Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 16.10.2022 - marie-meunier - 4 min  - vu 1443 fois

BAGNOLS/CÈZE Diagnostic, traitement, reconstruction : le cancer du sein intégralement pris en charge au centre hospitalier

Alexandra Thibaut, infirmière à la clinique du sein du centre hospitalier de Bagnols-sur-Cèze, et la chirurgienne, Elena Dajbog. (Marie Meunier / Objectif Gard)

Ce mardi 18 octobre, le centre hospitalier de Bagnols-sur-Cèze se mettra aux couleurs d'Octobre rose. De 10h à 16h, plusieurs stands d'information seront installés dans le hall. Dans l'établissement, le cancer du sein est pris en charge à travers un parcours complet jusqu'à la reconstruction mammaire. Le Dr Elena Dajbog, chirurgienne à la clinique du sein, en dit plus.

Le principal message que la chirurgienne veut faire passer en ce mois d'Octobre rose, c'est de se faire dépister au moindre doute. Et si certaines femmes laissent traîner plus longtemps, "ce n'est pas pour autant qu'elles n'ont pas le droit aux soins. On n'est pas là pour juger, mais pour soigner. C'est pas parce que la tumeur est grosse qu'on ne peut rien faire", assure-t-elle.

La clinique du sein du centre hospitalier bagnolais prend en charge une centaine de patientes par an, dont 60-70 nouveaux cancers. L'équipe offre un suivi intégral. Il y a le diagnostic, la venue d'oncologue-sénologue pour définir le traitement personnalisé et la chirurgie. Cette chirurgie conservatrice ou mastectomie peut être accompagnée "de l'ablation du ganglion sentinelle", indique Dr Elena Dajbog. C'est-à-dire enlever le ganglion se trouvant le plus près de la tumeur pour vérifier s'il contient ou non des cellules cancéreuses. Si ce ganglion-là est sain, cela veut dire les cellules cancéreuses ne se sont pas propagées à l'ensemble des ganglions lymphatiques de l'aisselle (principale partie du corps où s'étend le cancer du sein, NDLR) et cela évite donc de recourir au curage axillaire. Car cette intervention peut avoir des effets secondaires ou des complications, comme l'effet "gros bras".

Depuis novembre 2021, la chirurgienne bagnolaise pratique une nouvelle technique pour trouver ce ganglion sentinelle : c'est la détection ICG. "On injecte une substance qui migre vers le ganglion que nous enlevons. Cette substance est verte fluorescente, on le voit très bien avec notre caméra", assure-t-elle. Elle utilise cette méthode ou une technique plus ancienne avec un produit radioactif, "c'est très complémentaire".

Recréer l'aréole du sein grâce au tatouage

Dans les parcours des patientes vient ensuite la reconstruction mammaire. Dr Elena Dajbog la pratique depuis huit ans. Cela peut être une mastectomie avec reconstruction immédiate (où on conserve la peau qui sert d'étui à une prothèse, à un lambeau musculaire) : "Au moins, les femmes sortent de l'hôpital avec un sein même si ce n'est pas le plus beau du monde." Dans un second temps, il y a aussi le lipomodelage qui consiste à prélever des tissus adipeux et à les réinjecter au niveau du sein pour qu'il ait un aspect le plus naturel possible.

Toujours dans cette volonté esthétique, la chirurgienne et son infirmière, Alexandra Thibaut, ont même passé une formation de quatre jours à Marseille en janvier pour recréer des aréoles avec la technique de la dermopigmentation. En langage commun : grâce au tatouage. Cela peut être fait dès que la cicatrisation est acquise et que la chimio et la radiothérapie sont terminées. C'est une alternative à la greffe de peau, prélevée au niveau du périnée, pendant une opération. "Le tatouage médical peut faire moins peur qu'un nouveau passage au bloc opératoire", avance le Dr Dajbog, qui le propose à l'hôpital de Bagnols depuis un mois. Elle utilise des pigments spécifiques, différents de ceux des tatoueurs. Par contre, il n'y aura pas la protubérance du mamelon mais l'illusion dans le miroir est très réaliste.

Depuis dix ans, les patientes échangent et se soutiennent dans le groupe "Rester femme"

Lors d'une première séance, l'équipe détermine avec la patiente ses attentes, l'emplacement de l'aréole, la couleur du pigment... "Si on recrée entièrement l'aréole, il faut deux séances au minimum d'environ 1h chacune", estime Alexandra Thibaut. Pour elle, il est important "de pouvoir apporter cette touche finale pour se sentir féminine jusqu'au bout des seins, pour qu'elles se retrouvent en tant que femme après avoir vécu des périodes difficiles."

Dans la même démarche, l'équipe de la clinique du sein anime depuis 2012 un groupe de soutien et d'échange intitulé "Rester femme". Régulièrement, des femmes au début, en cours ou en fin de traitement s'y réunissent pour échanger, s'encourager, partager leur expérience... La prochaine réunion a lieu ce mardi 18 octobre, à 16h30, autour du thème "Prendre soin de soi pendant la maladie". Un prothésiste capillaire avignonnais viendra expliquer aux participantes comment couper, entretenir leur perruque, et une esthéticienne leur expliquera comment se mettre en valeur, se maquiller, s'habiller... "Il n'est pas facile d'avoir confiance en soi, surtout après une mastectomie", conclut Elena Dajbog.

Marie Meunier

Le centre hospitalier de Bagnols-sur-Cèze participe à la campagne de dépistage du cancer du sein Octobre rose ce mardi 18 octobre. La Ligue contre le cancer et le Centre régional de coordination des dépistages des cancers d'Occitanie tiendront un stand dans le hall de l'établissement. Sera également présente : Naïs Peyrin-Voland, manipulatrice radio au centre hospitalier et photographe, qui exposera ses photos en noir et blanc de patientes. Les résidents de l'Ehpad des 7 sources se sont chargés de la décoration du hall et les participants de l'atelier "Histoire et création" de Saint-Laurent-des-Arbres offriront des marque-pages aux patientes du groupe "Rester femme". 

Marie Meunier

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