Publié il y a 1 mois - Mise à jour le 24.09.2024 - Abdel Samari - 2 min  - vu 718 fois

ÉDITORIAL Est-ce qu'un ministre de l'Intérieur démissionnaire devrait dire cela ?

Gouvernement Barnier : Ceremonie

Gérald Darmanin quelques instants avant de quitter définitivement son poste de ministre de l'Intérieur

- Photo MaxPPP

Est-ce tabou de dire qu'il existe encore en France en 2024 une discrimination liée à un prénom ou un nom à consonance étrangère ?

Lors de la passation de pouvoirs hier lundi avec son successeur, le Républicain, Bruno Retailleau, Gérald Darmanin a mis en avant dans son discours d'adieu à Beauvau, ses origines familiales. "Double petit-fils d’immigré (...) Sans doute n’aurais-je pas été ministre de l’Intérieur du premier coup (...) Je m’appelle Gérald Moussa Jean Darmanin", a déclaré notamment l’ancien ministre de l’Intérieur, expliquant que son père a choisi le nom de Moussa, en hommage à son grand-père, tirailleur algérien qui a servi la France. Est-ce que ses propos sont graves ? Est-ce qu'ils font état d'un pays qui a encore du mal avec une partie de ses citoyens ? Est-ce tabou de dire qu'il existe encore en France en 2024 une discrimination liée à un prénom ou un nom à consonance étrangère ? Dans son étude publiée en février dernier, l'INSEE pointe le sexisme comme la première source de discrimination au travail. La deuxième cause de discrimination, est bien liée aux origines des travailleurs, immigrés et descendants. Dans son ensemble, près de 10% des personnes en emploi déclarent avoir subi des traitements inégalitaires ou des discriminations dans leur emploi actuel. 10% seulement. Gérald Darmanin met donc un coup de pied dans une fourmilière cachée sous le tapis ? "Il est assez évident, si nous sommes honnêtes, que si je m’étais appelé Moussa Darmanin, je n’aurais pas été élu maire et député, et sans doute n’aurais-je pas été ministre de l’Intérieur du premier coup." Ici à Nîmes, est-ce que l'on peut imaginer que le prochain maire en 2026 soit d'origine maghrébine ? Bien entendu. Est-ce qu'aujourd'hui un électeur regarde la couleur de peau ou les origines avant de voter ? L'orientation sexuelle ? Peut-être une frange de l'électorat d'extrême-droite qui se refusera à jamais à glisser un bulletin d'un Français qui n'est pas de "souche" ou "normale" comme ils disent. Mais tout le reste de la population n'a pas l'œil rivé sur l'ethnie ou la chambre à coucher des candidats. Et c'est heureux. Sinon, dans aucune ville de France, dans aucun département français, il n'y aurait d'élus issus de générations d'immigrés ou LGBT. La France de 2024 est multiculturelle. Elle est aussi tolérante et ouverte sur l'autre. La réalité est là : nous avons tous dans nos amis, dans nos familles, des proches de toutes les identités. C'est cela la France. Et même si l'ex-ministre de l'Intérieur semble en douter d'un seul coup. Il s'agit de sa part, peut-être, d'un simple excès de pessimisme, après quelques déconvenues politiques...

Abdel Samari

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