ALÈS Tony Gatlif présente son dernier film "Géronimo" devant une salle comble
Dans le cadre du festival Ciné été d'Alès, Tony Gatlif a présenté hier soir en avant-première son film "Géronimo", projeté à Cannes en mai dernier. Un hommage aux femmes et aux éducateurs qui se veut une nouvelle fois engagé. Rencontre.
Objectif Gard : Dans "Géronimo", une jeune femme d'origine turque s'enfuit avec l'homme qu'elle aime, un gitan, alors qu'elle était contrainte à un mariage forcé. Va s'en suivre une guerre de clan dans lequel va tenter d'intervenir une jeune éducatrice. Comment est venue l'idée de ce film?
Tony Gatlif : J'avais envie de parler de notre époque et de ses difficultés. Comment ces jeunes en sont arrivés là? Ils ont été abandonnés de toute part et dès qu'il y a une brêche, certains la prennent même si elle est néfaste. C'est le cas du personnage de Fazil, qui veut tuer sa sœur pour laver l'honneur de sa famille. Mon objectif est que les spectateurs comprennent ce jeune. Si c'est le cas, j'aurais gagné.
O.G : Le personnage principal du film est pourtant Géronimo, l'éducatrice, pourquoi ce choix?
T.G : C'est une femme qui vient en aide à une autre femme, Nil, qui s'est enfuit et que son frère veut tuer. Géronimo donne son temps, sa vie, c'est comme si elle était rentrée aux ordres de sa mission, aider ces jeunes. Ce film est un hommage aux femmes et aux éducateurs.
O.G : Pourquoi l'avoir nommée Géronimo?
T.G : Géronimo était un combattant apache pour le droit des amérindiens au Mexique et aux Etats-Unis. Son nom évoque le mythe de la révolte, de la bravoure, de la force. C'est exactement ce qu'est le personnage. Il y a très peu de gens comme elle.
O.G : La culture méditerranéenne, les gitans, le combat pour liberté sont des thèmes récurrents dans vos films. Une manière de faire vivre vos origines, kabyles d'un côté, et gitanes de l'autre?
T.G : Oui absolument. Je ne peux pas faire de films sans parler de mes origines, c'est ce que je connais le mieux. Ceci dit, dans le film, le clan Lucky aurait tout aussi bien pu être espagnol. On ne met pas en avant le fait qu'ils soient gitans.
O.G : Vous signez un film de grande qualité, salué par critique. Avez-vous toutefois quelques craintes, deux mois avant sa sortie en octobre?
T.G : Je parle de ce dont j'ai envie de parler. Je fais mon travail. On a été au Japon et au Brésil avec ce film, et il a été très bien accueilli. C'est un long-métrage humain qui rassemble, qui parle à beaucoup de monde. Je n'ai pas voulu mettre en exergue la violence pour la vendre. J'ai essayé de la comprendre.
O.G : Après Cannes, pourquoi avoir choisi Alès pour cette première avant-première dans la région?
T.G : Je suis né à Alès comme cinéaste il y a 30 ans avec "Prince" qui a fait le tour de la région. Je viens ici chaque année, j'y connais beaucoup de monde.
Propos reccueillis par Eloïse Levesque
Sortie nationale le 15 octobre.
Avant-première à Nîmes le 16 septembre prochain.
Lire aussi :
Alès : le 2e festival ciné-d'été prend ses quartiers jusqu'au 29 août