LE 7H50 de Magali Saumade : « L’agri-bashing est la goutte d’eau qui fait déborder le vase »
Alors que les agriculteurs alertent sur leur situation depuis plusieurs semaines, notamment dans le Gard, la présidente de la Chambre d’agriculture du Gard, Magali Saumade, répond à nos questions.
Si elle se dit « persuadée que les violences et les dégradations ne sont pas la bonne méthode », la présidente de la Chambre d’agriculture comprend le désarroi des agriculteurs, victimes selon elle d’agri-bashing. Magali Saumade revient également sur les premiers pas convaincants du Mas des agriculteurs, le magasin des producteurs gardois, preuve que tout n’est pas noir sur le front de l’agriculture locale.
Objectif Gard : Près de six mois après l’ouverture du Mas des agriculteurs, quel premier bilan tirez-vous ?
Magali Saumade : Le premier bilan est très positif, en chiffre d’affaires bien sûr, mais aussi et surtout par rapport aux retours des clients. Après quelques mois, nous avons une clientèle qui se stabilise.
Et les retours des agriculteurs et producteurs ?
De la même façon, ils sont satisfaits, nous n’avons que des retours très positifs. Il faudra toutefois attendre au moins un an pour être plus définitifs.
Quel est votre regard sur la situation de l’agriculture en France et dans le Gard ? On a le sentiment que la situation se tend...
Nous savons tous que les agriculteurs ont des difficultés par rapport à l’agri-bashing et la mauvaise image que certains peuvent avoir. Au-delà des difficultés économiques et techniques, l’agri-bashing c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Nous faisons un métier très compliqué. Les agriculteurs ont toujours su s’adapter aux attentes sociétales mais l’agri-bashing est peut-être la chose qu’ils ont le plus de mal à maîtriser. Nous ne sommes pas formés à la communication. La Chambre d’agriculture doit aussi aider les agriculteurs à communiquer.
Il y a une souffrance chez les agriculteurs...
On la partage et on l’entend, cette souffrance, mais les agriculteurs ne s’en sortiront pas tout seuls. Il faut que nos responsables prennent conscience du malaise, arrivent à apaiser le débat et à remettre l’agriculture au coeur de ce débat. L’agriculture est aussi un pilier de l’aménagement du territoire. C’est un monde ouvert, dynamique, ouvert à la discussion, encore faut-il qu’on l’entende.
Plusieurs agressions d’agriculteurs ont été recensées en France ces derniers mois. En avez-vous relevé dans le Gard ?
Oui, il y en a eu. J’ai le ressenti qu’aujourd’hui on met la pression uniquement sur les agriculteurs. Les messages pouvant être compris comme négatifs ont plus d’importance, notamment dans les médias. Il y a un vrai déséquilibre. Tout le monde a une part de responsabilité. Il nous faut mieux communiquer sur ce qu’on fait, ce qu’on est et ce qu’on apporte à la société.
Certains agriculteurs sont allés loin lors de manifestations récentes, en dégradant le centre des Impôts ou la Maison de la Région. Quel est votre point de vue sur ces faits ? Je comprends et je partage le désarroi. Après on peut trouver regrettable d’être obligé d’en arriver là pour être entendu. De façon globale, je condamne les violences et les dégradations. Je suis persuadée que ce n’est pas la bonne méthode mais je regrette que certains se sentent obligés d’en arriver là. J’aurais aimé une prise en compte des problèmes en amont pour ne pas que ça se produise.
Propos recueillis par Thierry Allard