LE MÉTIER DES ÉLUS Guy Schramm cuisinier de tous les records
Guy Schramm est aujourd'hui un retraité qui consacre entièrement son temps à sa fonction de maire de Beauvoisin. Mais il n'a pas toujours été un politique à plein temps, loin s'en faut. Cuisinier par passion, il a traversé les mers, battu un record du monde et organisé un gigantesque repas médiéval.
Une vocation
Guy Schramm naît à Strasbourg dans une famille de treize enfants. Son père descend d'un général d'Empire dont le nom figure sur l'Arc de Triomphe. Ce dernier se retrouve vite veuf avec toute sa progéniture. Alors Guy Schramm annonce qu'il veut être cuisinier. Si personne ne s'étonne parce que c'est une passion familiale, son père exige qu'il passe par l'école hôtelière.
Le jeune homme est à l'âge du lycée et n'a plus l'intention de retourner sur les bancs de l'école pour laquelle il ne se sent aucune disposition. Il n'a pas le même niveau que ses concurrents au concours, plus âgés que lui mais il s'accroche. "Je n'ai pas réussi le concours mais cette année là, il restait des places alors j'ai été repêché", se souvient le maire. Commence alors une période difficile pour le jeune homme qui s'accroche. "J'ai ramé", sourit-il "mais mes notes en cuisine compensaient toujours mes résultats scolaires." Il fait des stages dans des hôtels trois étoiles. Et fini par décrocher son diplôme, prouvant que faire ce que l'on aime peut mener à la réussite. Il s'agit de trouver du travail, le jeune homme s'engage à la compagnie Générale Transatlantique.
"J'ai vécu de ma passion toute ma vie"
Il embarque au Havre à la fin des années 60, navigue sur le paquebot Antilles et sur le Flandres, avant d'embarquer sur le plus prestigieux de tous, le paquebot France. À son bord il effectuera 80 traversées de l'Atlantique Le Havre/New-York. De cette période, Guy Schramm garde le souvenir d'un travail exigeant mais surtout celui d'un plaisir intense et d'une grande fierté. "On cuisinait des mets raffinées en quantités énormes, c'était exaltant à vivre, et cuisiner sur un navire comme le France rajoutait de la magie". Et puis il y a les escales, la découverte de pays exotiques. L'aventure dure dix ans. Lorsque le France termine sa carrière, Guy Schramm décide de commencer une nouvelle et pose son sac à terre.
Cuisinier oversize
Il est d'abord chef de cuisine d'un grand restaurant puis se tourne vers la gestion. Il entre à la Sodexo. Puis se gère la plus grosse cuisine centrale de Marseille : "on était trois directeurs et on servait 30 000 repas par jour". Entre ces deux périodes, l'envie le démange à nouveau de se mettre au fourneau. Il devient donc traiteur à Roquebrune. "Là aussi j'ai fait des trucs incroyables", s'amuse le maire. "J'ai organisé un repas Médiéval pour plus de mille personnes dans un château. C'était un sacré défi, on a fait cuire un bœuf entier à la broche et on a servi un repas entièrement composé de plats qui respectaient les recettes de l'époque". À Roquebrune, le traiteur devient la coqueluche des stars de passage. "Miss France", se souvient-il, "la chanteuse de Zouk machine et bien d'autres".
Record du monde !
Mais notre cuisiner n'est pas à un défi près. Pour la fête du citron à Menton, il a l'idée d'aller voir le maire et de lui proposer de confectionner la tarte au citron la plus grande du monde en faisant homologuer le record pour créer l'événement. "Le maire m'a fichu dehors, clame Guy Schramm moqueur, il n'y croyait pas une seconde." Qu'à cela ne tienne, le cuisiner n'abandonne pas et relève le défi pour son propre compte. Pari gagné ! Guy Schramm détient le record du monde officiel de la plus grande tarte au citron homologué par le Guiness Book.
Juste avant que l'heure de la retraite ne sonne, la famille se rapproche du village natal de l'épouse du maire et ouvre un restaurant à Nîmes. Les travaux partout en ville rendent la période peu propice aux affaires. Un acheteur providentiel vient sonner l'heure de la retraite de cette vie pleine de rebondissements. Mais l'aventure est loin d'être terminée.
"Je suis venu m"installer à Beauvoisin parce que c'est le village d'origine de Dany, mon épouse", explique le maire, "j'ai eu un véritable coup de cœur pour cet endroit. Un histoire d'amour très forte".
Et c'est comme ça que le cuisinier a fini par troquer sa toque et sa tenue blanche ("un cuisinier est en blanc, un point c'est tout") contre une écharpe tricolore. Son amour du bien manger le guide dans sa fonction de conseiller communautaire délégué à la restauration scolaire où il encourage une cuisine bio et des circuits courts. "Encore une fois, je me suis laissé guider par la passion et… l'amour".
Véronique Palomar Camplan