UZÈS Une grande famille de Roms cherche une solution de relogement
Depuis 2013, une famille de Roms est installée au pied d'une ancienne briqueterie, à proximité de la zone du Mas de Mèze. Aujourd'hui, quatre générations, soit une petite trentaine de personnes, cohabitent dans ce campement précaire où s'imbriquent caravanes et extensions. Tous doivent trouver une solution de logement puisque des travaux vont être menés pour élargir la zone industrielle et pour faire passer la déviation.
Quand ils sont arrivés au pied de cette friche industrielle en 2013, il n'y avait rien. Au fil des ans, la famille a réussi à aménager un camp lui offrant un confort minimum. Même s'il faut encore aller chercher l'eau dans des bidons là où ils peuvent, pour se laver, cuisiner, faire les machines... Ils stockent du mobilier de récupération et des matériaux dans le bâtiment en attendant une situation plus stable.
Cette grande famille se divise en plusieurs foyers. Tous font des demandes de logement depuis au moins 2016. "Il y a sept appartements à trouver, déjà deux le sont", atteste Djamel Haddouche du RESF (Réseau éducation sans frontières). L'association alarme sur le devenir des autres membres de la famille qui vivent encore dans les caravanes. L'inquiétude commence à monter puisque des travaux de déconstruction de l'ancienne briqueterie ont commencé.
"Les enfants ont peur d'aller à l'école car ils craignent qu'en rentrant, il n'y ait plus rien"
Nicolas, un des fils de la famille, explique : "On ne s'oppose pas à partir mais on aimerait rester à Uzès et alentours. Quitte à avoir un logement où il faut faire des travaux, on les fera. À cause de notre situation, on a déjà eu beaucoup de mal à trouver un travail stable. On ne peut pas se permettre d'aller trop loin, de devoir trouver encore ailleurs." Plusieurs enfants sont nés ici, cinq sont actuellement scolarisés à Uzès. "Les enfants ont peur d'aller à l'école car ils craignent qu'en rentrant, il n'y ait plus rien, que nous ne soyons plus là. C'est dur d'entendre cela", souffle Larisa.
Certains se cachent dès qu'ils voient les véhicules de police et de gendarmerie arriver. "Il faut qu'ils puissent avoir un endroit où les enfants se sentent en sécurité", insiste Djamel Haddouche. Nous avons contacté Jean-Luc Chapon, maire d'Uzès et aussi vice-président délégué à l'Économie à la CCPU (Communauté de communes Pays d'Uzès), qui est à l'origine des travaux sur la friche. L'édile ne veut plus que cette famille continue d'occuper les lieux illégalement : "Ils sont arrivés au départ, ils étaient six. Maintenant, ils sont 28. Ils ne paient pas l'eau, ils se branchent directement au pylone Enedis pour avoir l'électricité. C'est dangereux. Faut voir l'état des fils électriques, qui traînent de partout, qui vont de caravane en caravane." Le maire compte prendre un arrêté de péril d'ici quelques jours "pour se couvrir".
Une demande d'expulsion après la trève hivernale
Il confirme avoir trouvé deux appartements sociaux il y a deux ans mais s'est aperçu qu'ils n'étaient pas occupés jusqu'à très récemment : "On leur a demandé d'y aller. Même si eux préfèrent vivre en famille. Ils ont des poules, des chats, des chiens... Certains ont des emplois mais le mot "intégration", ils le connaissent mal." Jean-Luc Chapon s'engage à continuer la recherche de logements "mais s'ils n'y vont pas, je demanderai à Mme la préfète de trouver des logements ailleurs pour qu'ils vivent décemment." Il les invite à chercher aussi de leur côté.
Au-delà des travaux sur l'ancienne briqueterie, le Département va aussi devoir acheter du terrain pour la création de la déviation qui passera à cet endroit. "Je laisse passer la trève hivernale mais au printemps, je fais le nécessaire pour qu'ils évacuent la zone. Je formulerai une demande d'expulsion qui devra être validée par l'État", conclut Jean-Luc Chapon.