NÎMES Vers une nouvelle stratégie pour lutter contre la délinquance juvénile
Le Conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance est enfin signé. Il fixe le cap de la politique de sécurité de la Ville jusqu'en 2024.
En présence de Jean-Paul Fournier, maire de Nîmes, de Marie-Françoise Lecaillon, préfète du Gard, d'Amal Couvreur, vice-présidente du conseil départementale du Gard, d'Éric Maurel, procureur de la République à Nîmes, et de Philippe Maheu, directeur académique des services de l’Éducation nationale du Gard, la stratégie territoriale de sécurité et de prévention de la délinquance rassemble enfin tous les acteurs institutionnels et associatifs compétents.
Entre 2021 et 2024, quatre axes principaux vont irriguer cette stratégie. L'attention et la prévention du basculement des plus jeunes dans la délinquance, la prise en compte accrue des plus vulnérables, l'intégration élargie de la population dans la prévention et la lutte contre la délinquance et, pour finir, le renforcement de la gouvernance (et le rôle du maire) avec la création de moyens financiers supplémentaires.
Adoptée en conseil municipal de Nîmes le 10 avril dernier, la stratégie territoriale de sécurité et de prévention de la délinquance rassemble donc les polices nationale et municipale, la préfecture, les instances judiciaires, mais aussi les bailleurs sociaux et les représentants de l’Éducation nationale et des transports. Tout cela pourquoi ? Le but du jeu est de tirer dans la même direction pour atteindre des objectifs qui offriraient des réponses en adéquation pour lutter contre une délinquance évolutive.
Inquiétante délinquance juvénile
Pour le maire de Nîmes, Jean-Paul Fournier, "la gestion de la sécurité à Nîmes est un enjeu majeur pour nous. La première réunion - il y en aura d'autres pendant trois ans - vient de se terminer et nous sommes heureux de cette synergie." Environ 600 mineurs étaient impliqués en 2019 dans des faits délictueux contre 800 en 2015. Mais le travail doit continue. En effet, une centaine de dossiers est encore suivie par le coordonnateur du Conseil pour les droits et les devoirs des familles...
"C'est un outil de responsabilité collective et partagée. Des éléments forts ont été mis en exergue lors de cette première réunion. Le paysage et les enjeux évoluent, nous avons besoin de nous rencontrer pour en parler mais cette politique produits déjà des effets positifs", note quant à lui Éric Maurel. La Ville accueille aussi 15 et bientôt 20 personnes condamnées à des travaux d'intérêt général par an. Dans le même temps, des policiers municipaux vont au sein des classes de CM1 et CM2 pour les sensibiliser aux sécurités.
Des caméras et des réunions
"Il est important de signer cette stratégie même si on ne part pas de rien, souligne la préfète Marie-Françoise Lecaillon. Ce sujet nous oblige tous. Nous devons continuer et évaluer notre stratégie en réajustant, si besoin, nos domaines d'intervention. Je me réjouis de cette signature car ce domaine impose une lutte partenariale." À Nîmes, deuxième ville de France en la matière, le réseau des caméras de vidéosurveillance est doté de 446 yeux électroniques qui "résolvent" de nombreuses affaires chaque jour.
Amal Couvreur est elle aussi heureuse de participer à cette nouveauté. "Même si le Département n'est pas dans sa pleine compétence il participe quand même à cette stratégie car on ne peut pas opposer prévention et sécurité. Nous restons dans notre rôle et durant mes longues années d'assistante sociale je n'ai jamais vu un parent heureux de voir son enfant devenir un délinquant..."
Hélas, 13 000 constatations de délinquance avaient été enregistrées en 2019 et le nombre d'interpellation a augmenté de 46 % lors des cinq dernières années. Ainsi, le taux de criminalité (rapport entre le nombre de crimes et délits constatés par la olice nationale et le nombre d'habitants de la ville, NDLR) est en baisse passant de 110,60/1000 en 2010 à 85,2/1000 en 2019.
Pour Philippe Maheu, "l'Éducation nationale est fortement impliquée dans ce contrat. Nous travaillons tous de concert, de manière horizontale car le Gard est un des départements les plus pauvres de France. Cela fait partie des problématiques qui y sont liées. Notre protocole nous permet de nous évaluer régulièrement. On pourra aussi adapter notre tactique."
Richard Schieven, adjoint à la sécurité à Nîmes, espère. "Il était temps ! Nous devions signer cette stratégie le 14 septembre dernier mais avec les intempéries... Là, nous pouvons mettre toutes nos compétence à contribution." Directeur départemental de la sécurité publique, Jean-Pierre Sola se "réjouis de cette excellente coopération, y compris sur le terrain avec la police municipale de Nîmes". C'est la délinquance sur la voie publique qui augmente en ville alors qu'elle avait diminué depuis 2015. Les vols avec violence continuent à décroître depuis 2016 tout comme les cambriolages et les vols de véhicules. Autre sujet sensible, l'augmentation depuis deux ans des atteintes volontaires à l'intégrité physique.