Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 17.09.2018 - anthony-maurin - 3 min  - vu 1034 fois

NÎMES EN FERIA Triomphes français, panache taurin

Léa Vicens a coupé deux oreilles, Juan Bautista quatre et Sébastien Castella quatre et une queue. Bilan plus que satisfaisant pour cette belle et bonne corrida.
Les arènes très bien garnies (Photo Anthony Maurin).

Le dernier exemplaire de la corrida de Nuñez del Cuvillo (Photo Anthony Maurin).

Corrida très franchouillarde dans les arènes de Nîmes en ce dimanche matin.

Léa Vicens, Nîmoise à cheval, Juan Bautista, Arlésien pour son ultime paseo français de la saison (et son avant-dernier avant la fin de sa carrière) et Sébastien Castella le Biterrois ont eu fort à faire pour en arriver là. Pour Simon Casas, directeur des arènes, ce cartel figure parmi ceux dont qu'il est le plus fier d'avoir créé depuis qu'il monte des spectacles tauromachiques. Clin d’œil du destin des Français, porte des consuls pour Juan Bautista et Sébastien Castella, sortie en triomphe par la porte des cuadrillas pour Léa Vicens.

Dimanche matin dans la cité des Antonin, c'est artistique, souvent. Depuis quelques temps, l'empresa s'empresse de faire savoir au monde entier que la France s'est taillée une magnifique part dans le gâteau taurin. Après cette génération de pionniers illustrée par les Montcouquiol, Casas et autres Piles, Chinito... Place aux nouveaux qui ne le sont pas. Vingt ans de doctorat pour Juan Bautista, une paire de moins pour Castella et l'avenir devant Vicens qui est déjà au sommet de l'escalafon.

Premier toro pour Léa Vicens (Photo Anthony Maurin).

Première en piste, la cavalière nîmoise face à un de chez Carmen Lorenzo. Oreille pour Léa Vicens qui, comme à son habitude, torée dans des sitios respectables et respectueux. Classique d'un bout à l'autre, appliquée et magnifiée, sa faena répond au bel écho de ce bon petit. Léa fait le travail sans peur ni reproche, pavillon blanc logique.

Amorce de quiebro sur son second (Photo Anthony Maurin).

Il le sera peut-être moins, à en croire les tendidos, après son second duel. Certes, la tauromachie de Léa n'est pas la même, un peu plus brute, moins placée et moins technique mais il faut dire que le toro d'El Capea s'y prêtait moins. Moins d'allant, moins de force, moins de tout donc forcément moins de transmission à la sortie. Quelques erreurs de la cavalière sont venues émailler sa lidia, no pasa nada.

Juan Bautista avec son premier toro (Photo Anthony Maurin).

S'il en est un qui aime Nîmes sans y être né (il a eu le bon goût d'y faire naître ses bambins), c'est Juan Bautista. Nîmes est son arène même s'il dirige celle d'Arles (où il a grandi). Nîmes sera sa dernière corrida formelle de sa carrière en France si l'on omet volontairement la corrida goyesque de 2019 à Arles. Nîmes et Juan Bautista, c'est une longue et magnifique histoire d'amour. Matinée des logiques avec l'énorme ovation reçue par le maestro avant son combat. Deux oreilles en fin de faena après sa collaboration fructueuse avec un exemplaire de Núñez del Cuvillo de bon aloi. Des naturelles à gauche mais aussi à droite et une mort al recibir qui fait toujours son petit effet.

Toujours à gauche, Juan Bautista fait montre de douceur (Photo Anthony Maurin).

Seconde opposition et encore deux oreilles logiques d'amour et de reconnaissance pour cette der des ders. Une fois de plus, l'Arlésien ne sait pas mentir, il torée simplement avec le cœur et l'inspiration du moment. Instant chargé d'émotion, on l'imagine, rien ne doit être facile en de pareils cas. La larme à l’œil, Juan Bautista a montré un toreo de sincérité et a bouclé la boucle taurine qu'il entretenait sur la piste de Nîmes avec un public qui saura le retrouver dans d'autres fonctions.

Sébastien Castella pour une naturelle (Photo Anthony Maurin).

En voilà un autre de torero sincère, Sébastien Castella. Sa première faena sera douce et rare devant un bon exemplaire de Nuñez del Cuvillo. La gestuelle est celle qu'on lui connaît mais il a ajouté un soupçon de verticalité et de rigidité. Technique quand il le faut, le Biterrois sait aussi se laisser aller et écouter la charge de son cornu pour proposer aux tendidos la meilleure des faenas possible. Deux oreilles encore méritées.

Sébastien Castella, toujours aussi émouvant (Photo Anthony Maurin).

Enfin, terminons par l'impressionnante alchimie finale. Un rabo viendra couronner le roi de l'arène. Deux oreilles et la queue de son jabonero de Cuvillo qui fera une vuelta posthume. Une peinture que Castella n'a pas mis longtemps à reprendre à son compte et à corriger les légers défauts de couleur. Castella s'est abandonné à un toreo de verdad, de douceur, de sentiment. Sans étouffer son adversaire, il l'a montré au public tout en dévoilant sa véritable personnalité.

Retour aux sources avec une entame de faena pieds joints et dans le dos pour une série pleine d'allers-retours immobiles, incroyable. Le pire, c'est que le piéton rééditera l'exploit plus tard dans le combat, toujours immobile et dans les cornes, laissant passer et repasser ce toro bonbon. L'architecture de ce faenon était calculée mais Castella s'est laissé embarquer par le moment et a produit une véritable tauromachie de proximité sans vulgarité, olé.

Un peu de Champagne pour fêter sa sortie en triomphe et son ultime corrida réussie à Nîmes pour Juan Bautista (Photo Anthony Maurin).

(Photo Anthony Maurin).

Tour de piste posthume pour le Nuñez del Cuvillo, remerciements pour Castella (Photo Anthony Maurin).

Castella (Photo Anthony Maurin).

Anthony Maurin

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