Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 30.11.2019 - anthony-maurin - 5 min  - vu 1089 fois

SAMEDI TOROS "Comment apprendre à toréer", par Christian Le Sur

Christian Le Sur (Photo DR).

Christian Lesur, président-fondateur du Centre français de tauromachie et Joselito lui dédicaçant son ouvrage en 2013 (Photo Archives OG). • Picasa

Dixième matador de toros français, le Nîmois et professeur-fondateur du Centre français de tauromachie, Christian Le Sur, sort le livre " Cours de tauromachie " pour devenir novillero sans picador ou plus simplement pour approfondir ses connaissances de la tauromachie. Interview.

Objectif Gard : Qui est Christian Le Sur et comment lui est-il venue l'idée de se lancer dans les toros alors que personne n'y allait ?

Christian Le Sur : Je suis un Nîmois qui a été piqué par le guzanillo alors que je devais être en CM2. Nous étions dans la cour de Daudet et un certain Bernard Domb, devenu depuis Simon Casas, m'a donné envie de toréer. Comme mon grand-père avait un mas à Caissargues, on allait aux arènes qui n'étaient alors qu'un bouaou fait en traverses de chemin de fer. On rencontrait le père de Robert Pilès qui disait que je ressemblais à Chamaco, mais j'étais souvent seul...

Vous faisiez tout pour devenir torero et assouvir votre rêve ?

Avec un collègue, on lisait une encyclopédie sur l'estribo (marche-pied) des barrières tout en tentant de reproduire les gestes lus auparavant. Devant mon premier veau j'avais monté sur un bâton un sac de pommes de terre en guise de muleta ! Le veau m'a tourné autour, de près, il s'est enroulé autour de moi et j'ai aimé cette sensation. J'ai continué avec des toros piscines et des ferrades avec Jaquito, Jacky Brunet, entre autres. Nous n'avons jamais toréé au clair de lune, cela n'existait pas mais je suis contre.

Et le rêve est devenu réalité...

J'ai pris l'alternative et c'était pour moi un point final. C'était ma passion, je l'avais dit à mes parents et je me suis arrêté là. Aussi à la demande du public mais j'avais acquis l'honneur de devenir matador de toros. En plus et pour ne rien gâcher à l'affaire, j'étais devenu matador de toros sans payer et grâce à Antonio Ordoñez ! Pour me sevrer, je n'ai plus vu de corrida pendant un an.

Comment s'est passé votre retour et la création de votre école taurine ?

Ce sont les frères Layalle (Alain et Yves), qui tenaient un video-club à l'emplacement du Cheval Blanc, en face des arènes de Nîmes, qui m'ont en premier parlé de créer une école taurine. Croisé dans la rue, André Floutier, "Fritero", un picador nîmois, m'a dit qu'il me l'interdisait avant de saluer mon geste plus tardivement. Je ne sais pas pourquoi il ne voulait pas d'une école taurine à Nîmes... On dit une école, mais au début c'était plutôt des happenings, des entraînements dirigés !

Qui était là ? Comment les entraînements se déroulaient-ils ?

Il y avait Denis Loré, Gilles Raoux, Teissier, Durand... Un jour où il faisait particulièrement froid, nous sommes allés dans la loge du concierge. J'expliquais le vocabulaire espagnol et taurin car il n'y avait ni Internet, ni smartphone ni même de vidéo. Je ramenais d'Espagne quelques bandes, les Layalle en louaient aussi dans leur magasin mais j'apportais les jours d'entraînement une énorme télévision avec un magnétoscope tout aussi impressionnant. C'était tous les samedis et nous avons commencé ainsi !

Denis Loré lors de sa despedida en 2007 (Photo Archives Anthony Maurin).

Vous a-t-on aidé dans cette aventure ?

De la loge nous sommes partis dans un endroit plus confortable, au-dessus du bar des Trois Maures. J'y avais un tableau noir et j'ai pu commencer à structurer mes cours. Jean-Louis Lopez (décédé il y a quelques semaines, NDLR) était aussi parmi nous et il m'encourageait dans cette démarche. Bernard Durand, alors adjoint du maire, Jean Bousquet, m'a conseillé d'aller voir Suzy Portal qui travaillait dans les services de la mairie. Avec elle nous avons fait le premier polycopié avec une couverture couleur fuchsia et tête de toro, c'était en 1983.

Et après ?

Les années suivantes, j'ai amplifié mes notes et j'ai relié à nouveau mes cours dans une édition beige où il avait des âneries... J'espère qu'il y en aura moins sur celui que je sors aujourd'hui ! Depuis, je n'avais rien édité. Pendant 30 ans, je n'ai eu de cesse de remettre à jour ce que je faisais et, il y a deux ans, mon épouse m'a dit qu'il fallait en faire un livre. En trente ans, j'ai suivi quelques cours de Droit et j'ai appris à structurer un peu mieux mes cours. Attention, je ne sors que le Tome 1 !

Il y aura donc un second tome ?

Oui, le tome 2 portera, si je peux finir de l'écrire et l'éditer, sur le toro et sur sa connaissance générale. Pour le Tome 1 je parle du torero, de la manière de tenir les trastos, de se placer à la pique, de la technique et de beaucoup de choses... Mais il faut pratiquer. Je ne fais, dans ce Tome 1, qu'un cour théorique.

Le Centre français de tauromachie est une institution. Comment fait-on pour apprendre la tauromachie ?

Julien Miletto, Swan Soto, Luisito... sont passé par le CFT. En 36 ans, nous dépassons les 1 000 inscriptions avec un pic à la fin des années 1980 et au début des années 1990 quand toutes les stars de la tauromachie venaient à Nîmes. Aujourd'hui, le samedi, il y a une dizaine d'élèves et trois professeurs car tout est bien encadré. La tauromachie ne se satisfait pas de la médiocrité. Je le dis toujours mais nous apprenons à dessiner et à mélanger les couleurs. L'artiste, lui, fera ce qu'il voudra avec les pinceaux ! L'essentiel c'est d'avoir une bonne technique mais aussi et surtout de faire ressortir sa personnalité.

Entraînement au CFT avec Christian Le Sur (Photo DR).

Ce petit livre rouge pourrait-il susciter des vocations ? Pour qui est-il fait ?

J'espère susciter quelques vocations, en tout cas j'en suis partisan. J'aimerais, grâce à cet ouvrage, au moins entretenir l'aficion. La tauromachie est un spectacle vivant où il y a la mort. On y voit de l'art, de la beauté, de la pureté et on doit faire abstraction du danger pour se sublimer. L'idée était vraiment de faire un livre d'école, pas un roman. Je pense qu'il peut intéresser tout le monde, à tous les âges car c'est un bon point de départ pour approfondir la tauromachie. Disons 80 % aficionados, 20 % jeunes !

Disponible dans toutes les bonnes librairies. Sortie prévue le 6 décembre, 30 euros pour 12 chapitres et environ 170 pages. Suivre le CTF sur Facebook. L'intégralité du produit de la vente sera versé au bénéfice des élèves du CFT. Olé !

Anthony Maurin

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