L'ECO DU MARDI Appels d'offres publics : la force du regroupement d'entreprises
En partenariat avec les CCI d'Alès et de Nîmes, Objectif Gard vous propose chaque mardi un focus sur la situation économique du département. Place ce mois-ci à la thématique des marchés publics. Afin d'être plus compétitives dans un contexte tendu, de nombreuses TPE/PME se regroupent pour répondre à des appels d'offres. En voici deux exemples.
Pour les PME, les appels d'offres des grands donneurs d'ordres sont bien souvent inaccessibles. A moins de se regrouper, et de travailler main dans la main.
Dans le BTP, "on se regroupe dans 80% des cas"
L'entreprise Marron BTP, à Barjac, est spécialisée dans les travaux de terrassement, d'ouvrage d'art et d'aménagement routier. C'est une PME de moins de 50 salariés qui produit son propre béton. Comme nombre de ses consœurs, la commande publique est son quotidien. "En fonction des appels d'offres des collectivités (communes, Conseil départemental...), nous nous associons avec des entreprises dont l'activité est complémentaire à la nôtre, puis on se répartit les chantiers", explique Hugues Marron, qui a repris la société créée par son grand-père en 1923. Le tout pour, souligne-t-il, "proposer un service global et une meilleure garantie d'achèvement des travaux. Les secteurs avec qui l'on se regroupe sont nombreux, signalisation, canalisation, paysage, bétonnage..."
Les marchés publics représentent 95% du chiffre d'affaires de l'entreprise. Parmi eux, 80% sont issus d'un regroupement. "Sans eux, on ne pourrait pas travailler", admet Hugues Marron. Une dépendance qui se transforme aujourd'hui en faiblesse, compte tenu du contexte actuel : "les marchés sont de moins en moins nombreux, s'inquiète-t-il. Les dotations aux collectivités diminuent et les investissements aussi. Ces dernières économisent parfois sur l'entretien des réseaux d'eau et de ponts, au détriment du BTP et de la qualité des ouvrages. Le secteur est en difficulté mais le regroupement d’entreprises dans la commande publique permet de maintenir le cap."
Dans le nucléaire, "des montages il y en a en permanence"
D'autres secteurs, plus techniques, sont également concernés par la problématique de la réponse aux marchés publics. Dans le nucléaire, on compte un grand nombre de PME et PMI gardoises, dont une partie sont regroupées dans Cyclium. Présent sur Marcoule et Cadarache (Bouches-du-Rhône) et comptant près de 80 entreprises ce groupement spécialisé, s'il ne répond pas aux appels d'offres lui-même, permet de coordonner les différentes structures. "Cyclium permet de mieux connaître les savoir-faire et les méthodes de chacun, explique son président Pascal Morel. Quand un projet sort en appel d'offres, on aide les uns et les autres à s'organiser, à se connaître, pour que les PME s'appellent et travaillent ensemble. Nous souhaitons créer des synergies."
Il faut dire que dans ce secteur, "des montages il y en a en permanence", affirme Pascal Morel. Et tout le monde y gagne, y compris les géants du secteur qui ne peuvent pas tout faire tout seuls, comme le décrit le président de Cyclium : "dans un groupement, notamment dans le nucléaire, il y a toujours une major, un grand groupe qui vient chercher des compétences spécifiques dans les PME. Par exemple, une major en électricité peut avoir besoin de la compétence spécifique d'une PME sur les automates programmables." Des PME qui ont aussi d'autres arguments à faire valoir, puisqu'elles "sont sur place et ont souvent une bonne connaissance des installations", note Pascal Morel. Un plus loin d'être négligeable en termes d'efficacité.
Bref, comme disait La Fontaine : "on a souvent besoin d'un plus petit que soi."
Eloïse Levesque & Thierry Allard