Située dans la galerie marchande de l’Intermarché des Allemandes, la très fréquentée brasserie Le d’Artagnan était habituée à servir plus d’une centaine de repas chaque midi. Fermé depuis fin octobre jusqu’au 20 janvier prochain au minimum, l’établissement, porté par deux cogérantes dynamiques, joue sa survie en abattant la carte du restaurant ambulant.

Soraya Messeleka, cogérante de la brasserie Le d’Artagnan avec Dorothée Pascal, « abandonnée » par son assureur qui ne la prend même plus au téléphone, est entrée en résistance depuis plusieurs mois. Après la fermeture de son restaurant suite aux annonces du Président Macron fin octobre, la jeune femme, habituée à servir près de 150 repas chaque midi lorsque le coronavirus n’était pas encore d’actualité, s’est adaptée en passant, comme bon nombre de ses amis commerçants, à la vente à emporter. Bien que ses plats faits maison continuent de séduire sa clientèle de fidèles, ils ne permettent en aucun cas de maintenir le cap.

Si son équipe d’une demi-douzaine d’employés a été entièrement placée en chômage partiel, les banquiers resserrent leur étreinte. Alors, « pour ne pas se laisser abattre et rester positive », Soraya Messeleka lance son nouveau projet de restaurant ambulant : « Pour nous le principal c’est vraiment de se sauver, car on a des loyers à payer, des factures et des crédits. Alors plutôt que d’attendre sans rien faire... On s’est même lancées dans la confection de sushis, c’est quelque chose qu’on ne savait pas faire. On a suivi des formations et maintenant on sait faire. » Et de poursuivre : « Il y a une vraie entraide et une solidarité entre les restaurateurs alésiens. On est des résistants. »

20 000 flyers distribués

Ainsi, après s’être dotée d’une fourgonnette et avec l’aide précieuse d’un ami, Julien Laigle, gérant d’Ice Monkey dans le centre-ville d’Alès, la patronne du d’Artagnan prendra dès ce soir la route autour d’Alès pour servir ses plats cuisinés : du couscous pour tous les goûts, royal, au poulet, à l’agneau ou végétarien, mais aussi de la rouille sétoise, de la paëlla et désormais des sushis. « On compte beaucoup sur cette formule. On a fait plus de 20 000 flyers aussitôt distribués pendant plus d’une semaine », ajoute la jeune femme qui s’installera chaque vendredi dès 18 heures sur le parking du parc à la Jasse de Bernard, avant de filer à Saint-Hilaire-de-Brethmas, place de l’église (18h30), puis à Méjannes-les-Alès sur le parking de l’auberge des Voutins (19h), avant d’achever la tournée à Mons, devant la pharmacie.

« On a ciblé ces villages car Uber Eats ne s’y déplace pas donc il y a un vrai potentiel », corrobore Julien Laigle, pleinement investi dans l’affaire. Afin de toucher d’autres communes du bassin, le parcours sera modifié le samedi (voir ci-dessous). Aussi, à l’approche des fêtes de fin d’année, les cogérantes de la brasserie, qui ne manquent pas d’idées, ont prévu l’élaboration d’un foie gras fait maison et la confection de colis de Noël à destination des entreprises.

Corentin Migoule

Tournée du samedi : Saint-Julien-les-Rosiers, parking du tabac (18h), Rousson, parking de la mairie (18h30), Salindres, parking de la mairie (19h), Saint-Privat-des-Vieux, parking du parc (19h30). Réservations conseillées au 04.66.30.26.88 ou au 06.62.89.39.04.