NÎMES Le maestro El Rafi triomphe enfin dans ses arènes
Deuxième course du week-end et première corrida dans les arènes de Nîmes. Une corrida de Victoriano del Rio pour la confirmation d'alternative d'El Rafi (oreille et deux oreilles), Antonio Ferrera (oreille et silence) et la présentation de Juan Ortega (silence et silence).
C'était attendu, cela n'a pas eu lieu tout à fait comme prévu mais l'histoire demeure une belle histoire. El Rafi, natif de Nîmes, a pris son alternative la semaine passée à Arles, pas dans la cité des Antonin comme il l'avait espéré. Un contrat est un contrat et en avoir déjà deux alors qu'on n'a aucune expérience dans la catégorie oblige à ne pas faire la fine bouche. C'est ce que le jeune a fait avec brio. Son public, lui, s'était déplacé pour l'occasion arlésienne mais voulait le voir à la maison, là où le jeune maestro a grandi pour y confirmer son doctorat.
Victoriano del Rio avait été choisi pour cette soirée cliquante après une course de haute volée l'année dernière dans notre amphithéâtre romain. L'ordre de sorti des toros du jour. Impuesto, número 2 de 532 kgs (El Rafi); Casero, número 118 de 552 kgs (Ferrera) ; Enamorado, número 38 de 533 kgs (Ortega) ; Jabaleño, número 65 de 540 kgs (Ferrera) ; Dalia, número 93 de 550 kgs (Ortega) et Cantaor, número 73 de 554 kgs (El Rafi).
Originaires de Madrid et de souche Juan Pedro Domecq y Diez, les Victoriano del Rio n'ont pas réédité leur belle performance de septembre dernier. Manquant de caste, de relief, de bravoure et d'allegria, les toros du jour ne resteront pas dans les mémoires... Passons aux hommes.
El Rafi, donc, venait enfin toréer à Nîmes en tant que matador de toros et en profitait pour confirmer son doctorat. À l'issue de son premier duel, il coupera une oreille, celle du Nîmois qui ne lâche rien. Il faut dire qu'il avait brindé son toro à son grand-père, grand personnage des arènes, arenero depuis des lustres et immense monsieur qui a transmis sa passion au jeune aujourd'hui en piste. C'est beau. C'est ça la vie, une belle histoire, une histoire à laquelle les jeunes peuvent sans doute s'identifier.
Sur son second, le Nîmois ouvrira la porte des Consuls en coupant les deux oreilles de son opposant. On a retrouvé le Rafi aperçu à Arles la semaine passé lors des cinq dernières minutes de son combat. Là, il a tiré dix minutes pendant lesquelles il a enfin fait frémir les arènes. On sentait bien que le public n'attendait que ça mais c'est arrivé tard, très tard dans une corrida qui méritait mieux... El Rafi est tombé sur un toro de classe, le meilleur du lot envoyé et il en su en faire quelque chose. Deux oreilles, celles d'un Nîmois qui réussit à faire rêver sa ville, ça n'a pas de prix. Le matador peut enfin passer à autre chose, laisser toutes les polémiques derrière et avancer, sereinement.
Antonio Ferrera était quant à lui au cartel après sa belle saison nîmoise 2020. Il coupera lui aussi une oreille sur son premier. Face à ce noble collaborateur, le natif des Baléares s'essaie, sur deux séries, à une master class de passes à gauche. De plus, il avait réservé aux arènes une bien drôle de surprise. Après sa faena sobre mais pleine, il cherche l'endroit pour positionner le toro une dernière fois. Puis, il s'éloigne, loin, très loin. Son épée se lève et il se met à marcher tranquillement pour une mise à mort al encuentro assez réussie au vu de la difficulté.
Pour son deuxième duel, le chef de lidia entendra le silence frigorifiant des tendidos peu reconnaissants de sa toreria....Encore un bonheur de le voir sur le côté gauche, rythmé comme du papier à musique, cadencé comme un grand opéra classique. Hélas, son opposant ne lui donnera pas le relief espéré et cassera tout ce que le piéton entreprendra. Dommage en tout cas on a vu toréer, toréer vrai.
Juan Ortega est un nouveau venu à Nîmes mais on devrait le voir plus souvent ! Bon, pas comme il s'est montré lors de sa confirmation nîmoise. En effet, disons qu'on ne l'a que très peu vu. À peine aperçu en réalité. Son piquero ne doit pas y être pour rien car il a fracassé son premier toro. Un bicho qui avait de la tête, une corne droite surtout mais qui aurait pu servir. Le maestro laisse l'affaire se déliter, ne fait strictement rien. Étonnant quand on sait qu'il sort en triomphe partout où il passe depuis quelques mois !
Deuxième opposition et deuxième certitude pour Juan Ortega, il n'y est pas, vraiment pas ! Encore un silence entendu par le maestro mais que dire d'autre ? Pas grand chose... Il s'est un peu repris par rapport à ce qu'il a montré juste avant mais nous sommes encore loin des courbes qu'il sait habituellement tracer sur le sable brûlant. Décevant comme premier rendez-vous mais gageons que nous le reverrons sous son meilleur profil. Les maestros sont des hommes, seulement des hommes.