FAIT DU SOIR Sondage exclusif Municipales : au second tour, la Gauche l'emporte sur le fil, le RN en embuscade

Au second tour, la liste d'union de la Gauche menée par Vincent Bouget l'emporterait d'une courte tête, selon notre sondage Opinion Way/Objectif Gard. En embuscade derrière lui, le Rassemblement national enregistre un score historique. Enfin, la Droite, d'autant plus si elle est divisée, perdrait son bastion qu'elle gère depuis 2001.
Va-t-on assister, l'an prochain à Nîmes, à un grand chamboulement politique ? En partenariat avec l'institut Opinion Way, Objectif Gard a commandé un sondage sur les intentions de vote du second tour* des municipales 2026. Si la Gauche semble l'emporter d'une courte tête, le Rassemblement national enregistre un score jamais atteint. La Droite et le Centre, qui ont géré la ville ces dernières années, sont donnés perdants, d'autant plus en cas de division. Au vu des scores serrés, rien n'est joué. À Nîmes, la campagne des municipales n'aura jamais été aussi décisive.
La Gauche l'emporte sur le fil mais...
Selon nos premiers résultats, assez serrés, la liste de la Gauche unie, conduite par Vincent Bouget, l'emporte sur le fil avec 33 % dans le cas où la Droite est divisée et 37 % en triangulaire. Ce résultat marque une progression électorale significative pour le communiste qui, rappelons-le, n'est pas officiellement candidat. En 2020, sa liste Nîmes citoyenne à gauche avait enregistré 26 %, sans le ralliement officiel des socialistes et écologistes s’étant unis au premier tour au candidat écologiste Daniel Richard.
Sur le terrain, le Nîmois suscite la confiance des électeurs. Vincent Bouget apparaît, pour l'heure, comme le plus rassembleur. Des moins de 40 ans aux 55 ans et plus, le professeur d'histoire-géographie de 45 ans séduit pratiquement toutes les tranches d'âge et jouit même d'une popularité particulière auprès de l'électorat féminin. Avec les marges d'erreur des sondages (entre 1 % et 4 %), son score n’est pas une prédiction. Vincent Bouget présente toutefois quelques points faibles chez les personnes âgées de 65 ans qui ont plutôt le cœur à Droite. Faiblesse aussi, et c’est plus surprenant, chez les CSP- (ouvriers, agriculteurs…) qui votent plutôt pour le Rassemblement national.

... Le RN en capacité de l’emporter ?
Avec 30 % en cas de division de la Droite et du Centre et 33 % dans le cadre d'une triangulaire, le candidat Yoann Gillet performe. En 2020, la crise sanitaire avait démobilisé ses électeurs : 13 % contre 24 % en 2014. Aujourd’hui, le député de la 1ʳᵉ circonscription se place derrière son rival de gauche. Yoann Gillet est assez populaire auprès des CSP -, mais aussi des inactifs, des moins de 40 ans ainsi que des personnes âgées. Comment s'explique sa percée ? D’abord en raison de la croissance électorale du RN au niveau national, même si ce sondage a été réalisé avant la condamnation en première instance de Marine Le Pen**. Puis, suite aux municipales 2014, le RN a montré qu’il était capable de diriger des exécutifs locaux comme à Beaucaire, Perpignan ou Béziers. Enfin, Yoann Gillet a choisi depuis plusieurs années de s’implanter durablement dans la cité des Antonin. Le scrutin de 2026 marquera-t-il la victoire de l’extrême-droite dans des villes moyennes, comme Nîmes ? Le RN trouvera-t-il les réserves de voix nécessaires à sa victoire ? C'est l'enjeu des Municipales 2026 qui est posé aujourd'hui. L’état-major RN étant conscient que sa victoire à l'Élysée passera par les territoires.
Divisée, la droite et le centre donnés perdants
Enfin, Les Républicains auront fort à faire s'ils veulent conserver la plus grande ville qu’ils dirigent. Dans l'hypothèse où la candidate de la majorité présidentielle, Valérie Rouverand, se maintient au second tour, le candidat Les Républicains Franck Proust part au casse-pipe, récoltant 22 % des suffrages et 15 % pour Valérie Rouverand. Ces deux acteurs de la vie publique vont-ils jouer le remake de la division Bousquet/Lapierre, qui a conduit à la victoire de la Gauche, en 1995 ? Divisés, la Droite et le Centre peinent à créer la dynamique et à mobiliser les électeurs. En cas d'union, le président de Nîmes métropole arriverait quand même troisième avec 30 % des voix. Les électeurs, notamment les actifs de 40 à 54 ans ou de 55 à 64 ans, désirent un renouvellement de la classe politique, comme l'a montré notre sondage sur la popularité des politiques. En 2020, si le maire sortant Jean-Paul Fournier avait pu se passer d'une alliance avec le Centre, ce ne serait visiblement pas le cas de Franck Proust, candidat challenger. Gare donc au péché d'orgueil...
À un an des municipales, les écarts entre les suffrages sont encore faibles. L'électorat se cristallise autour de trois candidatures, ces fameux « trois blocs » que l'on retrouve à l'Assemblée nationale. Tout est donc encore possible. Le déroulé de la campagne, avec la présentation des listes et des projets, va éclaircir le paysage politique pour l'heure, bien assombri après le départ de Jean-Paul Fournier.
*Échantillon de 576 Nîmois inscrits sur les listes électorales, issu d’un échantillon de 841 personnes représentatif de la population nîmoise âgée de 18 ans et plus. Le sondage a été réalisé du 25 au 30 mars. Les résultats de ce sondage doivent être lus en tenant compte des marges d'incertitude : de 1,9 à 4,4 points au plus pour un échantillon de 500 répondants.
**Marine Le Pen ayant fait appel, elle est à nouveau présumée innocente dans l'affaire des assistants parlementaires européens.