NÎMES EN FERIA Du cœur et du courage pour la clôture
Paco Ureña s'étant blessé au nerf sciatique, c'est l'Arlésien Thomas Joubert qui endossait le rôle du remplaçant. Pas de trahison pour le public, les deux hommes toréent dans les mêmes terrains et dégagent les mêmes sensations. Corrida de Jandilla, fer d'exception la saison dernière, moins à Séville cette année et très inégale de jeu et de moteur à Nîmes. Petite chambrée pour cette course de clôture et ambiance décousue, comme souvent en fin de feria.
Le maestro Thomas Joubert entrera très bien dans le costume du sobrero de service. De la pression mais beaucoup d'envie chez le torero, une excellente chose quand on se retrouve dans cette situation. Son travail sérieux et technique se fera comme à son habitude dans le sentiment et l'émotion. Plus de patience que par le passé, moins de gestes diffus et une excellente vision des qualités que son toro pouvait transmettre. Une oreille méritée pour Thomas Joubert qui a tenté un recibir avant de mettre une entière en bonne place.
Thomas saluera à l'issue de sa seconde prestation. Si le jeune s'était montré plus au large à son premier, il revient dans les terrains qu'il adore, dans les cornes où il doit se sentir bien. Rectiligne et en hauteur, sa faena transmettra moins que face à son premier adversaire essai mais l'Arlésien a assuré son statut et Simon Casas sait qu'il peut compter sur lui.
Torero qu'il aime beaucoup, Roman n'a pas dû faire sourire ce même Simon Casas, directeur des arènes de Nîmes mais aussi et rappelons-le, de Madrid (et de bien d'autres...). Pas le plus malchanceux au sorteo, le moitié Espagnol moitié Breton n'arrivera pas à réchauffer la salle. Quelques saillies de belles factures dans ses premières interventions mais d'autres moins glorieuses masqueront les beautés oubliées. Salut, vuelta rapidement stoppée par le public.
Sa vuelta, il la fera mais après avoir estoqué son second. Un bon petit toro, applaudi à l'arrastre comme le second de l'Arlésien. Toujours le même manque d'intensité et de constance dans la manière de toréer de Roman. On voit toujours de beaux aspects mais ils ont tendance à s'estomper pour laisser place à un sentiment brouillon d'inachevé. À revoir en d'autres conditions peut-être.
Le plus jeune de la course était Alvaro Lorenzo. Torero de Nîmes puisqu'il y a pris son doctorat, il saluera à l'issue de son premier duel. Face à lui, le plus ardu de la tarde, un toro bagarreur voire cogneur qui ne baissait que rarement la garde et pour lequel il fallait être décidé au combat. Lorenzo tirera des muletazos de bon aloi mais le public en aurait voulu plus.
Ce que le public veut, le public a. À Nîmes, il suffit de l'écouter pour couper. En guise de bouquet final, les banderilles noires auraient pu être à l'ordre du jour mais le Président Laurent Burgoa n'a pas jugé bon de châtier le couard animal estampillé du fer frère de Vegahermosa. C'est maintenant que le public a été entendu par Alvaro Lorenzo. Et c'est une excellente chose pour le maestro qui a vite compris que s'il voulait entrer dans le cœur des Gardois, il devait se plier à une session de travail exceptionnel. Aussi bagarreur que son premier toro, il ira chercher son adversaire dans ses derniers retranchements, lui chipant même quelques passes aux yeux de tous. Un combat réel, engagé et très intelligemment mené par le jeune qui est allé se chercher cette satanée oreille.