UZÈS Le chef de la CGT Philippe Martinez chez Haribo, pour l’exemple
« Au delà du cas des salariés d’Haribo, nous à la CGT on aime bien vérifier la réalité du terrain, c’est la différence avec nos dirigeants » : le ton a été immédiatement donné par le secrétaire national de la CGT Philippe Martinez, au sortir de sa visite à l’usine Haribo d’Uzès ce matin.
C’est que le chef national du premier syndicat de l’usine uzétienne n’est pas venu pour grignoter des fraises Tagada, mais pour voir un site de production déjà passé par un référendum pour valider un plan de 110 suppressions d’emploi, dont la moitié dans la cité ducale.
Référendum ? « Gros chantage à l’emploi »
C’était en juin 2016, et il avait vu les salariés se prononcer à 70 % pour le plan de la direction, passant ainsi par dessus la CGT, fermement opposée mais minoritaire à l'échelle du groupe France à l’époque, et la CFDT. « J’ai constaté ici comme sur d’autres sites une anticipation des lois travail numéro 1 et XXL, qui vise à donner l’impression qu’on donne la parole aux salariés, affirme Philippe Martinez. Mais quand on vous dit que c’est soit accepter de mauvaises conditions de travail et la flexibilité soit on ferme, le débat est pipé. » Et le secrétaire national de la CGT d’ajouter que la direction avait confondu « référendum et chantage. »
« C’était un gros chantage à l’emploi », affirme sans ambages le délégué syndical CGT de l’usine Guillaume Brante, qui rappelle qu’Haribo, notamment sa division France, se porte bien, ce qui ne l’a pas empêchée de mettre en place un « plan de compétitivité. » « Et aujourd’hui, ils n’auront même plus besoin de faire un référendum pour fermer l’usine, puisque les difficultés ne se jugeront plus au groupe, mais au territoire », poursuit le cégétiste, faisant référence à une des mesures contenues dans les fameuses ordonnances, qui revoit le périmètre du licenciement économique. Dans le cas d’une multinationale, les difficultés économiques ne seront plus appréciées l’échelle du groupe, mais seulement à la santé de ses installations situées en France. Une porte ouverte aux faillites organisées, pestent les opposants.
Le 12 septembre en ligne de mire
De quoi rajouter à l’inquiétude des salariés quant à l’avenir d’Haribo à Uzès : « le plan de compétitivité court jusqu’à 2020, et la direction est incapable de nous dire ce qui se passera après, on craint la fermeture d’un site entre Uzès et Marseille », explique Guillaume Brante. « Demain si la loi passe, c’est la remise en cause d’absolument tout, alors il vaut mieux avoir un syndicat costaud, qui s’appuie sur des exemples concrets », appuie Philippe Martinez. « On est sur le terrain pour pouvoir illustrer au mieux les combats que porte la CGT, on vient rencontrer les premiers concernés pour être dans le concret », souligne le secrétaire départemental de la CGT Simon Gevaudan.
Les salariés, mais pas la direction : « ils n’ont pas voulu, ils n’ont pas assez de courage pour ça », grince Guillaume Brante. Pourtant, la CGT est ultra majoritaire à l’usine d’Uzès : l’élection de mai dernier a vu le syndicat rafler dix des douze élus, et éjecter FO et la CFDT. « C’est la première fois que ça arrive, ça prouve que le travail fait sur le terrain est reconnu, se félicite le délégué syndical. Mais c’est un combat de tous les jours, les pressions montent crescendo. »
En attendant, la CGT prépare la journée de mobilisation nationale du 12 septembre, « quinze jours après les retours de congés, ce qui est suffisamment exceptionnel pour être souligné », note Philippe Martinez, qui revendique « déjà 160 lieux de manifestations en France métropolitaine. » Et avant de partir vers Nîmes où il avait rendez-vous avec les cheminots, Philippe Martinez a annoncé que la CGT avait « d’ores et déjà décidé d’une nouvelle journée d’action » le 21 septembre.
Thierry ALLARD