L’occasion aussi de rappeler aux maires qu’il vaut mieux mettre en place un dispositif prévisionnel de secours avec des associations agréées sécurité civile. Un dispositif qui permet d’organiser et dimensionner au mieux les secours. « Ce dispositif permet aussi de ne pas sur-solliciter les pompiers et de ne pas saturer les hôpitaux », commente le colonel des sapeurs-pompiers du Gard, Michel Cherbetian.
Et la fête dans tout ça ? Elle reste omniprésente, et toutes ces mesures sont faites pour qu’elle reste une fête, et ne bascule pas dans le drame. Comme le résume la chargée de mission au CODES Patricia Soler : « Nous portons un message anti-risque, pas anti-fête. »
Thierry ALLARD